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NOTRE DAME DE PARIS
(D'après Paris,
450 dessins inédits d'après nature,
paru en 1890)
Interrompue dans toute la traversée du chœur, que surmontait autrefois le jubé, la clôture reprend du côté droit du choeur et remonte vers l'abside. Cette partie, moins ancienne XIVe siècle) que la première, n'en est pas moins d'une exécution très fine ; elle se compose de vingt-sept ogives trilobées, divisées en neuf sections, comprenant chacune un sujet sculpté en ronde bosse, séparées par des colonnettes à faisceaux, à chapiteaux feuillagés : 1° apparition de Jésus à Madeleine ; 2° apparition aux trois Maries ; 3° divers apôtres ; 4° Jésus et les disciples d'Emmaüs ; 5° apparition de Jésus aux apôtres ; 6° le Christ et saint Thomas ; 7° la pêche miraculeuse ; 8° nouvelle apparition aux apôtres ; 9° Allez et enseignez. En face le chœur, adossée au grand portail, s'élève une immense tribune, ouvrage du XIIIe siècle, qui sert de piédestal au grand orgue, construit par Cavaillé-Coll ; cet instrument, extraordinaire par ses dimensions comme par ses qualités artistiques, comprend cinq claviers à main et un clavier à pédales, outre de nombreuses pédales de combinaison ; il renferme 86 jeux, 5,246 tuyaux et 12 registres. Deux énormes piliers, formés par la réunion de nombreuses colonnes s'élevant d'un seul jet jusqu'à la maîtresse voûte à trente-cinq mètres au-dessus du sol, soutiennent chacun le poids d'un des angles de la tour et séparent le porche de l'entrée de la grande nef. Les chapelles latérales, en partant du collatéral de droite (côté sud) n'ont d'uniforme que les remplissages de la voûte, entre les
La première est la chapelle des âmes du purgatoire ; vient ensuite la chapelle Sainte-Geneviève ; la sainte y est représentée debout sur l'avant du vaisseau symbolique de la ville de Paris. La chapelle Saint-Joseph est ornée tous les ans, au mois de mars, de verdure et de fleurs pour fêter le saint patriarche, regardé comme le patron de la bonne mort. La chapelle Saint-Pierre, qui vient ensuite, a conservé sa boiserie ancienne, œuvre de la Renaissance, qui forme le soubassement et le lambris de l'autel et du confessionnal. Elle est en vieux chêne rehaussé de dorures ; une statue placée au-dessus du tabernacle représente saint Pierre tenant dans ses mains la croix et les clefs du paradis. Après la chapelle Sainte-Anne, ornée de vitraux composés par Didron, la chapelle du Sacré-Coeur précède le transept ; au fond de cette chapelle on a déposé l'image de la Sainte Face enfermée dans un cadre de cuivre doré donné par la Confrérie réparatrice. Du côté nord, à partir de la tour, les chapelles se succèdent dans l'ordre suivant : d'abord la chapelle des fonts baptismaux, dont la cuve, d'une dimension exceptionnelle, permet de baptiser quatre enfants à la fois. Le couvercle de la cuve est couronné par une remarquable statuette représentant saint Jean-Baptiste. Viennent ensuite les chapelles Saint-Charles ; de la Sainte-Enfance ; Saint-Vincent de Paul ; Saint-François-Xavier ; celle de Saint-Landry, qui vient ensuite, contient un tableau représentant la fondation de l'Hôtel-Dieu de Paris par le vénérable évêque ; enfin la chapelle Sainte-Clotilde est la dernière qui précède le croisillon du transept. Les chapelles absidales sont plus intéressantes peut-être que les chapelles des bas côtés, à cause des monuments qu'elles renferment. La première, au nord, c'est-à-dire à gauche du choeur, est la chapelle Saint-Marcel, qui renferme le mausolée en marbre du cardinal de Belloy, mort archevêque de Paris en 1808, qui assista le pape Pie VII au sacre de Napoléon Ier. En face, et adossé à la muraille, s'élève le monument de Mgr de Quélen, archevêque de Paris. On rencontre ensuite la chapelle Saint-Louis, décorée de couronnes royales sur un fond bleu fleurdelisé ; on y voit le monument de marbre du cardinal de Noailles, archevêque de Paris. La chapelle Saint-Germain renferme le monument de Mgr de Juigné, mort archevêque de Paris en 1811 ; la statue du prélat, oeuvre de Cavelier, est une des plus belles de la sculpture française. La chapelle Saint-Ferdinand, située près de la porte Rouge, possède le monument de Mgr de Beaumont, archevêque de Paris au XVIIIe siècle, célèbre par les colères qu'il souleva dans le camp des philosophes, dont Jean-Jacques Rousseau fut l'éloquent et fougueux interprète. Dans la chapelle Saint-Martin, on voit un médaillon en marbre blanc renfermant les portraits du maréchal de Guébriant et de sa femme, Renée de Bec-Crespin. Après une petite porte pratiquée dans la muraille et qui conduit aux galeries du chœur, le fond même de l'abside est occupé par la chapelle de la Compassion, entourée de stalles de chaque côté. Au-dessus du retable de l'autel, construit en pierre et orné de bas-reliefs sculptés, se tient debout Notre-Dame des Douleurs tenant dans sa main, recouverte d'un linge, la sainte couronne d'épines et les saints clous. Cet autel se dessine sur le magnifique vitrail qui lui sert de fond et représente dans son ensemble l'histoire de la Vierge ; il est signé Lusson et daté de 1855. A droite, sur un fond très riche, est conservée une fresque d'une haute ancienneté, car elle date de 1290 ; elle représente la Vierge assise et tenant l'enfant Jésus ; à sa droite, saint Denis, agenouillé et portant sa tête dans ses mains ; à gauche, l'archevêque Matifas de Bucy, donateur de l'œuvre, dont l'âme s'envole au-dessus de sa tête. Sept lampes d'un beau travail, offertes à la cathédrale par de
Après la chapelle de la Compassion commencent les chapelles absidales du midi. C'est d'abord la chapelle de Notre-Dame de la Compassion, appelée aussi le Petit Choeur ; on y retrouve l'archevêque Matifas de Bucy, sculpté en marbre blanc et couché sur son lit de mort ; à l'entrée, à droite, se dresse une colonne où se lit une inscription gothique rappelant le nom d'un des évêques de Paris dont on a découvert la sépulture en restaurant cette chapelle. Dans la chapelle Saint-Georges, une grande fresque, peinte par Steinheil, représente saint Georges combattant le dragon ; un triple vitrail retrace les épisodes principaux de la vie de saint Étienne, de saint Eustache et de saint Georges. C'est là que s'élève la statue en pierre de Mgr' Darboy, archevêque de Paris, sculptée par M. Bonassieu ; l'archevêque, en tombant sous les balles des fédérés, étend les mains pour bénir ses assassins. A gauche est la statue en marbre blanc de Mgr Morlot, archevêque de Paris, le prédécesseur immédiat de Mgr Darboy. La chapelle Saint-Guillaume, qui suit, est partagée en deux par un confessionnal double. A droite s'élève une belle statue de la Vierge, en marbre blanc, œuvre du sculpteur Adji, qui provient du couvent des Carmes à Rome. En face de la statue de la Vierge, se trouve le monument du comte d'Harcourt, lieutenant général, mort en 1769 ; il est représenté sortant de son cercueil, tendant ses bras amaigris vers la comtesse sa femme, agenouillée près de lui ; l'Hymen éteint son flambeau, et la Mort inflexible, montrant son sablier, indique que l'heure suprême est venue. Ce mélodrame sculptural est l'œuvre de Pigalle, qui se crut obligé de reproduire un rêve que la comtesse d'Harcourt avait fait quelques jours avant la mort de son mari. La chapelle Sainte-Madeleine, ornée d'une belle fresque, contient une pierre tombale consacrée à Mgr Garibaldi, archevêque de Myre, nonce du pape, mort à Paris en 1852. En face de l'autel, une statue agenouillée, œuvre du sculpteur Dubois et datée de 1860, représente Mgr Sibour, assassiné en 1857 dans l'église Saint-Étienne du Mont par un prêtre. Après la chapelle Sainte-Madeleine, s'ouvrent les portes des deux sacristies, dans lesquelles une dernière chapelle est consacrée à saint Denis. Au fond et au-dessous des fenêtres, une armoire en fer, peinte en rouge, aux fermoirs dorés, reçoit les vases des saintes huiles. A droite, en face de l'autel, s'élève le monument de Mgr Affre, archevêque de Paris ; il est représenté au moment où il tomba frappé d'une balle, le 26 juin 1848, à l'entrée de la rue du Faubourg-Saint-Antoine. Il tient dans la main une branche d'olivier, rappelant la mission de paix qu'il allait remplir volontairement parmi les insurgés et qui lui coûta la vie. Une inscription, tracée en or sur une plaque de marbre noir : « Puisse mon sang être le dernier versé ! » rappelle ses dernières paroles. Ce mausolée a été élevé par l'État en vertu d'une loi votée d'acclamation par l'Assemblée nationale constituante. Le chœur de Notre-Dame est séparé du transept par de magnifiques grilles à jour, ornées de couronnes royales, qui entourent également le sanctuaire du côté de l'abside. De la porte principale qui le sépare de la grande nef jusqu'aux marches du sanctuaire, il mesure 25 mètres de longueur sur 11m,66 d'un pilier à l'autre. Commencés par Maurice de Sully, le chœur et le sanctuaire avaient gardé jusqu'au règne de Louis XIV leur caractère primitif ; or, le 10 février 1638, le roi Louis XIII déclara par lettres patentes qu'il mettait sa personne et son royaume sous la protection de la vierge Marie ; en conséquence, il s'engagea solennellement à faire « construire de nouveau le grand autel de l'église
Les architectes qui en assumèrent la responsabilité ne croyaient pas mal faire ; à mesure que le style gréco-romain, dit de la Renaissance, multipliait en France ses élégantes et riantes constructions ; l'opinion du jour se détournait de l'art gothique ; on ne le comprenait plus, on le tenait pour grossier, pour digne des temps barbares, et c'était œuvre pie que de le ramener, par d'habiles arrangements, aux règles du « bon goût ». L'avocat Charpentier, auteur d'une monographie de Notre-Dame de Paris, ne présente-t-il pas dans sa préface les excuses de cette pauvre cathédrale, requérant humblement pour elle l'indulgence des contemporains et des admirateurs des Hardouin-Mansard, des de Cotte et des Soufflot ? Louis XIII étant mort en 1643 sans avoir le temps d'accomplir son vœu, le jeune Louis XIV confirma en 1650 les déclarations de son père. Toutefois ce ne fut qu'en 1699 que les travaux commencèrent, sur les dessins de Jules Hardouin, repris et modifiés en 1703 sur ceux des architectes de Cotte père et fils. Les traces des dévastations commises par les amateurs de rocaille ont été en partie effacées par la restauration moderne. Le sanctuaire est séparé du choeur par une balustrade, au milieu de laquelle s'élèvent deux candélabres de style gothique. L'autel actuel, de style romano-byzantin, a été refait sur le modèle de celui qui fut brûlé pendant la Commune et dont on conserve encore quelques débris. Derrière le maître-autel, au-dessus d'un autre autel plus simple, un groupe en marbre blanc rappelle le vœu de Louis XIII ; la sainte Vierge, assise au pied de la St-croix, tient l'enfant Jésus sur ses genoux ; ce groupe admirable, qui date de 1723, est attribué au ciseau de Coustou l'aîné. Le même artiste a sculpté la statue de Louis XIII placée à droite du maître-autel ; le roi est prosterné aux pieds de la Vierge, lui offrant son sceptre et sa couronne. A gauche est la statue de Louis XIV dans une attitude analogue ; on l'attribue à Coysevox (1715). Au pied des arcades du sanctuaire, six anges de bronze, élevés sur des colonnes de pierre, portent les instruments de la passion du Sauveur ; fondus par Chavannes et par Roger Schabol de Bruxelles, ils ont été offerts à la cathédrale par Napoléon Ier. Le sanctuaire est pavé en mosaïque de marbre, portant au centre les armes de France dans un médaillon de marbre merveilleusement exécuté. Aux jours de fête on recouvre ce magnifique pavage d'un tapis tissé à Aubusson sur le dessin de Viollet-le-Duc. Le chœur est, comme le sanctuaire, entièrement pavé de marbre. De chaque côté une barrière sculptée forme le dossier d'un grand nombre de stalles, et se termine à l'entrée de la nef par une chaire épiscopale. Cette boiserie en chêne, dessinée par Charpentier, élève de Girardon, est un chef-d'œuvre de composition et d'exécution. Chacun des panneaux qui la composent est revêtu d'un sujet religieux ; ils ont été sculptés en bois par Du Goulon, sculpteur de Louis XIV, Belleaun, Taupin, Le Goupil. Dans la rangée basse des stalles du côté nord, se trouve l'orgue du chœur, construit par Merklin.
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