Histoire de Paris
Cette rubrique vous livre l'histoire de Paris et de ses arrondissements. Origine, évolution, de la capitale de la France. Pour mieux comprendre la physionomie du Paris d'aujourd'hui, plongez-vous dans les secrets de son passée.
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HISTOIRE DE PARIS
(D'après Paris à travers les âges, histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu'à nos jours, paru en 1879)

Clos et courtines. – Les premiers pavés. – Le mur d'enceinte. – Le Louvre. – L'Université. – Les collèges. – Les écoliers. – Leur vie. – Le Pré aux Clercs. – La fête de l'âne. – Les diacres soûls. – La fête des fous. – La prostitution. – Le roi des ribauds. – Sainte-Madeleine. – La châsse de sainte Geneviève. – Les excommunications. – L'évêque et l'abbé. – Saint André des Arts. – Saint-Côme et Saint-Damiens. – Saint-Honoré. – Saint Nicolas des Champs. – Les frères aux ânes. – Les Dominicains. – Les Jacobins. – L'abbaye Saint-Antoine. – L'hôpital de la Croix de la Reine. – Femmes et prêtres. – La famine. – Les inondations. – Écroulement du Petit-Pont. – Les juifs. – Le four banal. – Les femmes enceintes. – Brûlés vifs. – Les supplices. – Les crimes des écoliers. – Bataille avec les bourgeois. – Les rues de Paris. – La police. – Les écoles fermées. – Louis VIII. – Le légat. – Le baiser de paix. – Le luxe. – Les modes. – La cour.

La fête des fous, était pis encore, ainsi que celle des diacres soûls. Celle-ci avait lieu le 26 décembre, jour de saint Etienne.

Le peuple élisait par acclamation parmi les diacres et sous-diacres de Paris un évêque des fous, auquel on donnait une grotesque bénédiction ensuite le clergé s'emparait de lui et le conduisait processionnellement à Notre-Dame, portant la crosse et la mitre devant lui.

Cet évêque pour rire donnait alors sa bénédiction bouffonne à tout le monde et indiquait que la fête de ses fidèles aurait lieu le 1er janvier.

Ce jour-là, tandis que les cloches carillonnaient, les membres du clergé déguisés, les uns en baladins, d'autres couverts de masques hideux, barbouillés de suie, allaient chercher l'évêque des fous et le conduisaient en grande pompe à l'église. Son entrée était le signal de la plus dégoûtante orgie.

Laissons pour un moment la parole à Dulaure :

« Alors les ecclésiastiques au milieu du choeur s'y livraient à toute espèce de folies et de désordres ; les uns y dansaient, sautaient, d'autres, pendant la célébration de la messe, venaient sur l'autel même jouer aux dés, jeu alors sévèrement prohibé, y buvaient, y mangeaient de la soupe, des boudins, des saucisses, les offraient au prêtre célébrant sans les lui donner, faisaient brûler dans un encensoir de vieux souliers et le forçaient à en respirer la désagréable fumée.

Après cette messe, le désordre, les extravagances, les profanations prenaient un nouveau caractère de gravité. Les ecclésiastiques enhardis par l'usage et par les fumées bachiques se livraient au délire d'une joie grossière et bruyante et offraient l'image des antiques saturnales qui se célébraient à la même époque. Des sauts, des danses lascives, des luttes, les gestes de la luxure, les cris, les chansons obscènes étaient les principales actions de cette orgie ecclésiastique, mais n'en étaient pas les seules.

On voyait des diacres, des sous-diacres enflammés par le vin, se dépouiller et se livrer entre eux aux débauches les plus criminelles.

D'autres, chez lesquels la colère avait succédé à la joie, augmentaient le vacarme en se querellant, en se battant. Il arrivait quelque fois que le sol de l’église était ensanglanté. »

Est-il réellement possible qu'on se soit livré à de pareilles turpitudes ? Mais poursuivons, car ce n'est pas tout, l’historien nous apprend qu'à l'extérieur la fête avait ses coudées franches : d'autres ecclésiastiques, confondus avec des séculiers libertins, avaient dressé des tréteaux en forme de théâtre et y représentaient des scènes scandaleuses dans lesquelles on voyait le plus souvent des acteurs déguisés en moines en attaquer d'autres costumés en religieuses...

Enfin les prêtres, sortant de l'église, montaient dans des tombereaux chargés de boue et d'ordure et s'amusaient à en jeter sur la foule qui les suivait en les criblant de lazzis !

Ce fut contre ces honteuses folies que Philippe-Auguste, avec l’aide puissante de l'évêque Eudes de Sully, qui s'en indignait, voulut sévir en 1198, en abolissant d'abord la fête des fous, et l'année suivante celle des diacres ; mais, d'autres soins l'occupèrent et bientôt ces fêtes, après une courte suspension, reprirent avec toute leur frénésie, le peuple ignorant aimait les fêtes quelles qu'elles fussent, et il lui en fallait à tout prix.

Philippe-Auguste s'occupa aussi de réglementer la prostitution ; Paris possédait

Le roi des ribauds avait à Paris la police
des filles de joie.
un nombre considérable de filles publiques. Déjà Charlemagne avait essayé de les bannir de sa capitale mais il n'avait pu y parvenir. Il avait ordonné qu'elles seraient condamnées au fouet et que ceux qui les auraient logées ou chez qui on les aurait trouvées, les porteraient sur leurs cous qu'au lieu de l'exécution.

Les gens se courbaient sous ce singulier fardeau, mais le nombre de celles qu'il fallait fouetter était si grand, qu'on prit le parti plus sage de les tolérer, néanmoins ce nombre augmentant toujours ; on se résolut à les grouper en corporation et à les imposer aux taxes, elles eurent des statuts et des juges spéciaux chargés de statuer sur les délits qu'elles commettaient.

On les appela femmes amoureuses et filles folles. Tous les ans elles faisaient une procession solennelle le jour de sainte Madeleine.

On leur désigna certaines rues dans lesquelles elles pouvaient librement exercer : c'étaient les rues Fromentel ; Pavée, Glatigny (appelée aussi rue du Val-d'Amour), Tiron, Capon (Chapon), Tire v… (plus tard Tireboudin), Brisemiche, du Renard ; du Hurleur, de la vieille-Bouderie, de l'Abreuvoir, Macon et Champfleuri (depuis rue de la Bibliothèque).

Elles avaient dans chacune de ces rues un clapier qu'elles devaient tenir proprement et rendre agréable et commode. Elles étaient obligées de s'y rendre à dix heures du matin et d'en sortir dès qu'on sonnait le couvre-feu, c'est-à-dire à six heures du soir en hiver et entre huit et neuf en été.

Il leur était absolument défendu d'exercer ailleurs, et « même chez elles. Celles qui suivaient la cour étaient tenues, tant que le mois de mai durait, de faire le lit du roi des ribauds. » Ce roi des ribauds qui avait à Paris la police des filles de joie, était un fonctionnaire dont la création était due à l'initiative de Philippe-Auguste.

Il était, en outre le chef d’une sorte de gardes du corps, formée d'hommes résolus et qui avaient pour mission de veiller avec un soin attentif à la sûreté de la vie du roi. Les ribauds étaient armés de massues et veillaient jour et nuit sur la personne royale qui craignait les assassins du Vieux de la Montagne et les bravi de Richard d'Angleterre.

Le roi des ribauds, était un personnage important, jouissant de prérogatives et de privilèges assez étendus. Il se tenait à la porte du souverain et veillait à ce que personne n’entrât sans droit. Il jugeait des crimes commis dans l'enceinte de la demeure royale, et exécutait lui-même les sentences qu'il rendait ; il était donc, a la fois juge et bourreau. Nous verrons ce personnage en exercice jusqu’au XVe siècle.

Tout cela n'empêchait pas le roi de songer entre temps à édifier quelques églises, sainte Madeleine entre autres, l'ancienne chapelle Saint Nicolas qu'il fit agrandir considérablement. Elle n'avait rien de remarquable, si ce n'est qu’elle devint le siège de la grande confrérie des bourgeois de Paris, qui possédait le Clos des Bourgeois près les Jacobins et quelques autres propriétés.

En 1749, cette église qui menaçait ruine fut réparée ; on y réunit les paroisses de Saint-Christophe et de Sainte Geneviève des Ardents ; elle fut supprimée en 1790, devint propriété nationale, fut vendue le 21 août 1793 ; en 1794 elle fut démolie et sur son emplacement fut ouvert le passage de la Madeleine qui communiquait de la rue de la Licorne à la rue de la Cité et qui fut supprimé lors du percement de la rue Constantine.

L'abbaye de Sainte-Geneviève fut aussi achevée sous le règne de Philippe-Auguste, et en 1199 le pape accorda à son abbé le droit de porter la mitre. L'église de cette abbaye était contiguë à celle de Saint-Étienne-du-Mont et s'élevait sur l'emplacement qui se trouve au sud de cette église occupé par la rue Clovis.

Elle renfermait la fameuse châsse de Sainte-Geneviève qui fut fabriquée par un ouvrier, artiste des plus habiles du nom de Bonard ; cette châsse exposée derrière le grand autel était supportée par quatre grandes colonnes d'ordre ionique, avec leur entablement et leur plan carré, sur ces colonnes étaient quatre statues de vierges, tenant d'une main la châsse et de l'autre un candélabre. La châsse était en vermeil et l'orfèvre y employa 193 marcs d'argent et 8 marcs d'or. Nombre de rois et de reines de France firent des libéralités à cette châsse qu'ils couvrirent pour ainsi dire de diamants et de pierreries. La reine Marie de Médicis, lui avait donné un bouquet de diamants.

Les Parisiens n'ayant jamais cessé de montrer une grande vénération pour sainte Geneviève, chaque fois que l'hiver était par trop rigoureux, que dans l'été la sécheresse était trop grande, qu'il y avait quelque épidémie ravageant la ville, vite on descendait la châsse de son socle et on la portait en procession à Notre-Dame, et les religieux qui l'escortaient marchaient pieds nus. Les bonnes dispositions de Philippe-Auguste n'empêchèrent point l'abbé et les religieux de Sainte-Geneviève d'avoir maille à partir avec l'évêque de Paris.

Ces divers représentants de l'autorité ecclésiastique n'étaient pas d'accord sur le droit qu'ils s'arrogeaient les uns et les autres d'excommunier. Enfin après maints débats, il fut convenu que l'évêque et l'archidiacre de Notre-Dame pourraient excommunier les paroissiens de l'abbaye et défense fut faite aux prêtres desservant cette paroisse d'y recevoir les excommuniés. Toutefois, on excepta des paroissiens pouvant se trouver excommuniés un jour ou l'autre ; le cuisinier de l'abbaye et ses trois écuyers et vingt-deux autres artisans, employés ou domestiques de l'abbaye ainsi que leurs femmes.

Nous aurons à revenir sur cette abbaye et sur la châsse de Sainte-Geneviève, qui fut envoyée à la monnaie et fondue en 1789, mais une autre lui succéda.

Saint Etienne du Mont, petite chapelle fut aussi érigée en église en 1221 1e tonnerre l'avait considérablement endommagée en 1222 le pape donna l'autorisation de la faire reconstruire sur de vastes proportions, mais les travaux ne commencèrent que sous Charles VIII.

L'enceinte de Paris avait forcément morcelé les propriétés et les terres seigneuriales. Des contestations assez vives s'élevèrent à ce propos entre l'évêque de Paris et l'abbé de Saint Germain des Prés ; l'évêque prétendant avoir droit de juridiction spirituelle sur les accroissements de la ville, et l'abbé soutenant qu'une partie de cette juridiction lui revenait.

Avant d'aller plus loin, examinons de près ce qu'était à cette époque l'évêque de Paris ; ce personnage d'une si grande importance, que son autorité balance souvent celle du roi, et la situation qu'il avait à Paris. Dans l'origine, sa maison était située près de la première cathédrale, et le côté du sol regardant la Seine s'appelait le Port à l'Evêque.

Dans un diplôme de Louis VI de 1110, les seigneuries de l'évêque, sans compter son droit de censive dans la Cité, étaient celles de Saint-Germain, de Saint-Éloi, de Saint-Marcel, de Saint-Cloud et de Saint-Martin. Ce fut en 1161 que Maurice de Sully, évêque, transforma sa maison en un palais épiscopal qu'il fit bâtir sur une ligne parallèle à la cathédrale, avec deux chapelles y attenant.

D'ans la chapelle basse étaient des chapelains ; le jeudi saint on y lavait les pieds des enfants de Choeur et tous les dimanches on y célébrait une messe pour les prisonniers de l'évêché. La chapelle supérieure servait aux ordinations, au sacre des évêques et à d'autres assemblées solennelles. C'était dans la première cour du palais que se livraient les duels judiciaires.

Les droits de l'évêque étaient devenus si grands à la fin du XIe siècle, que la ville de Paris était pour ainsi dire partagée en deux parties, dont l'une était sous la domination du roi et l'autre sous la sienne.

Le territoire de Saint-Germain-l'Auxerrois qui se trouvait dans la censive de l'évêque devint si considérable par le commerce qui s'y faisait, que l'évêque Étienne crut devoir associer le roi Louis le Gros aux deux tiers du profit dans tout le clos fermé de fossés qu'on appelait le Champeaux et qui était devenu les halles.

A son tour, l'évêque Guillaume de Seignelay, conclût un traité avec Philippe-Auguste en 1222, qui reconnaissait au roi le droit de justice pour les crimes de rapt et de meurtre commis dans le bourg Saint-Germain (faubourg Saint-Germain) et dans la culture l'Évêque (quartier de la ville l'évêque). Aux termes de ce traité, le roi pouvait également lever des impôts sur les habitants pour dépenses de guerre et chevauchées, et avait droit de justice sur tout ce qui était relatif aux marchandises. On voit qu'en lui disputant sa juridiction, l'abbé de Saint-Germain s'attaquait à forte partie.

Une sentence arbitrale de 1210, donna gain de cause à l'évêque, mais comme compensation, l'abbé de Saint-Germain fut autorisé à faire construire deux églises dont il jouirait des revenus. Il s'empressa de faire bâtir Saint André des Arts (place de ce nom) qui fut commencée en 1212. Ce ne fut d'abord qu'un modeste édifice remplaçant un oratoire dédié à Saint-Andéol. Cette église, qui avait une tour gothique n'existait plus à la fin du XVIe siècle et fut remplacée en 1600 par une autre.

La seconde fut l'église Saint-Côme et Saint-Damiens (au coin de la rue de la Harpe et de la rue de l'École de Médecine), mais les religieux de Saint Martin ne jouirent pas longtemps, du revenu de celle-ci. Une querelle s'éleva entre les domestiques de l'abbaye de Saint Germain des Prés, toujours d'humeur batailleuse, et les écoliers de l'Université. Et un arrêt du Parlement de 1345, décida que désormais, ce serait l'Université de Paris qui nommerait à la cure de Saint Côme. L'histoire de cette église supprimée en 1790 se trouve liée à celle de l'École de chirurgie, ou maison de Saint-Côme, fondée en 1298.

L'église collégiale de Saint-Honoré fut fondée en 1204 par Renold de Chereins et par Sebile, sa femme, qui donnèrent neuf arpents de terre sur le chemin qui allait des murs de Paris à Clichy, pour y construire une chapelle et pour l'entretien d'un prêtre qui la desservirait.

Renold et sa femme achetèrent encore un arpent de terre du prieur de Saint Martin des Champs en 1205 pour agrandir le terrain, et cinq ans plus tard l'église

Première petite église Saint-Étienne-du-Mont.
était construite. En 1579 on augmenta les bâtiments ; plus tard on y inhuma le fameux cardinal Dubois. Cette église fut supprimée en 1792. Des chanoines y avaient été établis au XIIIe siècle, et de nos jours il existe encore à la plagie de l'église une cour donnant rue Montesquieu et rue Croix des Petits Champs, qu'on appelle cloître Saint-Honoré, l'église était où se trouve le passage Montesquieu.


Plusieurs autres chapelles ou églises figurent dans des titres relatifs à des mutations de terrains ou immeubles qui eurent lieu lors de la construction du mûr d'enceinte, telles que Saint-Père, paroisse du bourg Saint-Germain près de laquelle s'éleva la maladrerie devenue l'hôpital de la Charité, Saint-Gervais, paroisse en 1212, Saint-Jean-en Grève, paroisse à la même époque. Cette dernière église fût rebâtie en 1326. Saint-Hilaire, église bâtie dans le clos Bruneau et érigée en paroisse en 1200. Il y eut dans cette église une confrérie de gens qui s’y faisaient recevoir pour obtenir de Dieu un bon mariage en raison de ce que saint Hilaire avait été marié avant d'être évêque.

Elle devint plus tard église Saint-Hippolyte (dans la rue de ce nom) érigée en paroisse au XIIIe siècle. Supprimée en 1790, elle devint propriété nationale fut vendue le 3 août 1793, et démolie en 1807. Saint-Médard, chapelle qui dépendait de l'abbaye de Sainte-Geneviève et devint par la suite l’église paroissiale d'un bourg appelé Richebourg, village de Saint-Mard ou de Saint-Médard, bourg qui ne fut réellement peuplé qu'au XVIe siècle et qui englobait les rues du Chardonnet, du Breuil, Copeau, Gratard, des Saussayes et de la Cendrée. Saint-Médard fut complètement reconstruit en 1561. Nous en parlerons à cette date.

Saint Nicolas des Champs était une chapelle qui existait près du monastère de Saint Martin des Champs, en 1142 et on y enterrait dans une cour dépendant de l'église en 1220, plusieurs bourgeois firent don de terrains, ainsi que le prieur et les religieux de Saint-Martin pour établir un cimetière attenant à la nouvelle paroisse qui reçut plusieurs accroissements en 1399, 1420, 1489 et 1576. Le portail méridional est une oeuvre élégante du style Renaissance. L'architecture intérieure a été gravement altérée par des restaurations successives.

Guillaume Budé, Gassendi, Henri et Adrien de Valois, Laurent Magnière, Salmon Macrin, Madeleine de Scudéri, Th. de Viau, F. Milet furent inhumés dans cette église qui, en 1797, devint le temple des Théophilanthropes dédié à l'hymen. Rendue au culte, elle est aujourd'hui à l'angle de la rue Saint-Martin et de la rue Turbigo, église paroissiale.

Des églises, venons aux couvents. Prêtres et moines tiennent tant de place dans l'histoire du vieux Paris !

Ce fut vers 1209 que les Mathurins, que le menu peuple appelait les frères aux ânes, vinrent s'installer à Paris dans une ancienne aumônerie de Saint-Benoît, dédiée à saint Mathurin, qui était proche le palais des Thermes. Ils s'intitulèrent religieux de la très sainte Trinité, pour le rachat des captifs, et n'avaient en effet d'autre mission que celle d'acheter aux musulmans leurs esclaves chrétiens et aux chrétiens leurs esclaves musulmans, et leur sobriquet de frères aux ânes leur fut donné parce qu'il leur était interdit de monter à cheval et qu'ils devaient se contenter d'un âne pour monture, ce qui, au moyen âge, était une profonde marque d'humilité ; au reste, ce n'était pas la seule qu'ils donnaient. Loin d'avoir comme les religieux des riches abbayes, des valets pour les servir, ils se servaient eux-mêmes et se partageaient les travaux domestiques de la maison, ce qui ne les empêcha pas, peu à peu, d'acquérir de grands biens et de pouvoir faire bâtir une superbe église pour les besoins de leur couvent.

L'église des Mathurins, décorée de tableaux de maîtres, était à l'intérieur revêtue de marbres précieux, elle possédait des reliques nombreuses et des ornements d'une grande richesse ; trois confréries y furent établies : celle de Saint-Charlemagne, pour les messagers de l'Universite de Paris ; celle de Saint-Jean Porte Latine, pour les libraires et imprimeurs, et celle de Sainte-Barbe, pour les maîtres et compagnons paulmiers (paulmiers, fabricants de balles et raquettiers).

Le cloître fut commencé en 1219 ; il était entouré de bâtiments, mais malsain et fort incommode, en raison des terres du jardin qui était d'un mètre plus élevé que le sol, et qu'on nommait la cour du cloître.

« L'an 1676, au mois d'aoust, une ouverture s'étant faite au pavé de cette court, environ le milieu du ruisseau, plus près, néanmoins de la cuisine que de la salle du jardin, l'on creusa et l'on aperceut une grande ouverture à peu près semblable aux trois arcades qui forment le présent escalier, dans laquelle un domestique de céans estant descendu par une entrée qui commençoit du costé de la salle ; il trouva que c'estoit un grand trou qui prenoit son origine de dessous, le palais des Thermes rue des Maturins, laquelle ouverture fut bouchée avec trois grosses poutres mises dessus et couvertes de pavé, à laquelle ouverture il sera bon de regarder de fois a autre, pour voir si les poutres ne pourrissent pas. De quoy 1’on à cru à propos de donnés et avis pour y apporter en ce caz le remède convenable et éviter les accidents qui pourvoient arriver. » Cette inscription fut, gravée sur une dalle de pierre qu'on peut voir au musée de Cluny.

Le Cloître fut reconstruit en 1761 et les bâtiments furent élevés de deux étages. C'était sous ce cloître que l'Université de Paris tenait ses assemblées tous les trois mois pour l'élection du recteur. Le cloître devint en 1790 une propriété particulière et l'église fut démolie.

Ce fut aussi en 1217 que sept religieux furent envoyés à Paris par saint Dominique pour y installer l'ordre des dominicains ; ils logèrent d'abord dans une maison située entre le palais de l'évêque et l'Hôtel-Dieu, ce fut alors que maître Jean Barastre leur céda la chapelle de Saint-Jacques dans la rue de ce nom et une maison contiguë qu'il avait fait bâtir pour y loger des pèlerins. Ces religieux prirent possession de ces immeubles le 6 août 1218, et en moins de deux ans la communauté fut composée de trente religieux, la plupart sortis de l'Université.

On les désigna alors sous le nom de jacobins. Le roi Louis IX leur fit bâtir plus tard une église et un couvent dans le lieu où était auparavant le siège de la justice et du Conseil de ville et qu'on appelait le parloir aux bourgeois ; il était situé au bout de la rue Hautefeuille près des fossés de la ville.

 


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