Mode, costumes a Paris
Cette rubrique vous invite à découvrir la mode, le costume, le vêtement d'autrefois à Paris, consignant les modes des Parisiens d'antan, leurs costumes, leurs robes, leurs vêtements, chapeaux, gants, chaussures, gilets, corset, jupons, pantalon, jupes, les accessoires tels que l'ombrelle, le parapluie, le sac, les lunettes etc., ou encore les coiffures.
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LES PARISIENNES DE 1840 à 1850
(D'après Les Modes de Paris 1797-1897, par Octave Uzanne, paru en 1898)

La fashion et les fashionables

Voilà notre lionne et ses amies à Tivoli ; elle descend de sa Clarence ou de son

américaine, relève son amazone sur le bras et entre d'un pas délibéré ans l'enceinte du tir aux pigeons, au milieu d'une assemblée de dandys et de sportsmen auxquels elle distribue des bonjours virils et des poignées de mains énergiques et cordiales, à la manière anglaise.

Elle réclame une carabine, l'ajuste avec aisance et, tandis que son tigre en tient une seconde à sa disposition, elle abat un pigeon, puis deux, puis dix, puis vingt sur trente coups déchargés, fière de son succès et des murmures approbateurs qu'elle entend bruire autour d'elle.

On remonte en carrosse ; à la porte du Bois, on enfourche des chevaux fringants, on enlève ses bêtes de la cravache et de l'éperon et on arrive au

galop, bien en selle avec une assiette remarquable, sur le terrain des courses, au pesage, où l'on s'engage dans mille paris pour Mariette ou Leporello, après des discussions savantes sur le degré d'entraînement et la performance des favoris.

Les courses ne sont pas terminées que déjà fière d'y avoir assisté la lionne galope de nouveau et revient à Paris, à quelque séance d'escrime, ? où elle fournit bravement son assaut, en faisant remarquer la finesse et la fermeté de son jeu, ? ou bien elle se rend à quelque établissement nautique, piquer une tête du haut de la girafe et montrer sa science dans les brasses, les coupes, la planche et toutes les gracieuses manifestations de la natation.

La journée de la lionne n'est point terminée ; elle vient s'étendre quelques minutes dans son boudoir et fait

disposer sa toilette de soirée une robe en étoffe orientale avec manches à la bédouine ou à la persane ; sur ses cheveux, coiffés en bandeaux ondés qui cachent l'oreille et tombent en coquettes frisures sur le cou, elle posera un bonnet grec ou des barbes en dentelles avec une rose de Bengale.

Le dîner servi chez la fashionable sportswoman est généralement somptueux et d'une belle ordonnance ; comme les convives y sont nombreux, on y parle presque généralement chevaux, match et barrière du Combat ; la lionne y tient tête au lion et boit crânement comme les dragons de Ververt ; elle n'est étrangère à aucune question mondaine ; elle passe en revue, une à une, non sans esprit critique, toutes les beautés du dernier bal de la liste civile ; elle s'extasie sur la musique exécutée au concert du duc d'Orléans, elle prodigue toutes les gammes de sa sympathie au talent de Virginie Déjazet et toutes les notes de son admiration à Fanny Elssler.


Le carrefour Gaillon et sa fontaine (1848)
L
e choeur des lions lui donne la réplique ; à leurs regards, à leurs accents, à leurs sourires, on sent qu'ils la trouvent divine, pyramidale, délirante et colossale.

Il est encore question des raouts donnés à l'ambassade d'Angleterre, du comte d'Orsay, de la haute élégance des bals de Mme d'Apony, des soirées ministérielles ; de la fête des Polonais à l'hôtel Lambert et de la princesse Czartoryska ; de M. de Rambuteau, de la comtesse Merlin et de leurs magnifiques réceptions ; enfin, on parle beaucoup, au dessert, de la belle Mlle Pradier ainsi que de ses réunions dansantes, pleines de distinction et d'attrait, où, parait-il ? disent ces dames ? toutes les sommités littéraires et artistique de Paris se font une gloire d’être admises.

A l'heure du café, la société léonine passe les dans un petit salon où les sièges sont bas, moelleux et commodes ; la lionne a emprunté le confort à nos voisins d'outre-mer ; elle l'a étendu à tout ce qui l'entoure : au service, à l'ameublement et à la parure.

Dans ce salon-fumoir, où nos dîneurs se trouvent réunis, ce ne sont plus des

Une tribune des courses au Champs de Mars (1848)
grands canapés adossés contre le mur, sur lesquels les femmes de la Restauration s'alignaient très droites comme des petites pensionnaires presque chagrines de l’obligation de ne pas changer de voisines ; on n'y voit maintenant que des Deux à deux, des vis-à-vis, des causeuses, de bons coussins, chef-d'oeuvre de points à l'aiguille, sur lesquels on s'appuie après les avoir admirés.

Les tapis sont épais, les riches portières font ressortir les meubles gothiques, et il semble que dans ces porcelaines anglaises de la maison de Toy on savoure mieux le café, que sur ces divans profonds la conversation soit plus à l'aise, que ces brûle-parfums disposés sur des trépieds font la vie plus douce, plus reposante et aident en quelque sorte au travail de la digestion.

Tout ce luxe caressant, cette enveloppe de tiède bien-être ne suffisent point pour maintenir la Lionne dans sa cage ; elle conduit sa société à l'Opéra, dans sa loge, entendre un acte ou deux du Comte Ory.

 


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