Mode, costumes a Paris
Cette rubrique vous invite à découvrir la mode, le costume, le vêtement d'autrefois à Paris, consignant les modes des Parisiens d'antan, leurs costumes, leurs robes, leurs vêtements, chapeaux, gants, chaussures, gilets, corset, jupons, pantalon, jupes, les accessoires tels que l'ombrelle, le parapluie, le sac, les lunettes etc., ou encore les coiffures.
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LES PARISIENNES DE 1840 à 1850
(D'après Les Modes de Paris 1797-1897, par Octave Uzanne, paru en 1898)

La fashion et les fashionables

On remarqua plusieurs espèces de lionnes : la lionne mondaine, la lionne

politique et la lionne littéraire : toutes avaient la même origine ; Alfred de Musset était le véritable parrain nominal de la Lionne, et George Sand pouvait se dire la marraine, l'instigatrice morale de cette nouvelle série de femmes-amazones singulières qui montraient toutes les audaces, toutes les excentricités imaginables ; le poète, nous l'avons fait remarquer plus haut, avec sa fameuse chanson : Avez-vous vu dans Barcelone... baptisa cette multitude de petites créatures farouches, fougueuses, indomptées, que la réaction romantique avait créées ; la romancière, par ses oeuvres de révoltée, tels que Valentine, Indiana, Lélia, mit au coeur de toutes les prétendues victimes de l'amour des idées de revendication, d'indépendance, de virilité, qui ne masculinisèrent que trop vite ces jolis démons en jupon.

La Lionne fut ainsi la prédécesserice de la Vésuvienne, qui joua dans la République des femmes,

quelques années plus tard, un rôle d'anandryne anarchiste des plus curieux à étudier et dont voici un couplet du Chant du départ :

Vésuviennes, marchons, et du joug qui nous pèse,
Hardiment affranchissons-nous !
Faisons ce qu'on n'osa faire en quatre-vingt-treize,
Par un décret tout neuf supprimons nos époux !
Qu'une vengeance sans pareille
Soit la leçon du genre humain.
Frappons ; que les coqs de la veille
Soient les chapons du lendemain.

La femme de 1830 avait été comme une sensitive sentimentale ; son imagination, exaltée par les romans de Walter Scott et les poèmes de lord Byron, ne rêvait que dévouement, sacrifices, douleurs, tendresses infinies. Elle s'exaltait le coeur et l'esprit dans les

Les baraques du Pont-Neuf (1844)
fictions les plus noires, et toute son esthétique consistait à paraître pâle, amenuisée par une souffrance muette, immatérielle et diaphane ; elle ployait comme un roseau flexible au souffle de l'amour, elle acceptait le sort qui faisait d'elle une âme incomprise ; mais la révolte n'entrait point en ses sens ; elle se flétrissait doucement comme une fleur délicate meurtrie sur sa tige, espérant à peine une rosée de bonheur pour la vivifier ; elle demeurait dans des torpeurs sans fin, dans des alanguissements sans cause, qui lui paraissaient exquis.

La Lionne réagit contre cette anémie de poitrinaire ; elle se montra rugissante, provocante et bondissante ; elle agita sa crinière, fit saillir ses griffes et sa poitrine, et, avec le libre exercice de ses muscles, le sentiment de sa force, elle se lança dans l'arène parisienne.

Elle sut monter à cheval, à la façon arabe ; sabler le punch brûlant et le champagne frappé, manier la cravache, tirer l'épée, le pistolet, fumer un cigare sans avoir de vapeurs, tirer l'aviron au besoin ; ce fut l'enfant terrible de la fashion, et dans tous les boute-selles de la vie, on la put voir alerte, fringante, intrépide, ne perdant point les étriers.


Devant le premier café français
Boulevard des Italiens (1845)
L
a Lionne, tout en prétendant au partage de la puissance, ne rechercha ses franchises illimitées que dans les diverses pratiques de la vie fashionable ; elle sut rester femme au débotté et retirer ses éperons en l'honneur de ses favoris. Elle allia très aisément le sport, le turf, le plaisir et l'élégance et fit sa lecture du Journal des Haras, du Journal des Chasseurs et du Petit Courrier des dames. Elle comprit. Tous les luxes, toutes les délicatesses et le confortable de l'intérieur ; demandons plutôt à Eugène Guinot, excellent alcôviste, de nous introduire dans l'antre d'une Lionne :

« Nous voici clans un petit hôtel nouvellement bâti à l'extrémité de la Chaussée d'Antin. Quelle charmante habitation ! ? Admirez l'élégance de ce perron, la noblesse de ce péristyle, le choix de ces fleurs, la verdure de ces arbustes exotiques, la grâce de ces statues. Peu de lionnes ont une plus belle cage ; ... mais, hâtons-nous ; l'hôtesse vient de se réveiller : elle sonne sa femme de chambre qui l'aide dans sa première toilette du matin.

Son appartement mérite une description : il se compose de quatre pièces décorées dans le style du moyen âge. La chambre à coucher est tendue en damas bleu et meublée d'un lit à baldaquin, d'un prie-Dieu, de six fauteuils et de deux magnifiques bahuts, le tout en bois d'ébène admirablement sculpté ; des glaces de Venise, un lustre et des candélabres en cuivre doré, des vases et des coupes d'argent ciselé avec un art infini et deux tableaux, une Judith de Paul Véronèse et une Diane chasseresse d'André del Sarto, complètent cet ameublement.

Le salon est surchargé d'ornements, de meubles, de peintures de toutes sortes ; on dirait d'une riche boutique de bric-à-brac ; ce que l'on remarque surtout dans cet amas d'objets divers, ce sont les armes qui tapissent les murs : des lances, des épées, des poignards, des gantelets, des casques, des haches, des morions ; des cottes de mailles, tout un attirail de guerre, l'équipement de dix chevaliers.

 


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