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LE PALAIS DU LUXEMBOURG
(D'après Paris,
450 dessins inédits d'après nature,
paru en 1890)
Au midi, du côté opposé à la façade, le théâtre de l'Odéon est séparé du jardin et du palais du Luxembourg par la rue de Vaugirard. Ce palais et ce jardin furent
Depuis que le palais des Tuileries, brûlé par les incendiaires de la Commune, a été démoli par les ordres d'un gouvernement régulier, le palais du Luxembourg, résidence du Sénat, n'a plus de rival dans Paris. Il occupe, avec ses dépendances de toute espèce, une surface de vingt-cinq hectares (250,000 mètres carrés), en forme de carré presque régulier, dont chaque côté, mesurant environ 500 mètres, est absolument droit du côté ouest et du côté sud, légèrement courbe du côté nord, le long de la rue de Vaugirard, et sensiblement convexe le long du boulevard, Saint-Michel, qui le borde à l'orient. Dans ces mesures est comprise l'École des mines, qui forme enclave de ce dernier côté, et n'est pas comprise l'avenue de l'Observatoire, qui prolonge le jardin du côté sud dan l'axe du palais. Cette vaste surface se divisait au XVIe siècle en deux régions distinctes. L'une, du côté du midi, et à laquelle on accédait par la rue d'Enfer dans sa partie absorbée aujourd'hui par le boulevard Saint-Michel, renfermait le couvent, l'église et les jardins des frères Chartreux ; Saint Louis les avait établis, en 1259, sur
La seconde partie de ce plateau, entre le domaine des Chartreux et la rue de Vaugirard, était divisée en propriétés particulières, dont les plus considérables étaient la ferme de l'Hôtel-Dieu et le Clos aux Bourgeois, appartenant à la grande confrérie des bourgeois de Paris, d'où le nom de rue des Francs-Bourgeois, longtemps porté par l'extrémité de la rue Monsieur-le-Prince, entre la rue de Vaugirard et l'ancienne place Saint-Michel. Au milieu de ces fermes, de ces champs et de ces jardins, le président Alexandre de La Thourette, de la cour des Monnaies, avait fait construire, sous François Ier, un hôtel qui, saisi par ses créanciers, fut adjugé en t 564 à Jacqueline de Morinvilliers, veuve de Robert de Harlay de Sancy, laquelle le céda en 5570, moyennant 1,000 livres de rentes, à François de Luxembourg, prince de Tinguy ; enfin le fils et héritier de celui-ci, François de Luxembourg, duc de Piney, vendit l'hôtel et le domaine dits de
La reine régente, veuve d'Henri IV depuis moins de deux ans, voulait profiter de son pouvoir présent pour se bâtir une somptueuse demeure, qui devait porter le nom de Palais de la reine douairière ou de palais Médicis, et qui, malgré ses destinations diverses, conserve à travers les siècles écoulés le nom de ses possesseurs d'un instant, MM. de Luxembourg. Cependant l'ancien hôtel, accru de toutes les propriétés voisines de la Confrérie aux Bourgeois, de l'Hôtel-Dieu et de divers particuliers, fut entièrement démoli et sur cette table rase la reine fit construire par son architecte, Jacques-Salomon de Brosse, le magnifique palais qui fait l'ornement de la rive gauche de la Seine, comme le palais Pitti, à Florence, fait celui de la rive gauche de l'Arno. Avant de décrire son état actuel, il convient d'en esquisser rapidement les annales. Légué par Marie de Médicis, en 1642, à son second fils Gaston d'Orléans, frère puîné de Louis XIII, le Luxembourg devint le palais d'Orléans ; il passa par succession à la grande Mademoiselle duchesse de Montpensier, fille unique du premier mariage de Gaston, puis à Élisabeth Mademoiselle d'Alençon, duchesse de Guise, sa seconde fille d'un second mariage, qui le céda au roi en 1694. Il fut ensuite attribué comme résidence à Louise-Élisabeth d'Orléans, veuve de Louis Ier, fils de Philippe V, reine douairière d'Espagne, qui s'y laissa mourir en 1742. Par un édit du mois de décembre 1778, le roi Louis XVI l'accorda à son frère Louis-Stanislas-Xavier, Monsieur, comte de Provence, à titre d'augmentation d'apanage. La Révolution déclara le palais du Luxembourg propriété nationale et
Quelle prison, hélas ! L'infâme Marino, peintre sur porcelaine, membre de la Commune, en prit la direction en même temps que la police des spectacles. Il accumula trois mille prisonniers dans le palais, qu'il appelait son « magasin à guillotine », et, renchérissant sur les débauches attribuées à la tour de Nesle, il s'y faisait amener d'honnêtes femmes arrêtées dans les rues de Paris par la « police des mœurs», que le misérable avait créée pour son service personnel. Ses crimes, considérés comme des services, ne le préservèrent pas d'être condamné à mort le 29 prairial an XII (17 juin 1794), en même temps que Cécile Renaud, que la famille Saint-Amaranthe, que MM. de Sombreuil père et fils, que M. et Mme de Sartine et que l'épicier Corthey, sous prétexte d'une prétendue conspiration contre Robespierre, et d'être guillotiné le même jour à la barrière du Trône.
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