Monuments, édifices de Paris
Cette rubrique vous narre l'origine et l'histoire des monuments et édifices de Paris : comment ils ont évolué, comment ils ont acquis la notoriété qu'on leur connaît aujourd'hui. Pour mieux connaître le passé des monuments et édifices dont un grand nombre existe encore.
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LE PALAIS DU LUXEMBOURG
(D'après Paris, 450 dessins inédits d'après nature, paru en 1890)

La galerie des bustes, qui contient l'image sculptée des anciens sénateurs et des anciens pairs, conduit à la salle du Trône, qui servait de salle des séances sous

Galerie des bustes, palais du Luxembourg
Louis-Philippe et que domine un plafond d'Alaux, représentant l'apothéose de Napoléon Ier. Les autres parties curieuses de l'édifice sont la chapelle, terminée en 1844 et décorée par Jean Gigoux, l'ancienne salle dite du Livre d'or, la salle des Gardes, celle des Messagers d'État, le salon des empereurs Napoléon Ie' et Napoléon III, etc.

A la droite du palais, et communiquant avec lui par des cours intérieures, s'élève un vaste hôtel composé de deux corps de logis séparés par une cour, et qu'annonce une porte monumentale demi-convexe entre deux groupes de colonnes toscanes ; c'est le Petit-Luxembourg, résidence des présidents du Sénat.

Il fut bâti en même temps que le palais par la reine mère, qui le vendit ou le donna au cardinal de Richelieu. Le grand ministre l'habita pendant qu'on lui construisait son palais de la rue Saint-Honoré, remplacé par le Palais-Royal d'aujourd'hui ; il le céda plus tard à sa nièce, la duchesse d'Aiguillon ; il appartint ensuite à titre héréditaire à Henri-Jules de Bourbon prince de Condé, fils d'une nièce du cardinal, époux d'Anne princesse palatine de Bavière, qui, devenue veuve, en fit sa demeure habituelle, le répara et l'augmenta. Elle fit construire, de l'autre côté de la rue Vaugirard, au coin de la rue Garancière, un autre hôtel pour ses officiers, ses cuisines et ses écuries, avec un passage sous la rue, servant de communication entré le nouvel hôtel et le Petit-Luxembourg. La façade de cet hôtel présente une concavité correspondant à la convexité du Petit-Luxembourg.

Longtemps habité par des princes de la mai son de Condé, cet hôtel fut occupé par la caisse municipale de la ville de Paris, alors que le préfet de la Seine habitait le Petit-Luxembourg. Il s'appelle aujourd'hui « les communs du Petit-Luxembourg » et est affecté au service du président du Sénat. Le séjour de la princesse palatine a laissé une trace durable : c'est la jolie fontaine de la rue Garancière, appliquée au flanc droit de l'hôtel des communs à l'extrémité des quatorze fenêtres qu'il possède de ce côté. Elle se compose d'un élégant mascaron de bronze, qui verse de l'eau par la bouche et que surmonte une inscription latine, par laquelle on rappelle au passant que cette eau, acceptée par l'édilité parisienne, a été amenée en ce lieu l'an 1715 pour l'utilité des citoyens, aux dépens de la sérénissime Anne de Bavière princesse palatine, veuve du prince de Condé.

A la suite du Petit-Luxembourg, la reine Marie avait réservé cinq arpents de terre

Façade de l'ancienne chapelle
des Filles du Calvaire
pour établir un couvent de la communauté des Filles du Calvaire, patronné par le capucin Joseph Le Clerc du Tremblai, le fameux père Joseph, le confident du cardinal de Richelieu ; les religieuses, pour ne pas gêner les vues du jardin royal, achetèrent un peu plus loin les hôtels de Beauregard, de Montherbu et des Trois-Rois, où elles bâtirent leur couvent ; elles y entrèrent en 1622, et la reine leur fit construire une chapelle, dont la première pierre fut posée en 1625. C'est l'édifice charmant et délicat dont on aperçoit la façade en retraite sur la rue de Vaugirard, à droite du Petit-Luxembourg ; au sommet du fronton se voit, au-dessus du buste de la reine, une sculpture allégorique du pélican qui entr'ouvre ses flancs pour nourrir ses enfants.

Cette jolie façade, semée d'M couronnées, a été restaurée avec goût par M. de Gisors ; mais c'est tout ce qui reste de la chapelle des Filles du Calvaire. Les bâtiments du couvent servirent longtemps de prison pour les prévenus traduits devant la Cour des pairs ; ils ont été démolis en 1848, en même temps que la chapelle ; on n'a conservé que le cloître, qui a subi une transformation singulière ; on l'a restauré, coiffé d'une toiture de verre, et c'est aujourd'hui la serre ou jardin d'hiver de la présidence du Sénat.

Un nouveau bâtiment, situé à droite de la chapelle et du château, s'ouvre en façade sur la rue de Vaugirard, en face de la rue Férou ; de nombreuses statues ornent son flanc droit, qui pénètre dans le jardin du Luxembourg. C'est le nouveau musée des peintres vivants, inauguré le 1er avril 1886. Dès le milieu du XVIIIe siècle, le palais du Luxembourg, longtemps inhabité, renfermait une remarquable collection de peintures anciennes qui s'était formée autour des vingt-quatre toiles consacrées par Rubens à la vie de Marie de Médicis ; elle fut transportée au Louvre en 1779, lorsque le comte de Provence prit possession du palais. Au contraire, le Sénat, installé au Luxembourg en 1799, désira partager son palais avec les chefs-d'œuvre des arts, et le musée du Luxembourg fut créé en 1801, sous la direction de Naigeon, qui avait rendu de grands services en

Le nouveau musée du Luxembourg
1793 comme membre de la commission des arts.

Malheureusement, l'année 1815 reprit à nos musées les toiles que nos victoires y avaient accumulées, et le Luxembourg fut appelé à combler les lacunes du Louvre ; c'est alors que les Rubens y retournèrent définitivement. Mais, en échange, le roi Louis XVIII ordonna la formation d'un musée destiné aux artistes vivants ; l'ouverture en fut faite le 24 avril 1818. Ce musée est alimenté par les tableaux ou statues que le gouvernement achète annuellement aux expositions, et qui doivent rester au Luxembourg au moins pendant dix ans après la mort de leurs auteurs.

Au bout de ces dix années, on choisit les ouvrages qui doivent être transportés au Louvre ou ailleurs. Un règlement récent limite à trois le nombre des tableaux ou statues du même artiste qui peuvent figurer au musée des artistes vivants. Dans ces derniers temps, le Louvre s'est enrichi, aux dépens du Luxembourg des œuvres capitales d'Eugène Delacroix, de Heim, d'Horace Vernet, de Chassériau, d'Ingres, de Théodore Rousseau, etc. On a pu craindre que ces vides ne fussent irréparables ; mais l'art français, toujours si fécond et si vivace, les a bien vite remplis. Le musée actuel du Luxembourg ne craint aucune comparaison avec les souvenirs du passé.


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