Histoire de Paris
Cette rubrique vous livre l'histoire de Paris et de ses arrondissements. Origine, évolution, de la capitale de la France. Pour mieux comprendre la physionomie du Paris d'aujourd'hui, plongez-vous dans les secrets de son passée.
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LES PREMIERS PARISIENS OU HABITANTS DE LUTECE
(D'après Paris à travers les siècles, histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu'à nos jours, paru en 1879)

Les fondateurs de Lutèce. – Attaque des Romains. – L'incendie des ponts. – La bataille. – La défaite des Parisiens. – Mort de Camulogène. – Reconstruction de Lutèce. – Les Druides. – Les antiquités. – La première Notre-Dame. – La légende de saint Denis. – Les Bagaudes. – L'insurrection vaincue.

Mis en déroute malgré une résistance énergique, ils tentèrent de se réfugier dans les bois environnants, mais tous ceux qui ne purent fuir assez vite pour les atteindre furent exterminés par la cavalerie romaine. Camulogène, courbé sous le poids des années, semblait au milieu de ses guerriers, avoir retrouvé l'énergie de la jeunesse ; il se portait aux endroits les plus périlleux et se jetait au plus fort de la mêlée. Ce premier défenseur de la liberté parisienne trouva, la mort qu'il cherchait, lorsqu'il vit que tout espoir de vaincre était perdu.

II expira pour sa patrie, les armes à la main, sur un monceau de cadavres d'ennemis que son bras avait terrassés. La victoire des Romains fut complète. Labiénus se retira à Sens, laissant derrière lui les ruines fumantes de Lutèce. Lutèce brûlée allait, comme le phénix de la fable, renaître de ses cendres. Les quelques Parisiens échappés au désastre s'empressèrent de revenir aux lieux qu'ils habitaient, et les Romains, appréciant l'excellente situation de cette île

Labiénus exhorta ses officiers à faire leur devoir,
et tous le jurèrent sur leurs armes
placée au centre de provinces fertiles, résolurent de s'y installer.

Ils apportaient avec eux les lumières de Rome et ses erreurs, sa sagesse et ses vices, ses richesses et son luxe, ses lois et Ses abus. On commença par élever à la plaça des cabanes primitives qui suffisaient aux rustiques Parisiens, des habitations plus solides et plus élégantes. Les maisons étaient encore isolées et séparées les unes des autres par des jardins, et on y remarque surtout l'absence de éheminées. Les Romains, comme les Gaulois, se chauffaient à l'aide de fourneaux. La religion, les moeurs, les ctutumes, tout changea, tout se modifia. Les premiers Parisiens, vaincus par Labiénus, les descendants des Kymris Belges avaient gardé la rudesse, le mépris de la mort, le courage et les mâles vertus des peuples primitifs ; cependant cette loi éternelle de la civilisation et du progrès à laquelle obéissent inconsciemment toutes les nations allait peu à peu adoucir leur sauvagerie. Ils furent tout d'abord amenés à abandonner le culte du dieu Teutatès qu'ils suivaient, pour adopter celui de Jupiter et des autres divinités de l'Olympe, adorées par les Romains leurs maîtres.

Car jusque-là les Parisiens ne représentaient point leurs dieux sous des formes humaines ; ils avaient reçu leur religion des Galls et le dieu Teutatès, dans la mythologie gauloise, est une figure obscure et formidable, à laquelle étaient dédiés des cairns, ou monceaux de pierres innombrables, que le moyen âge nomma des monts-joie. On pense qu'ils offraient à Teutatès des sacrifices, sanglants et les Druides, c'est ainsi qu'on désignait les prêtres gaulois, exerçaient leur sacerdoce dans la sombre profondeur des forêts. Les Parisiens qui s'imaginaient que plus il y avait de druides dans un canton plus l'abondance et la fertilité du terroir y étaient grandes, avaient pour eux une vénération sans bornes, aussi les druides réunissaient-ils tout ce qui était-propre à s'attirer le respect d'un peuple.

Des cérémonies se célébraient dans les bois avoisinant Lutèce et un autel à Teutatès existait sur la butte Montmartre. Lucain nous a laissé une curieuse description d'un bois sacré. « Non loin de la ville était un bois sacré dès longtemps inviolé, dont les branches entrelacées, écartant les rayons du jour, enfermaient sous leur épaisse voûte un air ténébreux et de froides ombres. Les autels, les arbres y dégouttent-de sang humain, les oiseaux n'osaient s'arrêter sur les branches ; ni les bêtes féroces y chercher un repaire. La foudre qui jaillit des nuages évitait d'y tomber, les vents craignaient de l'effleurer. Aucun souffle

Un druide montait sur un chêne, armé d'une serpe
d'or, et coupait le gui
n'agite les feuilles. Les arbres frémissent d'eux-mêmes. »
A côté de ce tableau d'une couleur si sombre, on peut opposer celui plus riant de la cueillette du gui de chêne, qui avait lieu en mai, le 6e jour de la lune, qui était celui où commençait l'année.

Des fouilles récentes ont permis de retrouver les restes des substructions du pont gallo-romain. Ce qui a pu occasionner l'erreur des historiens du temps passé, c'est qu'ils n'ont pas pris garde que lorsque Charles le Chauve fortifia Paris pour le défendre contre les Normands, il rebâtit le Grand Pont, mais le changea de place et que ce fut seulement à partir de cette époque que ce pont devint celui qui devait plus tard s'appeler le Pont-au-Change. On a pensé longtemps aussi que la cathédrale métropolitaine de Paris, Notre-Dame, avait été bâtie sur l'emplacement de l'église basilique de Dame-Marie mentionnée dans les testaments d'Erminethrude de l'an 700, mais ce n'était qu'une conjecture. Une découverte est venue jeter la lumière sur cette importante question. Le 23 octobre 1847, en exécutant des travaux de terrassement pour la construction d'un égout sur la place du Parvis, la pioche du travailleur rencontra de nombreuses pierres de taille et des blocs de marbre de la construction d'une église dédiée à Notre-Dame et qu'avait fait construire-Prudentius.

C'était une basilique sans transept, dont le toit était soutenu par des colonnes de marbre et le pavé décoré de mosaïques. Devant la rue d'Arcole, on trouva un massif de construction romaine épais ; de deux mètres cinquante sur une longueur de huit à dix mètres. Quatre médailles antiques furent aussi trouvées ; On continua les fouilles ; et le 27 novembre, on mit à découvert de nouvelles pierres et des médailles antérieures à Julien. On peut donc en inférer qu'une église chrétienne fut élevée au commencement du IVe siècle sur le bord de la Seine, à la pointe orientale de l'île, qu'elle était sous le vocable de Notre-Dame Sainte-Marie et que sa construction fut antérieure à la cathédrale de Saint-Étienne martyr qu'on considérait comme la plus ancienne des églises chrétiennes.


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