Histoire de Paris
Cette rubrique vous livre l'histoire de Paris et de ses arrondissements. Origine, évolution, de la capitale de la France. Pour mieux comprendre la physionomie du Paris d'aujourd'hui, plongez-vous dans les secrets de son passée.
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LES PREMIERS PARISIENS OU HABITANTS DE LUTECE
(D'après Paris à travers les siècles, histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu'à nos jours, paru en 1879)

Les fondateurs de Lutèce. – Attaque des Romains. – L'incendie des ponts. – La bataille. – La défaite des Parisiens. – Mort de Camulogène. – Reconstruction de Lutèce. – Les Druides. – Les antiquités. – La première Notre-Dame. – La légende de saint Denis. – Les Bagaudes. – L'insurrection vaincue.

Les femmes étaient de belle physionomie, elles portaient de longs cheveux et l'éclat de leur teint était réputé ; selon la coutume gauloise la jeune fille se

On désigna sous le nom de Lutèce le groupe d'habitations
qui furent construites sur ces îles
choisissait librement un mari ; généralement, c'était au milieu d'un repas qu'elle faisait connaître celui qu'elle désirait prendre pour époux ; elle prenait une coupe et la vidait à demi, puis la tendait au jeune, homme qui la vidait ensuite, pour signifier, que tout était désormais commun entre eux.

Lorsque les Gaulois Kymris, séduits par la situation des îles de la Seine abritées contre le soleil du midi et le vent du nord, eurent planté leur tente dans cette île de la Cité « qui est faite, dit Sauval, comme un grand navire enfoncé dans la vase et échoué au fil de l'eau » ; ils abandonnèrent peu à peu leurs usages, leurs habitudes guerrières et embrassèrent la vie des peuples chasseurs et pêcheurs. Les glands et les faînes qu'ils ramassaient dans les forêts ; joints au gibier et au poisson, alimentaient la majeure partie des habitants qui étaient d'une grande sobriété.

Malgré cela, lorsque, en l'an 700 de Rome, Jules César envoya son lieutenant Labiénus avec quatre légions et une partie de sa cavalerie contre les Parisiens qui avaient refusé de déléguer des députés à l'assemblée des principaux États de la Gaule, ceux-ci résolurent de se défendre, demandèrent des renforts aux pays environnants et confièrent la direction de la défense à Camulogène (de la cité d'Évreux), un vieillard dont le grand âge doublait d'expérience la science militaire. Le vieux chef évita tout d'abord le combat, afin de donner à ses troupes ; plus courageuses qu'aguerries, le temps de se former, et voulant tirer parti de l'avantage que lui offraient les marais qui s'étendaient au sud de Lutèce, il commença par faire détruire le pont qui mettait la petite cité en communication

Les Gaulois se battaient nus
jusqu'à la ceinture
avec la rive gauche de la Seine et vint se retrancher dans les marécages, afin de disputer le passage aux Romains et défendre l'approche de la ville, plutôt que d'attendre dans son sein l'attaque de l'ennemi.

A cette endroit le ruisseau de la Bièvre devenu depuis la rivière des Gobelins, inondait en amont de Paris ; les plaines de Vitry et d'Ivry, et en aval celles de Grenelle et d'Issy. Bientôt, fortifiés dans leurs positions, les Parisiens ne demandèrent qu'à en venir aux mains avec les Romains. Labiénus arrivé devant le camp de Camulogène, chercha à le forcer, mais sa tentative fut inutile ; il fut repoussé et il eût vu peut être périr toutes ses légions, s'il n'eut fait une prompte retraite. Au milieu de la nuit, il décampa et retournant sur ses pas, le général romain de l'échec qu'il venait de subir, se jeta sur Melun, dont les habitants étaient pour la plupart accourus pour grossir l'armée de Camulogène, et saccagea la ville ; puis il descendit le long de la rive droite du fleuve emmenant avec lui une flotille d'une cinquantaine de barques et se présenta, de nouveau devant Lutèce pour l'assiéger.

Prévenu par les fuyards échappés de Melun, Cumulogène ordonna d'incendier la ville, de rompre les deux ponts de bois et toujours protégé par le marais, il demeura dans le camp vis-à-vis des Romains dont il était séparé par la rivière. Ces huttes qui brillaient, c'était tout ce que possédaient les malheureux Gaulois et les flammes qui montaient et tourbillonnaient dans l'espace, en colorant les eaux du fleuve d'une teinte rougeâtre, anéantissaient leur chétif patrimoine, mais qu'importe ! le salut de la patrie l'exigeait et ils en faisaient volontiers le sacrifice, préférant le perdre que de le voir tomber au pouvoir de l'ennemi. Or, tandis que ceci se passait, Labiénus fut averti qu'il ne lui était plus permis de compter sur le secours de César en cas de défaite ; son armée, menacée par la défection des Éduens (peuple qui habitait le pays situé entre la Saône, la Loire et le Rhône), se repliait sur la province Narbonnaise.

Il fallait donc se hâter de vaincre ou de mener ses troupes à Agendicum (Sens). La ruse devait venir en aide à la force. A la tombée de la nuit, Labiénus convoqua son conseil, exhorta ses officiers à faire leur devoir puis il ordonna aux chevaliers romains de monter sur les barques et de descendre le fleuve en silence, à la

Cavalier gaulois après l'invasion romaine
(premier siècle de l'ère chrétienne,
d'après les sculptures anciennes)
distance d'environ 4000 pas. Arrivés là (à peu près à la hauteur du Point du Jour), ils avaient ordre de faire halte et de l'attendre. Puis, pour donner le change, il envoya cinq cohortes avec des bagages remonter bruyamment le long du fleuve ; en même temps des bateliers furent chargés de se diriger du même côté, en frappant bruyamment l'eau de leurs rames. Ce stratagème réussit, soldats et bateliers attirèrent l'attention des Gaulois qui ne s'occupèrent qu'à se tenir sur leurs gardes de ce côté, tandis que Labiénus qui avait rejoint ses chevaliers, passait la Seine à la faveur d'un orage épouvantable dont le bruit couvrait celui de son mouvement. A l'aube, Camulogène se mit vivement à la tête du gros de l'armée pour s'opposer à la marche de Labiénus.

Mais il était. trop tard. Les deux armées se trouvèrent en présence dans la plaine de Grenelle. Bientôt une nuée de flèches et de javelots obscurcit l'air. Camulogène commandait en personne et encourageait ses guerriers par la voix et par l'exemple. D'abord la victoire parut incertaine. Mais soudain une légion romaine, ses étendards dépliés, attaqua les Gaulois par derrière et leur coupa la retraite. Alors ce fut une mêlée épouvantable, un horrible carnage ; les hommes combattaient corps à corps ; les sabres longs, droits, pesants, sans pointe et mal trempés, des Gaulois se brisaient contre les épées romaines plus courtes et à pointe, ce qui les rendait plus meurtrières. Le sang coulait sous la morsure des lames d'airain, on n'entendait que l'entre-choquement des boucliers dont quelques-uns avaient la hauteur d'un homme, les cris de guerre poussés par les vainqueurs et les hurlements de douleur des blessés et des mourants. On se battait avec un égal acharnement, mais les Gaulois ne purent soutenir longtemps le choc des légions victorieuses.

 


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