Vie quotidienne a Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de la vie quotidienne d'autrefois à Paris, consignant les activités des Parisiens d'antan, leurs habitudes, leurs occupations, leurs activités dont certaines ont aujourd'hui disparu. Pour mieux connaître le Paris d'autrefois dans sa quotidienneté.
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LE CLIMAT PARISIEN
(D'après Paris, 450 dessins inédits d'après nature, paru en 1890)


Panorama de la Seine, pris de Notre-Dame

Paris est situé dans une zone tempérée. Des chaînes de collines, qui vont en s'élevant sans cesse vers la frontière orientale et vers le centre granitique d'où coule le fleuve qui l'arrose, l'abritent en temps ordinaire contre les vents de l'est et du midi. Au contraire, il se trouve à découvert du côté du nord, de l'ouest et du sud-ouest, et, n'étant éloigné de l'océan Atlantique que de 168 kilomètres, le climat de Paris participe au climat maritime ou, pour mieux dire, est sous son entière dépendance. Nul déplacement atmosphérique n'est signalé au large venant de l'ouest ou du nord-ouest sans que Paris n'en ressente bientôt les effets. Aussi les vents de l'ouest et du sud-ouest y sont-ils dominants, apportant dans le bassin de la Seine la pluie, les brouillards ou les tempêtes. En été, lorsque la mer est calme, le ciel de Paris devient radieux et la chaleur intense. Les vents froids du nord et de l'est n'y soufflent guère que dans la saison d'hiver, imprégnés de toutes les glaces du pôle Nord, de la Sibérie et de l'Oural. Le Midi n'exerce qu'une influence. imperceptible sur les variations de la température, en raison des deux cents lieues qui séparent Paris de Marseille et de la Méditerranée. Lorsque le vent souffle du sud, il passe sur les massifs montagneux qui composent le plateau central de la France, s'y charge de neiges qu'il vaporise et vient les déposer sur Paris en forme de pluie tiède.

Tels sont les éléments qui composent le climat parisien et qui déterminent des variations très considérables de température. Les maxima pour l'année 1886 ont été - 11° en janvier, + 37°8, en juillet : écart total, 48°, ce qui est fort considérable. Néanmoins le climat de Paris passe pour très doux, en raison de son instabilité même ; la chaleur ou le froid, le soleil ou la pluie, la gelée ou le vent persistent rarement au delà d'un petit nombre de jours, ou même de quelques heures. La neige n'apparaît guère qu'au cœur de l'hiver et ne s'accumule en quantité gênante qu'en certaines années exceptionnellement froides. Enfin le brouillard y est rare et peut passer pour accidentel. Aussi le Parisien prend-il aisément son parti de toutes les bourrasques, supportant les caprices atmosphériques avec la philosophique gaieté qui l'abandonne rarement ; loin de s'identifier avec son parapluie, comme l'Anglo-Saxon par exemple, qui semble ne faire qu'un avec cet instrument protecteur, le Parisien est enclin à le laisser à la maison sous le prétexte qu'il porte malheur.

Une autre condition physique aide à supporter les intempéries sans en ressentir de graves inconvénients. A l'encontre des variations thermométriques, qui sont incessantes et d'une extraordinaire rapidité, la pression barométrique se maintient dans des limites relativement étroites. Elle oscille régulièrement autour d'une moyenne de 760 millimètres, monte pendant les très beaux temps à 770, et descend très rarement, dans les plus violents orages, à 745 millimètres. Paris étant situé à une hauteur variable de 40à 60mètres au-dessus du niveau de la mer, c'est une variation à peine sensible de 5 dix millièmes de mètre en altitude.

La surface totale de l'enceinte bastionnée qui enserre la ville de Paris est de 25,755 hectares ou 257,550,000 mètres carrés. Elle forme le centre du département de la Seine, dont la surface, Paris compris, est de 47,588 hectares ou 475,800,000 mètres carrés. La zone comprise entre les limites de Paris et celles du département de la Seine présente donc une surface de 21,624 hectares, soit 216,240,000 mètres carrés, qui constituent la banlieue de Paris.

Cette vaste étendue occupe un bassin creusé et traversé par la Seine, ainsi que

Pont de Solferino et Pavillon de Flore,
vus du quai d'Orsay.
les collines en bordure qui jadis dominèrent Paris et qui en font aujourd'hui partie intégrante. Cette bordure appartient à la formation géologique qu'on appelle jurassique et se divise en une série d'assises concentriques dont la tranche seule est visible à la surface du sol. L'intérieur de ces couches, entrées l'une dans l'autre comme une pile de vases ou d'assiettes profondes ; est précisément le sol de la ville ; il se. compose, comme tous les terrains formés au milieu du lit d'un fleuve, d'alluvions limoneuses, sablonneuses bu tourbeuses, essentiellement perméables, et qui se sont exhaussées dans le cours des siècles, non seulement par les dépôts du fleuve incessamment accrus, mais aussi par l'action de la ville elle-même, qui a travaillé à son propre exhaussement en couvrant le sol d'un inimaginable amas de détritus et d'ordures de toute sorte. Plusieurs quartiers de Paris, et des plus luxueux, reposent sur des monceaux de ce genre, où s'accumulaient les décharges publiques alors qu'ils se trouvaient encore en dehors de l'enceinte.

Tels sont les quartiers Saint Roch et Bonne-Nouvelle. Ces couches perméables, naturelles ou artificielles, reposent sur es terrains tertiaires, argile, calcire, meulière et gypse, dontl'importance et l'arrangement appartiennent à l'histoire générale du bassin de la Seine. Lorsque l'effet des cataclysmes a cessé et que le globe terrestre est entré dans une phase de repos, au moins relatif, lors qu'une température moyenne s'est établie dans nos régions, créant ainsi la zone tempérée, il s'est trouvé que le bassin de la Seine, s'étant pour ainsi dire canalisé au centre de son ancien lit torrentiel, est devenu l'une des contrées les plus favorisées parmi celles qui appellent l'homme à jouir des bienfaits de la civilisation. Sur aucun point du globe on ne trouve une pareille juxtaposition de labourages fertiles, de gras pâturages, d'excellents vignobles, de fruits exquis, de bois de charpente et de chauffage, enfin d'inépuisables matériaux de construction. « L'emplacement de Paris, a dit l'illustre géologue Élie de Beaumont, est un point d'attraction, comme les sommets des hautes montagnes sont des points de répulsion. »

Il y a certainement du vrai dans cette constatation scientifique ; mais faut-il admettre avec quelques savants, entraînés par leur enthousiasme, que, « au milieu de cette contrée privilégiée, au centre de ces richesses, la ville de Paris se soit formée spontanément, pour ainsi dire, et par la force des choses » ? Cette manière de voir est empreinte d'une sorte de fatalisme qui ne se rencontre pas d'ordinaire chez les hommes voués aux sciences positives. Que la constitution naturelle du bassin de la Seine fût favorable à l'édification d'une grande ville, il n'y a pas à en disconvenir ; mais n'allons pas plus loin. Le site parisien, qui nous émerveille aujourd'hui, a été créé par la main des hommes, et d'hommes qui ne connaissaient pas les gisements de plâtre et de meulière recouverts par les bois et les marécages du bassin de Lutèce, et qui, d'ailleurs, en ignoraient l'emploi. On verra tout à l'heure par quelles circonstances purement humaines, par quels développements historiques, Paris est devenu la capitale de la France. C'est alors seulement que la campagne parisienne vit le jour par le défrichement des bois, par le dégagement des collines, et que l'industrie humaine, attirée vers le centre nouveau, en découvrit les richesses naturelles pour les mettre en valeur.

L'instrument principal de la grandeur commerciale et économique de Paris fut le petit fleuve au sein duquel la ville primitive prit naissance. On a remarqué que ce petit fleuve n'arriverait pas au dixième rang dans la classification des affluents d'un grand cours d'eau de l'Amérique ou de l'Asie, et cependant c'est dans son sein que la ville de Paris prit naissance, à une époque et dans des conditions inconnues.


 

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