Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE DE L'AVÉ-MARIA, naguère des Barrés-Saint-Paul
IVe arrondissement de Paris
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, paru en 1875)

Notice écrite en 1857. La caserne de l'Avé-Maria dans la rue dont s'agit, est démolie ; on parle d'y substituer un marché ; en attendant, c'est un champ sans culture.

Pour le coup, voici bien une rue qui sent son règne de Charles VI, comme si l'usage des arquebuses, pratiqué pour la première fois au siège d'Arras, n'était qu'une invention récente. L'ancien hôtel de la reine Blanche, puis des archevêques de Sens, qui ouvre rue du Figuier, projette aussi souvent son ombre accidentée sur la rue des Barrés-Saint-Paul, qui le voit mieux se draper dans son architecture gothique, comme dans une pelisse du moyen âge à capuchon, trouée par-ci et chamarrée par-là, dont retombent jusqu'à terre les plis amples et poudreux.

En face de ce séjour, en 1714, il y avait, dans une maison dont l'angle se replie toujours sur le quai des Célestins, le bureau, dit du port Saint-Paul, pour la recette du droit des vins et eaux-de-vie qui arrivaient par la rivière. Combien comptait alors de lanternes la rue des Barres ? 7, réparties sur 25 corps de bâtiment.

Les religieuses de l'Avé-Maria préludèrent par de longs exercices de piété à la manœuvre de la charge en douze temps, que les soldats de la caserne du même nom sont bien obligés, de préférer, depuis la promulgation de la loi sur la conscription militaire. On sort, du quartier, on y rentre avec plus de facilité et moins de cérémonie que quand c'était un monastère ; mais la vocation volontaire manque plus souvent encore au régiment qu'en religion. L'ancienne chapelle des sœurs, historiée de splendides vitraux, fut jetée bas il y a un an, après avoir servi de salle d'armes à la caserne.

A l'intention du même couvent la rue s'appela un certain temps des Béguines. La dénomination des Barrés lui vient des carmes, moines aux manteaux bariolés, qui eurent leur premier monastère en face de l'Avé-Maria, où ils précédèrent les célestins. Antérieurement à nous, le peuple a remarqué facétieusement que les carmes se postaient toujours vis-à-vis d'un couvent de femmes, et une comparaison assez triviale, mais pittoresque ; serait inexplicable sans cette circonstance persistante de voisinage féminin. Les bâtiments des religieux sont encore debout, mais divisés. Le marchand de vin du n° 25 a pour cave une vieille chapelle, à la reconnaissance de laquelle la préfecture de la Seine envoyait dernièrement un émissaire archéologue. Était-ce au même endroit, ou bien en lieu et place du futur logis de la reine Blanche, que Philippe le Hardi avait donné un terrain à l'abbaye des Barbeaux, près Melun, pour bâtir l'hôtel des Barbeaux ? Ce terrain allait jusqu'au quai.

Le 15 est une autre maison qui avance, comme une sentinelle au port d'arme qui ne tardera plus à être relevée ; on y trouvait un jeu de paume bien avant l'hôtel-garni de l'Avé-Maria.

Ce n'est pas par pure galanterie que l'atlas de la censive archiépiscopale, dressé en 1786, mettait au féminin le nom de cette rue, qui avait encore ses religieuses, qui n'avait plus ses religieux. D'elle-même s'explique et s'excuse la méprise. Les bourgeois étaient alors :

Du côté actuel, des numéros impairs : M. Boileau, M. L'Épine, M. de Camp, le Cte de Conguibault, (4 maisons, dont l'une en face de la rue des Jardins-Saint-Paul).
Du côté des pairs : Mlle Bernard, M. Sénéchal, M. Alexandre, M. Caron, M. de Saint-Roman, la Ctesse de Longanet, la Ctesse de Lignerac.


 

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