Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE DE GRENELLE
VIe, VIIe arrondissements de Paris

(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1860. Ultérieur est le percement des rues des Saints-Pères et Clerc, de l'avenue La Motte-Piquet et du boulevard Latour-Maubourg au travers de la rue de Grenelle. Commençant : carrefour de la Croix Rouge, 2 et rue du Dragon, 44. Finissant : avenue de La Bourdonnais, 83. Monuments classés.
Aux nos 57-59 : fontaine de Bouchardon ; n° 101 : Hôtel de Rothelin-Charolais (classement limité à certaines parties) ; nos 104 et 106 : ancienne abbaye de Penthémont (ancienne église [actuellement temple]) : façades et toitures sur cours du bâtiment conventuel principal ; grand salon au premier étage avec son décor ; n° 107 : ancien Hôtel de Martignac (façades et toitures) ; n° 110 : Hôtel de Courteilles (englobé dans les bâtiments du ministère de l'Education nationale), classement limité à certaines parties ; n° 115 : Hôtel de Sommery (classement limité à certaines parties) ; n° 116 : Mairie du VIIe ardt (façades sur jardin) ; n° 118 : petit Hôtel de Villars (décoration de la salle de compagnie et du grand salon) ; n° 127 : hôtel de l'ancien archevêché de Paris (actuellement Ministère du travail), classement limité à l'hôtel proprement dit avec ses boiseries sculptées, la porte d'entrée et les murs limitant les communs sur la cour d'honneur. Historique : elle est indiquée sur l'arpentage de 1529, mais existait à l'état de chemin au XIVe siècle : c'était le chemin Neuf. Elle aurait aussi porté à cette époque les noms de chemin aux Vaches, chemin de la Justice ou du Gibet et petit chemin du Port. Au XVe siècle, on l'appelait grand chemin des Vaches, grand chemin de Garnelle ; au XVIIe siècle : chemin de la Forest, petit chemin de Grenelle. Plus tard, on l'a dénommée rue Garanella, chemin de Guarnelles et rue de Guernelles. Origine du nom : chemin de l'ancien village de Grenelle, qui devait son nom à une garenne dépendant de l'abbaye de Sainte-Geneviève.

Revue d'hôtels et de couvents.

Certaines rues peuvent être rajeunies ; mais on aurait beau faire pleuvoir l'eau de Jouvence sur la tête de celle-ci, ses cheveux reblanchiraient vite, inséparables de la poudre. Changez même l'alignement, le cordon des suisses reculera : c'est le front-de-bandière du camp. Mais les hôtels resteront impassibles, au fond d'autant de cours grandes encore ; ils garderont pour nous l'habit à la française, avec une épée en verrouil, comme maints portraits de famille qui en décorent l'intérieur. Assez de visites se rendent rue de Grenelle à nos contemporains ; déposons-y, par exception, des cartes à l'adresse de leurs devanciers, sans espérance de retour, quelque nombreuse que soit la distribution.

Le moyen d'en vouloir encore au doge de Gênes, amené à Paris, avec quatre de ses sénateurs, par Colbert de Seignelay, le fils du grand Colbert, pour faire pardonner aux Génois d'avoir fourni des frégates à l'Espagne ! Cette république bombardée, venant faire ses soumissions en l'an 1686, est descendue à l'hôtel de Beauvais, que Pierre de Beauvais, conseiller du roi, avait acquis d'une Dampierre, veuve de Foucaut de Saint-Germain, Comte de Dognon, vice-amiral et maréchal de France, cessionnaire elle-même de la marquise d'Antin, née Zamet, la donataire de Zamet, évêque de Langres. Les petites-cordelières, religieuses de l'ordre de Sainte-Claire, réformées sous le titre de la Nativité de Jésus, s'établirent aussi, au moyen d'un échange, dans l'hôtel de Beauvais, après le passage du doge : elles n'avaient été que quatre ans rue Payenne, près l'hôtel d'Angoulême, en quittant leur quartier de fondation, qui était le faubourg Saint-Marcel.

En 1744, le conseil d'État envoya d'office un économe à ces cordelières, leurs affaires se trouvant dans un désordre qui ne tarda même pas à entraîner la suppression du couvent. A Saint-Simon, évêque de Metz, s'adjugea la maison, et ses héritiers la vendirent en 1763 à Beaumanoir de la Boissière, capitaine de dragons : Tout près, le comte du Châtel a acheté l'usufruit d'un hôtel appartenant aux carmes de la rue des Billettes, et où des religieux de Saint-François-de-la-Terre-Sainte avaient été établis par décret du 14 avril 1667. La plus considérable de ces deux propriétés contiguës s'est transformée quand on la qualifiait grand et petit hôtels de Créqui : le marquis de Créqui laissait veuve, en 1771, la marquise sur laquelle on a publié des mémoires, et lui-même cultivait les lettres. M. de l'Espinasse, général d'artillerie, habita le petit hôtel, avant que cela fût une mairie, et le baron Boyer, chirurgien en renom, puis son fils, occupèrent le grand : le prolongement de la rue des Saints-Pères menace tout au moins l'un des deux.

Contemporain de M. de Créqui, M. de Bérulle a fait bâtir le 15 ; sa petite-fille l'y remplace, Mme la marquise de Puybusque. Le sol en avait dépendu de l'ancien hôtel de Beauvais, car les héritiers de Claude Cahours, baron de Beauvais, étaient encore propriétaires au coin de la rue de la Chaise, en 1763, d'une portion des bâtiments maintenant en la possession de M. le marquis de Croix. Mme la comtesse Ogier n'est venue au 45 qu'après Vien, une célébrité de la peinture ; de même, le duc de Bassano a précédé Mme Smith au n° 49, dans les appartements duquel figurent de jolis bas-reliefs.

Pour inaugurer, comme prévôt-des-marchands, un admirable monument de Bouchardon, la fontaine dont les récollettes de la rue du Bac avaient donné l'emplacement, Étienne Turgot vint rue de Grenelle à la tête d'un pompeux cortège. Raison de plus pour nous étonner que le plan de Paris, dédié en 1739 à ce chef de l'édilité, se contente d'indiquer quatre hôtels dans toute la rue : voyez vous-même s'il en passe ! La plupart des hôtels y datent de plus loin, et les simples maisons y paraissent en minorité, tant elles prennent peu de place au soleil !

L'égalité ne règne encore, à ce point de vue, que dans le numérotage, malgré la révolution qui a fait du quartier la section de la Fontaine.

Au 73, écart de l'hôtel Galiffet, Mme la comtesse d'Arlincourt perdait naguère le romancier, son mari, dont elle suit les traces en écrivant aussi. Leduc d'Albe, ambassadeur de Philippe V, était mort en 1711, dans la grande maison du président Talon, postérieurement hôtel Galiffet, devenu sous la République le ministère des Relations-Extérieures. M. de Talleyrand, étant ministre, résida au 75, dont l'histoire était différente. Le cardinal d'Estrées, camerlingue du sacré collège, membre de l'Académie Française, l'avait créé au XVIIe siècle, s'en payant le cens à lui-même comme abbé de Saint-Germain-des-Près, et il y avait eu pour successeur le prince Egon, comte de Furstenberg, puis le maréchal de Tessé, général des galères de France, puis Phélypeaux de la Vrillière, ministre, puis Phélypeauxs de Maurepas, que Marmontel qualifiait le plus séduisant des ministres, et dont le crédit n'avait pas nui à l'établissement de la belle fontaine peu distante de sa demeure.

L'ex-hôtel Maurepas, sous la Restauration, appartenait à MM. Moreton de Chabrillan, en leur qualité d'héritiers de la duchesse Du Plessis-Richelieu d'Aiguillon. La princesse de Talmond, la comtesse de la Rochejaquelein et M. de Galiffet, prince de Martigues, figurent à la suite sur les titres de propriété, et n'y précèdent que M. Edmond Lafond. Mme de Talmond a possédé également l'immeuble subséquent, où M. de Maurepas avait autrefois pour voisine la comtesse de La Mothe-Houdancourt, née de la Vergne de Tressan.

Pour fêter le baptême de la maison d'après, il faut que le curieux se reporte un peu avant la fin du règne de Louis XIV : l'enfant est tenu sur les fonts de sa première pierre dans un marais, appartenant, aux Lefébure, famille d'un grand audiencier. Cotte, premier architecte du roi, a tracé le plan ; arrivent les maçons, et un superbe hôtel sort de la terre pour la duchesse d'Estrées. Celui-là se divise également en grand hôtel et petit. Le premier, tenant à l'autre et à l'hôtel La Mothe, est vendu en 1754 par le duc de Biron, légataire de sa tante, la duchesse d'Estrées, à une princesse du sang ; Charlotte-Aglaé d'Orléans, épouse du prince d'Est, duc de Modène. Puis le marquis de Beuvron-d'Harcourt, commissaire général de la cavalerie, achète des héritiers de la duchesse de Modène.

Le duc de Feltre, maréchal de France, prend possession de l'immeuble sous l'Empire et le cédé sous la Restauration à la marquise de Tourzel, après laquelle vient le duc de Tourzel, puis Mme la duchesse d'Escars, née Tourzel. Quant au moindre hôtel, autrement dit le 81, il a eu pour acquéreur le comte Annibal de Montmorency-Luxembourg ; mais les héritiers de celui-ci en ont accommodé M. de Beuvron-d'Harcourt, qui a réattelé ensemble les deux maisons à grandes guides, après lesquelles prenait la file l'hôtel de Bonneval, marquis de Martoane, équipages domestique ultérieurement mené par le marquis de La Salle, lieutenant général.

Les Luxembourg, au reste, ont été, comme les d'Estrées, propriétaires sur plusieurs points de la rue à laquelle se consacre cette monographie. Un hôtel Desmarest, ensuite Rivié, que l'architecte Lassurance avait dessiné, est devenu Luxembourg, du chef d'un duc. La duchesse de Châtillon, femme de M. de Montmorency-Luxembourg, duc de Châtillon, a disposé, en outre, du 97 ; mais elle habitait rue du Bac, et cette maison de la rue de Grenelle n'était pas de qualité : Filz, avocat, et Boullet le concierge du palais d'Orléans, l'avaient eue, avant M. de Vertilly, père de la duchesse. Là n'a jamais été l'hôtel de Luxembourg ; mais nous ne serions pas moins empêché de vous le montrer du doigt, que ceux du Bourre, de Dillon, de Konski, de Mirepoix, de Caumont, de Castellane, de Feuquières et de Bréant, qui ont marqué même rue. En revanche, pour en dire autant de l'hôtel d'Avaray, il faudrait être aveugle : les lettres d'or d'une inscription n'y laissent aucun doute aux passants.

Le duc d'Avaray, qu'eut pour favori le comte de Provence et qui décéda en 1810, y avait-il remplacé le marquis d'Avaray, lieutenant général, ambassadeur près les cantons suisses, gouverneur de Péronne, etc. ? Les châteaux eux-mêmes restent rarement plus d'un siècle dans la même famille ; mais ils ne changent pas de noms comme de maîtres, et les hôtels n'en font souvent pas d'autres. Les d'Avaray peuvent, à notre insu, se contenter des restes d'un Mirepoix ou d'un Caumont-Laforce. Nul doute qu'un Lamoignon a résidé en regard du couvent de Panthemont, et qu'un hôtel de Portugal, vraisemblablement occupé par l'ambassadeur de ce royaume, avait eu le même vis-à-vis ; mais il n'y a pas certitude que la demeure de celui-ci fit l'ancienne de celui-là : le monastère tenait trop de place pour ne faire face qu'à un seul hôtel.

De l'hôtel Seignelay à celui de Maillebois toute la distance pouvait n'être que celle d'une génération : le comte de Maillebois, lieutenant général, avait pour oncle Colbert de Seignelay. Mettons-les donc l'un après l'autre au n° 87, si nous osons nous contenter de conjectures vraisemblables.

Le ministère de l'Intérieur n'a pas été que la résidence de Le Voyer de Paulmy d'Argenson. L'hôtel principal y remonte à 1704, et Lassurance encore en est l'auteur. Le marquis de Rothelin y a précédé le financier Hoguier, baron de Presles, dont les appartements ont été mis en 1746 à la disposition d'un ambassadeur extraordinaire du roi de Suède, le comte de Sparre, et qu'a remplacé sur saisie, en 1734, l'adjudicataire Thomas Legendre, seigneur de Calandre, maréchal de camp. Celui-ci a vendu l'année suivante à Mademoiselle, Louise-Anne de Bourbon-Condé, princesse de Charolais. D'où l'hôtel a passé Conti, autrement dit Condé de branche cadette, et Jaillot ajoute : De la Marche.

Clément de Ris, au nom et comme l'ondé de pouvoir de Guy Guérarpin de Vauréal, évêque de Rennes, ancien ambassadeur ; grand d'Espagne, grand-maître de la chapelle du roi, se rendait adjudicataire, au milieu du XVIIIe siècle, de notre n° 125, licité par les hoirs de la marquise de Rochechouard, née Pincy de Saint-Luc. Or cet hôtel de Rochechouard, œuvre de Cherpitel, attenait d'une part au Cours, dit improprement le Rempart (rue d'Iéna), qui n'était encore que tracé, d'autre part à Mme de Monestrolle et aux héritiers d'Haute fort, par-derrière à un clos, propriété des Invalides ! Il avait commencé par être Pompadour et le devait à Chanac, abbé de Pompadour, qui descendait de la famille de Guillaume de Chanac, évêque de Paris au XIVe siècle.

La marquise Duchâtelet, fille du baron de Breteuil, y avait passé quelque temps ; vous savez tous que cette femme savante, qui s'était mariée jeune avec un lieutenant général, avait su mériter de célèbres amis et surtout la reconnaissance de Voltaire. Le même toit a abrité : sous Louis XVI, le duc de Guiche, mari d'une Polignac, père du menin du duc d'Angoulême et grand père du duc de Gramont, le plus beau gentilhomme de notre temps ; sous l'Empire, le duc de Cadore ; sous la Restauration, 1es bureaux de la liste civile, quand l'administration de la maison du roi occupait le palais archiépiscopal d'à présent ; sous Louis-Philippe, l'ambassade d'Autriche. Jusqu'en 1838, notre rue s'est arrêtée là, elle se poursuit depuis dans le quartier du Gros-Caillou.

Grand train de maison chez l'abbé de Pompadour, dont le petit hôtel, ouvrant en face de l'autre, est devenu Bezenval. Courtisan de Marie-Antoinette, le baron de Bezenval était inspecteur général des gardes suisses, et sa galerie de tableaux avait de la réputation : chargé d'un grand commandement, avant d'avoir désespéré du salut de la monarchie, il ne sut se ménager que des passeports ; encore fut-il arrêté dans sa fuite et jugé, mais absous. S. A. le prince Lucien Bonaparte habite, par le temps qui court, l'ancienne demeure du baron.

Elle ne venait la dernière que comme hôtel, sur le flanc droit de la rue. Il y avait place encore pour Sainte-Valère, petite église et communauté religieuse. Un refuge de filles repenties y avait été autorisé en 1710. L'église n'a disparu qu'en 1840.

Aussi bien l'hôtel de Luxembourg-Châtillon, qui nous faisait tout à l’heure tâtonner, est-ce qu'il n'était pas de ce côté ? Apprenez toujours que le comte de Châtillon vendait en 1719 au duc de Noirmoutiers le terrain sur lequel s'exécuta un plan de Cortonne. Son altesse sérénissime Mademoiselle, comtesse de Sens donnait quinze ans après, au marquis de Matignon 200,000 livres du grand et du petit hôtels Noirmoutiers. Les gardes du corps de Monsieur, comte d'Artois, y ont eu leur quartier ; c'est maintenant l'École impériale d'état-major.

Le 134 servait de logement aux officiers supérieurs de la caserne. Bellechasse, un peu avant que le duc de Dûras, gentilhomme de la chambre de Louis XVIII, s'y installât personnellement. Nous serions étonné qu'il n'eût pas fait partie de l'établissement des carmélites de Sainte-Thérèse, venues là de la rue du Bouloi vers 1688. Le temporel de ces religieuses ayant souffert, elles le mirent en direction ; M. d'Argenson, lieutenant de police, régularisa leurs affaires et fit tirer, le 13 février 1715, une loterie que le roi leur avait accordée : le principal en montait à 478,000 livres, dont il ne revenait net à la maison que 15/100.

Du doyen des hôtels de la rue, qui, lui aussi en formait deux, le moindre reste au 118. Jacques Le Cogreux président à mortier, qui s'était signalé comme frondeur, y avait donné ses ordres avant le maréchal duc de Navailles, prédécesseur de Charles de Lorraine, duc d'Elbeuf, et de l'illustre maréchal de Villars, dont la famille conserva au bout du jardin la statue, ouvrage de Coustou l'aîné. Les bâtiments de l'ambassade ottomane sont tellement de notre siècle que M. de Forbinjanson, évêque de Nancy, en a fait les frais. Cet immeuble touchait presque, avant la révolution de Février, à l'ancien hôtel de Brissac, où siégeait l'ambassade napolitaine. Le ministère de l'Instruction publique, au dire de M. Giratilt de Saint-Fargeau, est un ancien hôtel Rochechouard, du dessin de Cherpitel ; mais quelque chose nous paraît s'en étendre sur l’ancien territoire des religieuses de Bellechasse. Bullet ne laissait guère, en 1676, sur sa carte de Paris, que de quoi bâtir une maison entre les derrières de ce monastère et un hôtel de Noailles, pour lequel il prenait, sans doute celui de Navailles.

Ces dames de Bellechasse tenaient de l'autre côté à celles de Panthemont, qui succédaient indirectement à des augustines du Verbe-Incarné,établies là, dès 1644, dans l'ancienne orangerie du roi, mais n'ayant pu s'y maintenir que vingt-deux ans. Les biens de la communauté supprimée avaient été appliqués à l'Hôpital-Général, qui, moyennant échange, avait transmis la propriété disponible aux religieuses de Panthemont, abbaye fondée de longue date en Picardie. Coutant et Fransque ont construit cette église à coupole de leur monastère de Paris ; elle est depuis le Consulat un temple protestant. L'administration du génie utilise un bâtiment qui faisait partie du monastère.

Entre Panthemont et le jardin des dames de la Visitation-Sainte-Marie, la comtesse de Fontaine, née Marie Pelart de Quincy, acquit en 1724 et laissa après elle à son mari, qui était lieutenant général, une maison dessinée par de Lisle-Mansart au commencement du dernier siècle. Le nôtre, y vit au prince de Rosbeck succéder des Laroche foucauld, avant qu'un carrossier s'en emparât. Portons cela au compte du 102.

La marquise de Noaillac disposait, sous l'ancien régime, d'un «hôtel où le premier empire vit le comte Chaptal, et qui appartient encore à M. le baron Deldage, le gendre du chimiste que Napoléon eut pour ministre : 88-86. On donne en ce moment une face nouvelle au n° 84 ; c'est masquer un ouvrage de Pierre de Lisle-Mansart, qui y travaillait pour lui-même à la fin du XVIIe siècle.

En vue de la Seine et de la Marne, présentées à la Ville de Paris par Girardon, dans son allégorie en marbre, deux maisons, touchant par-derrière à l'hôtel de Luynes, étaient payées 131,200 livres par Marie-Thérèse Guyôt, veuve de Jubert de Bouville, maître des requêtes, aux Dlles Potherat, dans le milieu du siècle dernier ; toutes les deux avaient appartenu à l'évêque de Nevers, et elles étaient occupées, l'une par la présidente Portail, l'autre par le sellier Rigaud.

Vis-à-vis la rue de la Chaise, auprès d'une maison appartenant aux cordeliers, Desbordes était marchand de vin en 1734, ainsi que Pierre Carteron l'avait été en 1681 : il paraît que la place est bonne, car il y reste encore un cabaret. Près de là, un hôtel-garni a conservé le titre de Clarence, après avoir été, dit-on, le séjour d'un duc de ce nom. Et pourquoi pas ? Nous pouvons ajouter que l'immeuble a été connu, auparavant que d'être maison meublée, pour petit hôtel de Beauvais, eu égard au plus grand hôtel d'en face, dont il était le frère de lait.

Le premier propriétaire n'en fut pas Robert de Bragelonne, capitaine au régiment d'Épagny ; Louis de Beauvais, baron de Gentilly, son successeur, changea la face de l'édifice en 1687 ; les Sénecterre, marquis de Saint-Victour, y sont venus moins de trente ans après. Pourquoi ne pas dire au 24 qu'il avait pour propriétaire peu d'années avant la Révolution, Pierre Vignon, l'un des douze marchands de vins du roi ? Voilà un titre de noblesse pour sa cave ! L'enseigne du Bon-Lafontaine est celle d'une autre hôtellerie, parce qu'un petit-neveu du fabuliste a possédé l'immeuble principal qu'elle exploite ; l'établissement n'a englobé qu'ensuite le n° 18, qui conserve un petit jardin, et que des Beauharnais ont habité quand c'était un hôtel de maître.



 

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