Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE CAMBON (DE LUXEMBOURG)
Ier arrondissement de Paris
(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1860. Commençant : rue de Rivoli, 244. Finissant : boulevard de la Madeleine, 1, et rue des Capucines, 23. Historique : précédemment, rue de Luxembourg et plus anciennement rue Neuve de Luxembourg. Origine du nom : Joseph Cambon (1756-1820), homme politique français, membre de la Convention, créa le grand livre de la dette publique ; voisinage de l'ancien ministère des finances et de plusieurs établissements de crédit.

s 9, 19, 21, 23, 25, 26, 27, 28, 29, 31, 36, 37, 38, 41, 43, 49.

Le maréchal de Luxembourg a rendu le dernier soupir, le 4 janvier 1691, à Versailles. Son hôtel était contigu à la maison des filles de la Conception, du tiers ordre de Saint-François, établies rue Saint-Honoré, vis-à-vis de la communauté de l'Assomption, en l'année 1634. L'architecte Leduc avait l'hôtel en sa possession quand l'ouverture d'une rue a été décidée sur son emplacement par des lettres patentes enregistrées au parlement de Paris en 1722.

La rue a commencé tout de suite à se border d'hôtels à mascarons ; mais encore plus de murs que de façades y étaient indiqués sur le plan de Turgot. Voici le recensement des propriétaires de la rue pour l'année 1757, tant en raison de constructions debout qu'eu égard à des jardins et à des places à bâtir :

Sous le règne suivant, Mme de Watteville était propriétaire de deux maisons qui se ressemblaient, au coin du boulevard, et le marquis de Toulongeon, d'une autre moins considérable. M. de Bronville, pendant ce temps-là, percevait le loyer du grand hôtel Villequier-d'Aumont (n°s 49 et 47). Le duc de Villequier gentilhomme de la chambre et gouverneur du Boulonnais, en survivance du duc d’Aumont, son père, était veuf de la fille du marquis de Courtenvaux, dame d'honneur de Mesdames.

M. Hatte fermier général, disposait du 43 avant son gendre, le marquis de Girardin, grand veneur de Louis XVI. L'hospitalité qu'a offerte ce dernier à Jean-Jacques Rousseau, dans sa propriété d'Ermenonville, le recommande lui-même à la postérité qui, dans sa gratitude pour les hommes de génie, aime à se rappeler aussi leurs protecteurs. De nos jours, M. de Janzé a voué un culte intelligent à l'idolâtrie des curiosités, dans l'ancien hôtel Girardin.

De l'autre côté de la rue, il y avait encore deux maisons à Mme de Watteville, qui ont fait place à d'autres. Le 34, qui a tenu bon, était le derrière de l'hôtel de Béthune, maintenant Schihler, place Vendôme. Le jardin de l'hôtel de la Chancellerie remplit encore les numéros suivants ; mais, sous l'ancienne monarchie, il absorbait aussi les dépendances qui donnent une sortie sur notre rue à l'hôtel de l'État-Major de la Ire division militaire. Parmi les ordres partant de là, pour être distribués sur tous les points de la circonscription, il en est un qui nous regarde. Du moins, dans ce qui nous engage à redoubler de zèle, il entre pour quelque chose de savoir l'intérêt que prend le maréchal Magnan à nos recherches sur la ville, qui lui doit une sécurité dont l'histoire offre peu d'exemples.

M. de la Live de Bellegarde, fermier général, est celui qui a spéculé, dans le principe, sur des terrains de notre rue. Quelqu'un des siens, si ce n'est pas lui, a disposé du 41 et du 39, qui ont appartenu dans notre siècle à la famille de Casimir Périer, le grand homme politique, et sont maintenant à M. Barillon, député sous le dernier règne. Le duc d'Escars, attaché à la maison du comte de Provence, était chez lui au n° 37. Le comte de Brienne, lieutenant général, frère du cardinal de Loménie, et qui devint ministre de la guerre en 1787, avait l'une des maisons qui séparaient M. de Brienne d'un architecte, frère de l'abbé de l'Épée, propriétaire du 31. Au n° 29 placez Gailley ; au n° 27, Langiboust ; au n° 25, Grandhomme ; au n° 23, Chomel, notaire ; au n° 21, un comte Du Luc, autant vaut dire un Vintimille ; au n° 19, M. de Launac, et vous aurez, en reculant d'un siècle, moins une vingtaine d'années, gagné la rue Saint-Honoré.

Le Chomel susnommé était probablement proche parent des Chomel, apothicaires et médecins dont la dynastie n'a pas cessé de régnera Paris sur les cathares, les fièvres et la goutte. Il possédait encore deux maisons à côté de la Chancellerie le 26 nous en est resté.

Les consuls, par un arrêté du Ier floréal an X, ont ouvert la rue Mondovi, une section de la rue Mont-Thabor et une rue Neuve-de-Luxembourg sur le territoire confisqué des ci-devant dames de l'Assomption. Cette maison religieuse faisait suite à celle des haudriettes, fondée sous Philippe le Bel dans le Marais ; le cardinal François de Larochefoucauld l'avait établie dans son hôtel, rue Saint-Honoré, en 163e, et elle avait alors cessé d'être hospitalière. Que reste-t-il de ce couvent à notre époque ? D'abord l'église de l'Assomption, élevée au XVIIe siècle sur les dessins de Charles Érard. Il subsiste, en outre, l'ancien hôtel Larochefoucauld et des constructions successivement ajoutées par les religieuses à l'édifice, qui a servi de quartier aux Cent-Suisses, à la garde municipale, etc., et qui s'est transformé enfin en un dépôt du matériel et des archives du ministère des finances. On y admire à juste titre un escalier à balustres de pierre et la balustrade en fer d'une terrasse, qui sont du XVIe siècle.

La rue Neuve-de-Luxembourg n'est plus que le commencement de la rue dont l'histoire jusqu'à nous s'arrête où s'arrête cette notice.



 

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