Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
magazine d'histoire, chroniques anciennes, le Paris d'antan, périodiques du passé
de la rubrique
Rues/Places
CLIQUEZ ICI

RUES DES ORFÈVRES ET JEAN-LANTIER
Ier arrondissement de Paris
(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1860. Rue des Orfèvres commençant : rue Saint-germain L'auxerrois, 6-10. Finissant : rue Jean Lantier, 15. Historique : précédemment rue de la Chapelle aux Orfèvres. Au XIIe siècle, on la nommait rue aux Moines de Joie en Val et par corruption, rue aux Moines de Jenvau ou rue aux Moignes de Jenvau. Elle a aussi porté le nom de rue des Deux Portes et de rue Entre Deux Portes.
Origine du nom : les orfèvres de Paris avaient fait édifier dans cette voie une chapelle et un hôpital. Rue Jean Lantier commençant : rue Saint-denis, 1. Finissant : rue Bertin Poirée, 14. Historique ; la partie B existait au XIIIe siècle ; elle a porté les noms de rue Philippe Lointier et de rue Jean Lointier. Origine du nom : corruption de Jean Lointier ; ancien nom (XIIIe siècle).

Dans la rue de la Ferronnerie, où la belle Ferronnière vendait, au XVIe siècle, des aiguillettes, des boucles et des ferrets, on trouve de nos jours des passementiers encore et des marchands de jupons en acier, l'industrie locale n'ayant fait que s'y modifier avec le temps. Il n'en est pas de même rue des Orfèvres, où l'âge d'or n'est plus même l'âge de fer au lieu de métal, c'est le bois que tonneliers et menuisiers y travaillent. Tout au plus si nous déchiffrons, n° 9, sur la porte d'un tonnelier, le nom de Thieu, marchand orfèvre, qui n'y était pas éloigné de la plupart de ses confrères.

Quant au quai des Orfèvres, qui s'est beaucoup moins démenti, nous vous disons l'origine d'un certain nombre de ses maisons dans la notice de la place Dauphine l'une des deux, quai ou place, était l'envers de l'autre.

Le cercle dans lequel rayonnait à Paris l'orfèvrerie ; bien qu'il fût assez étendu, eut pour centre pendant quatre siècles la petite rue dite d'abord des Moines-de-Joie-en-Val, qui se nomma ensuite des Deux-Portes, en même temps que des Orfèvres : nos pères avaient jugé prudent de la mettre sous clef la nuit. Le bureau des Orfèvres, sixième des corps marchands, s'y était établi dès l'an 1399, dans un hôtel des Trois-Degrés, vendu à la corporation par Roger de la Poterne, orfèvre, et sa femme Jeanne. L'artisan, ou plutôt l'artiste, et le marchand étaient tout un, dans ce sixième corps.

L'apprentissage durait huit ans, et le nombre des maîtres était limité à trois cents. Le roi Philippe de Valois avait donné à la corporation ses armoiries, en y accolant une devise qui rappelait à la fois les deux grands buts que l'orfèvrerie de son époque se proposait : l'ornementation des couronnes et cella des vases sacrés.

Au coin de la rue Jean-Lantier et de la rue des Lavandières est encore visible cet écu des Orfèvres, mais dénudé de signes héraldiques. La chapelle Saint-Éloi, où ils faisaient dire leurs messes, n'était tout d'abord qu'en charpente ; l'an 1550, elle fut refaite sur les dessins de Philibert Delorme, et l'on y admira jusqu'en 89 de belles figures de Germain Pilon Moïse, Aaron, des apôtres. Les gardes en charge nommaient le chapelain, qui, autant que possible, devait être le fils d'un orfèvre, les diacre, sous diacre, etc. On retrouve rue des Orfèvres, rue Jean-Lantier et rue des Lavandières, les bâtiments du bureau des Orfèvres, sa chapelle et le lieu d'asile, hôtel des Invalides du corps d'état, où de toute origine étaient soignés les orfèvres indigents qui se faisaient vieux ou malades.

La maison d'en face la chapelle, rue des Orfèvres, appartenait à une communauté de frères Tailleurs, ainsi qu'une ou deux autres maisons se repliant de même rue Jean-Lantier. Cette dernière petite rue devait son nom, par corruption, à Jean Lointier Parisien du XIIIe siècle, lequel y avait eu parmi ses héritiers un Philippe Lointier deux cents années plus tard.

L'autre côté de la rue Jean-Lantier débouchait rue Bértin-Poirée par une maison au collège de la Marche ; les Enfants-Trouvés y avaient une autre maison, qui subsiste vis-à-vis de celle des Orfèvres. La rue des Lavandières, qui aujourd'hui encore voit passer tant de blanchisseuses, séparait également le siège de la confrérie marchande de deux propriétés à la marquise de Saint-Romand et d'une maison à Bapst, orfèvre. Aussi bien le bureau n'avait de mitoyenneté qu'avec le Grenier à Sel de la rue Saint-Germain-l'Auxerrois, dont les bâtiments se revoient à partir du n° 4 de la rue des Orfèvres.



 

:: HAUT DE PAGE    :: ACCUEIL

magazine d'histoire, chroniques anciennes, le Paris d'antan, périodiques du passé
de la rubrique
Rues/Places
CLIQUEZ ICI