Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE SAINT-ROCH
Ier arrondissement de Paris

(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1860. Commençant : rue de Rivoli, 194. Finissant : avenue de l'Opéra, 29. Historique : la partie A était bâtie en 1575, c'était précédemment la rue du Dauphin. Elle fut appelée d'abord cul-de-sac puis rue Saint-vincent, rue du Dauphin (1744), rue de la Convention (1795), rue du Dauphin (1814), rue du Trocadéro (1823 à 1830), de nouveau rue du Dauphin (1830-1879). Le surplus de la voie faisait partie de la rue Gaillon. C'était la ruelle Michaut Riegnaut (1495), la rue Michaut Regnaut (1525) ; en 1578, la rue Gaillon. I. devint, au XVIIe siècle, la rue de Lorges, la rue Neuve Saint-Roch puis la rue Saint-Roch. Pendant la Révolution, elle a été appelée rue de la Montagne. Origine du nom : longe l'église Saint-Roch.

Les Dames de Sainte-Anne. – Une petite, communauté de Sainte-Anne était établie rue Saint-Roch ; on en revoit au n° 10 la chapelle, au premier, dans une classe de pensionnat. Deux escaliers à petits piliers de bois datent de plus loin que l'établissement religieux, qui y fut fondé pour quinze sœurs, en1686, par Frémont, grand audiencier de France. Des jeunes filles pauvres y étaient initiées aux travaux à l'aiguille et préparées à faire leur première communion ; mais la communauté ne se chargeait ni de leur logement ni de leur nourriture. Les dames de Sainte-Anne étaient remplacées, sous l'Empire, par des sœurs de charité.

Le Presbytère. – La fabrique de Saint-Roch avait huit maisons près l'église ; mais la plupart n'étaient que des bicoques. Le presbytère actuel servait de siège à la communauté des prêtres de Saint-Roch ; le 6 est l'ancien presbytère.

Le Maître de Chapelle. – En face du presbytère il a demeuré un de ces musiciens, formés à l'étranger, dont le talent a signé en France les lettres de naturalisation. Rigel, arrivé à Paris en 1768, n'avait eu qu'à s'y mettre au clavecin pour se faire tout de suite remarquer, puis il avait eu pour élève jusqu'à la princesse de Lamballe, tout en faisant exécuter des symphonies de sa composition aux concerts de l'hôtel Soubise, sous la direction de Gossec. Le Concert spirituel, dont les séances avaient lieu aux Tuileries, joua postérieurement ses trois oratorios. Mais, avant de passer maître de musique du Concert spirituel, Rigel dirigea les concerts de la Loge olympique ; il travailla, en outre, pour le théâtre. Les leçons de ce maestro profitèrent surtout à l'un de ses fils, qui prit des élèves dès l'âge de treize ans, accompagna Bonaparte en Égypte et fit représenter alors un petit opéra au Caire.

Le Maître de Ballet. – Gabriel Gardel, auteur d'un grand, nombre de ballets montés à l'Opéra de 1783 à 1820, avait pour frère et confrère L. Gardel, comme lui premier danseur et maître de ballet, qui habitait la même rue que Rigel, en regard de celle des Moineaux. Mme Guinard, danseuse au même théâtre, avait été domiciliée, sous Louis XV, dans la même rue.

Mlle de l'Épinay. – M. de l'Épinay, marquis de Marteville, était son père, et elle avait pour oncle M. de Viarmes, le prévôt des marchands ; elle grandit dans une maison appartenant au chevalier Ortand, et qu'eut plus tard Gueilier, un auditeur des comptes, antérieurement à l'enseigne du Grand-Turc, maintenant 25 rue Saint-Roch.

Mlle de l'Epinay fut toutefois aise de passer rue de Grenelle, dans le petit hôtel d'Estrées, en épousant le comte de Montmorency Tingry, déjà veuf et qui la laissa veuve à son tour en l'an de grâce 1762. Elle n'avait encore que 32 ans, et elle se cachait si peu d'être bien faite que jamais l'attention des gens ne se concentrait sur son visage, dont la beauté sautait bien moins aux yeux. Le magnifique maréchal de Soubise réussit à la compromettre en l'accablant de ses présents ; elle en montra moins de gratitude au prince qu'à son petit cousin, le duc d'Olonne, qui accepta au prix coûtant les mêmes libéralités. Elle avait d'abord essayé d'un amour de bergeronnette ; mais le jeune paysan qui en était l'objet, pour qui la comtesse dérogeait jusqu'à se mettre en costume de simple villageoise, s'était trop montré du Danube à la première occasion de jalousie. Fallait-il qu'il fût rustre ! La peste du vilain !

Propriétés diverses. – M. de Champeron a disposé du 26, également dans la seconde moitié du XVIIIe siècle ; la comtesse de Bapaume, du 28, du 30 et du 32. Les religieux feuillants ont eu le 29. M. Douet de Vichy a été propriétaire du 39, et Mme de Grassien, du 34. M. de la Sourdière de Meulan occupait, sous Louis XVI, la maison qui fait le coin de la rue de la Corderie (actuellement rue Gomboust). Or la rue de la Sourdière, sur laquelle donnent encore plusieurs maisons de la rue Saint-Roch, longeait au commencement du XVIIe siècle, avant d'être pavée, le jardin de M. de la Faye de la Sourdière.

Origines de la Rue Saint-Roch. – Elle a été percée avant la fin du XVe siècle, sous la dénomination de Michel-Regnaut. On l'a dite ruelle Gaillon une vingtaine d'années après, à cause de l'hôtel Gaillon, dont l'église Saint-Roch tient la place.


 

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