Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE D'ÉCOSSE
Vème arrondissement de Paris

(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1859.

Parlez-moi donc, cher collaborateur, de vos découvertes rue d'Écosse, disait le rédacteur du présent recueil à son éclaireur accoutumé.

La rue d'Écosse, répondit avec franchise M. Rousseau, était du petit nombre de celles que je connaissais mal. Je l'ai cherchée près de la rue des Postes ; où je n'ai trouvé que celle des Irlandais. Je lui ai cru aussi de l'accointance avec l'ancien collège des Écossais, rue des Fossés-Saint-Victor ; mais je n'ai pu la rencontrer que sur cet autre penchant de la montagne Sainte-Geneviève qui s'est appelé mont Saint-Hilaire.

La demande est à-peu-près la même chaque fois qu'il s'agit d'ajouter un chapitre au livre des Anciennes Maisons de Paris. Mais la réponse varie à l'infini. M. Rousseau la fait, le plus souvent, d'après les notes qui l'empêchent d'oublier ce qu'il a appris ou remarqué dans un examen préalable. Voici la page de son carnet relative à la rue d'Écosse :

Sans de pareils renseignements, pris pas à pas, que ferions-nous des notes plus difficilement recueillies au milieu des livres, sur les cartes et dans les pièces authentiques ?

Le plan de Tapisserie du temps de Charles IX montre surtout un grand cimetière devant l'église Saint-Hilaire. Deux autres plans établissent qu'en l'année 1652 cette église avait une petite entrée rue d'Écosse, à-peu-près au n° 3 de notre époque, mais qu'avant 1739 la suppression de ce passage avait permis d'élever les maisons qui y sont encore. D'autre part, nous avons fixé, à propos de l'ancienne Sainte-Barbe (histoire du collège Rollin et de l'ancienne Sainte-Barbe, par M. Lefeuve, in-8, 1853), l'historique du collège de Cocqueret, qui touchait à celui de Reims et qui se trouvait justement, dans la petite rue dont nous parlons, à la place du mur neuf de Sainte-Barbe qui fait coude à l'extrémité du côté droit. Plus d'un curé de Saint-Hilaire a été principal à Cocqueret, à Sainte-Barbe, comme nous l'avons rappelé, et la fondation du premier de ces collèges s'est fondue dans celle de l'autre en 1556.

Presque tout le côté gauche de la rue d'Écosse appartenait aussi à Sainte-Barbe, qui en tirait revenu au moment de la réunion des petits collèges à Louis-le-Grand, et il se décomposait ainsi : maison à l'enseigne de l'Écusson, maison à l'image du Mûrier et une troisième, dont le pavillon reste pour nous anonyme. La rue d'alors ne manquait pas de boutiques ; elle n'avait pas, comme à présent, pour unique industrie de loger en garni une population relativement nombreuse. Au commencement de la grande révolution, d'autres états s'y exerçaient encore, la trinité de maisons sus désignée ayant pour locataires Ganot, relieur, Chichereau, relieur aussi, dont l'atelier avait été précédemment celui de Bradel, inventeur, des reliures à la Bradel, et Marchai, imprimeur, dont la location s'ajouta, en 1792, à celle de Chichereau. Lesdites propriétés avaient été substituées par le collège Sainte-Barbe aux débris d'un grand et vieux logis, portant l'image du Chaudron et relevant du chapitre de Saint-Marcel. Robert du Guast, curé de Saint-Hilaire, dernier principal de Cocqueret, avait doté Sainte-Barbe, en 1556, de cette maison au Chaudron, qu'habitait de son temps Monde, libraire juré, et sa femme, née Jeanne du Guast, proche parente du donateur.

Nous avons donc retrouvé cette enseigne qui valut à la rue trois siècles de chaudronnerie. Découverte qui fera, par malheur, peu de bruit dans la localité. A quoi donc pensent les étameurs qui, en assez grand nombre, couchent à la nuit dans cette rue, comme pour faire croire aux archéologues qu'elle s'appelle encore du Chaudron ?

Le collège des Ecossais, qui eut d'abord pour noyau quatre bourses, grâce à Jacques de Béthune, ambassadeur en France de Marie Stuart ou de Jacques II, son fils, valut à cette voie publique le nom qu'elle n'a plus quitté. Mal avisés ont été plusieurs écrivains, nos devanciers, d'oublier que cette institution s'inaugura rue des Amandiers-Sainte-Geneviève (rue Laplace), à deux pas de Cocqueret, de Reims et de Sainte-Barbe, pour n'être transférée qu'en 1665 dans la rue des Fossés-Saint-Victor, qui n'est pas aussi voisine de notre rue d'Ecosse !

 


 

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