Histoire de Paris
Cette rubrique vous livre l'histoire de Paris et de ses arrondissements. Origine, évolution, de la capitale de la France. Pour mieux comprendre la physionomie du Paris d'aujourd'hui, plongez-vous dans les secrets de son passée.
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LES PREMIERS PARISIENS OU HABITANTS DE LUTECE
(D'après Paris à travers les siècles, histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu'à nos jours, paru en 1879)

Les arènes de Paris. – Le palais des Thermes. – Les cimetières . – Les aqueducs et le bassin. – Costumes des Parisiens. – Leurs coutumes. – Les Huns. – La vierge de Nanterre. – Childéric. – Clovis. – Paris capitale.

De tous côtés, au reste, on commençait à parler des Parisiens, ce nom avait frappé l'oreille des Huns barbares qui ravageaient la Gaule et qui s'apprêtaient à fondre sur la ville dont ils avaient entendu vanter les agréments. Bientôt Paris apprit avec terreur, que sous la conduite d'Attila, les barbares approchaient.
L'effroi fut général ; on racontait que ces Huns abhorrés avaient été engendrés dans les déserts de la Scythie par des sorcières accouplées avec les
esprits infernaux. Quelques-uns les avaient vus dans les Gaules, avec leur crâne pointu, leur teint livide, leurs petits yeux enfoncés dans la tête, leur nez écrasé, leurs larges épaules, vivant de viande crue et de lait aigre et buvant le sang de leurs chevaux quand les vivres leur manquaient ; et la frayeur qu'ils inspiraient était une véritable épouvante.

Déjà, les Parisiens du haut des remparts nouvellement construits pour défendre la cité, croient voir au loin la poussière soulevée par l'innombrable cavalerie du puissant chef Hunnique, les piques aiguës des bandes qu'il traîne à sa suite ; ils ne songent plus à s'armer et à s'unir pour repousser le terrible envahisseur, – ils ne pensent qu'à fuir, en emportant ce qu'ils ont de plus précieux. En 375, Paris avait été une première fois assiégé par Maximus, général romain proclamé empereur par les légions de la Grande Bretagne, et qui avait dessein de venir s'emparer de Grotien qui résidait temporairement à Paris. Celui-ci rasembla ses troupes à la hâte et Marcha à la rencontre de l'usurpateur, mais il fut trahi par ses soldats, et dut se réfugier à Lyon où il fut massacré.

Paris avait ouvert ses portes à Maximus. Or, cette, fois encore, on craignait l'entrée d'un vainqueur, que l'on surnommait de fléau de Dieu, et qui, sans nul doute, allait tout mettre à feu et à sang. La panique était générale,
Ce fut alors qu'une femme, une modeste bergère, tenta d'empêcher cette

Sainte Geneviève de Paris
émigration en masse. Geneviève, née à Nanterre, près Paris, en 422, fille de Sevère et de Gérontia sa femme, gardait les troupeaux, et si l'on en croit les chroniqueurs, elle avait eu occasion de converser avec saint Germain d'Auxerre et lui avait promis de se consacrer à Dieu ; elle jouissait d'une réputation de sainteté qui se traduisit par de nombreux miracles. Mais si on écarte tout le côté miraculeux dont la tradition s'est plu à l'entourer ; il en reste une poetique figure qui est demeurée pleine de charme, en raison de la simplicité touchante avec laquelle l'humble paysanne s'est montrée dévouée pour sa patrie, et son souvenir a traversé les âges pour arriver jusqu'à nous comme l'expression la plus pure de la bienfaisance féminine.

Voyant tout Paris consterné à la nouvelle de la marche d'Attila, elle eut honte de la terreur que montraient ses concitoyens et essaya de calmer les esprits en assurant que les Parisiens n'avaient rien à craindre et qu'ils devaient continuer à demeurer chez eux. Quelques-uns suivirent ce conseil et le répandirent, mais d'autres l'accusèrent de vouloir les abuser par de vaines paroles, alors que l'ennemi était prêt à fondre sur eux. Des menaces de mort s'élevèrent et il fut question de la lapider. Ceux qui étaient les plus animés contre elle prétendirent qu'ils agissaient de la sorte parce qu'ils étaient d'avis de se défendre contre les Huns et firent mine de courir aux armes.

Geneviève qui, en ce moment, s'occupait d'arrêter les fuyards et les suppliait de regagner leur logis, monta alors sur une éminence ; et d'une voix qui dominait le tumulte, elle s'écria : Gens de Paris, mes amis, mes frères, on vous trompe, vos prétendus défenseurs qui courent aux armes ne vous effraient que pour mieux vous rançonner ; Attila s'avance, il est vrai, mais il n'attaquera pas votre ville, c'est au nom de Dieu que je vous en donne l'assurance. A ces mots, de nouvelles et bruyantes clameurs s'élevèrent, la foule s'agita sous des impressions diverses la plupart ne doutèrent plus qu'elle fût douée du don de prophétie, tous se rassurèrent et rentrèrent chez eux. L'événement donna raison à Geneviève.
Attila changea son itinéraire et vint fondre sur Orléans qu'il se disposait à piller lorsqu'il fut vaincu par Aétius et Théodorie.

Paris était sauvé. On attribua son salut aux prières de la bergère. A partir de ce moment elle devint l'idole des Parisiens qui la vénérèrent comme une sainte. Là ne devaient pas s'arrêter les effets de sa protection. Après qu'Attila eut été vaincu, les Visigoths firent des progrès dans les Gaules ainsi que les Bourguignons. Les Francs, sous la conduite de Mérovée, s'avancèrent jusqu'à la Seine, et sous Childeric, son successeur, ils passèrent la Loire.

Qu'étaient les Francs ? Une fédération d'hommes du Nord qui se recrutait un peu partout, soit en Germanie, soit sur la rive boréale de la mer du Nord ; ils s'appelaient eux-mêmes les hardis ; les indomptables, et formaient la plus civilisée des peuplades barbares ; l'historien Martial nous a laissé le portrait de ces belliqueux conquérants : « Taille haute, peau très blanche, yeux bleus étincelants, voix terrible ; leur visage est rasé à l'exception de la lèvre supérieure où croissent deux petites moustaches, les cheveux coupés par derrière, longs par devant, sont blonds ; leur habit est si court qu'il ne couvre point le genou, si serré, qu'il laisse voir toute la forme du corps. »

« Ils portent un baudrier garni de clous et de plaques argentées ou damasquinées, dit l'auteur des Mémoires du peuple français, ils nouent un couteau de fer à leur large ceinture en cuir où pendent une épée lourde, extrêmement coupante, une franciske, hache à deux² tranchants, dont le fer est épais et acéré, dont le manche est très court ; un hang, pique de moyenne longueur, dont la forte pointe est armée de plusieurs barbes en crochets tranchants et recourbés comme des hameçons, des lames de fer en recouvrent le bois, de façon qu'il ne puisse être brisé ni entamé à coups d'épée. »

Le Franc ne quittait jamais ses armes, fût-ce pour se rendre à une fête ou à un festin sobre, il se nourrissait de chair de porc et d'urus et buvait de l'hydromel.
Sa femme, la future Parisienne, portait : une robe longue et noire ou une robe bordée de pourpre, elle marchait les bras nus et le sein découvert. Elle couronnait volontiers son front de genêt fleuri et ne dédaignait pas d'assister son mari dans les combats. Tous deux se battaient avec une mâle intrépidité et leur courage suppléait souvent au nombre, car les compagnons de Clovis n'étaient guère que 5 a 6, 000, quand ils vinrent attaquer les Parisiens. Aussi les Gallo-Romains avaient peur de ces aillants, et selon Zozime et Orose, une prophétie répandue dans la Gaule annonçait le triomphe des Francs dgnt Libanius dit : « Ces peuples ont reçu de nous des gouverneurs à titre d'inspecteurs de leurs affaires. »

Les Francs avaient commencé par troubler les Gallo-Romains depuis l'an 242 sous le règne de Tacite ils possédaient déjà soixante-dix villes en Gaule.
Mais Paris était celle qu'ils désiraient surtout. Elle était si belle sous ce chaud baiser du soleil couchant, avec le cours sinueux de son paisible fleuve qui se déroule comme une large ceinture d'argent autour des petites îles qui scintillent avec leur parure d'émeraude, comme les purs joyaux de la couronne de la future reine du monde civilisé. Clodion Critinus, c'est-à-dire le Chevelu, Mérovée, le guerrier, la convoitaient. Sous le premier de ces rois Francs elle avait été forcée de se racheter du pillage. Mérovée, le guerrier, essaya aussi de s'en emparer et Childéric, dont le nom signifiait fort au combat, se décida à l'attaquer.

En 476 il fondit à l'improviste sur Paris et tous ses efforts tendirent à couper les communications par la Seine en arrêtant les barques. Bientôt la ville manqua de vivres et la famine commençait à s'y faire cruellement sentir. Bien décidés à résister aux agresseurs, les Parisiens en étaient réduits à se nourrir de racines et de poisson, mais le pain manquait absolument et chaque jour on les voyait plus tristes et plus décourages. Ce spectacle navra le cœur de Geneviève qui entreprit de ravitailler Paris. Elle s'embarqua sur une petite flottille, composée de bateaux

Vedette gauloise
de pêcheurs et trompant la surveillance de l'ennemi, elle parvint à sortir comme par miracle de la ville assiégée.

Son voyage dura neuf jours et les chroniqueurs nous ont complaisamment d'écrit les nombreux miracles qui le signalèrent ; toujours est-il que les assiégés, de plus en plus en proie à la famine, se lamentaient et se désespéraient en ne la voyant pas revenir, lorsqu'une vedette placée au haut d'une tour signala au loin quelque chose qui semblait flotter sur la Seine. Les Parisiens accoururent en foule et bientôt au milieu des acclamations et des cris de joie, Geneviève fit son entrée à Paris avec onze bateaux chargés de vivres de toute espèce dont elle surveilla elle-même le partage. Cela n'empêcha, pas Childéric de se rendre maître de Paris, ou il demeura peu. Mais les Parisiens par reconnaissance adoptèrent la bergère de Nanterre pour patronne de Paris sous le nom de sainte Geneviève.

Quant à Childéric, tout païen qu'il était, dit un vieil historien, il avait une considération toute particulière pour Geneviève et ne savait rien refuser. Un jour qu'il avait résolu d'employer la dernière sévérité contre des criminels condamnés à mort, il sortit de la ville et en fit fermer les portes pour se mettre à couvert des sollicitations de la sainte. Elle ne laissa pas de trouver moyen de se présenter devant lui et ses prières obtinrent la vie dés criminels.Ce fut sous le règne de ce roi que Geneviève forma le dessein de bâtir une église sur le tombeau de saint Denis ; mais n'ayant pas à sa disposition les fonds nécessaires elle engagea par ses prières et ses exhortations le clergé et le peuple de Paris à en faire les frais, puis elle chargea un prêtre du nom de Genès de la construire.

Ce fut l'abbaye de Saint-Denis. Clovis, fils et successeur de Childéric, n'eut pas moins de vénération que son père pour la Vierge de Nanterre, et plusieurs fois, lui aussi, il lui accorda la grâce de malheureux qui étaient condamnés à mourir.
Ce prince jeta pour ainsi dire les fondements de la grandeur future de Paris.
Lorsque après la bataille de Tolbiac il se convertit au christianisme, il résolut de faire de cette ville le principal siège de son empire. Lutèce avait commencé par être bourgade sous les Gaulois. Elle était devenue cité sous les Romains. Elle allait être capitale d'un royaume sous les Francs.

 


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