Cafes, hotels, restaurants de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des cafés, hôtels et restaurants de Paris : comment ils ont évolué, par qui ils ont été fréquentés. Pour mieux connaître le passé des cafés, hôtels et restaurants dont un grand nombre existe encore.
magazine d'histoire, chroniques anciennes, le Paris d'antan, périodiques du passé
de la rubrique
Cafés/Restaurants
CLIQUEZ ICI

LA BRASSERIE DE SAINT-SÉVERIN
(D'après Les cafés artistiques et littéraires de Paris, paru en 1882)

A peu de distance du café de la Renaissance, dans la rue Saint-Séverin, se trouve la brasserie de ce nom. Etablissement modeste et sans prétention à la célébrité, la clientèle des hommes de la Commune lui valut en peu de jours une certaine renommée. Les anciens habitués du café Louis XIII, les politiques vaincus de la brasserie Andler et du restaurant Laveur, devenus de hauts fonctionnaires sous le gouvernement du Comité de salut public, se rendirent à la brasserie Saint-Séverin pour boire de nombreux bocks, rédiger leurs proclamations insensées, préparer des arrestations, ordonner les marches des milices communales contre les Versaillais. Tous, ils étaient en bottes à l'écuyère, couverts de galons, armés de sabres et de revolvers ; Tridon, cependant, n'eut jamais de goût pour l'uniforme.

Du reste, il était contrefait, maladif, d'une laideur remarquable. Bon, quand il n'était pas surexcité par la politique ou la boisson ; nous ne voulons point dire par là qu'il avait l'habitude de se griser ; il était au contraire très sobre, mais un verre de bon vin pur lui faisait perdre la tête ; – lorsqu'il parlait politique, il s'animait tellement, que souvent, tenant un couteau à la main, il en menaçait ses interlocuteurs. Les frères Levraud, l'un médecin de l'ex-préfecture de police, l'autre chef de la première division à cette même préfecture ; Genton, homme violent et sachant à peine lire et écrire, nommé magistrat de la Commune, fréquentaient également la brasserie. Au-dessus d'eux planait Raoul Rigault, qui assistait souvent à ces réunions.

Le sinistre procureur général de la Commune arrivait à cheval, faisait caracoler sa monture sur le boulevard Saint-Michel, et, derrière son double lorgnon, regardait effrontément les femmes. Toute la bande des individus employés alors à la préfecture suivait Rigault, et lui formait une cour brillante et distinguée, comme on peut se l'imaginer.

Quant à la brasserie Andler, rue Haute-feuille, elle avait pour client principal le peintre Courbet ; elle eut dans un temps une réputation assurément méritée. Le célèbre déboulonneur allait manger au restaurant Laveur, rue des Poitevins, son ami Chaudey l'accompagnait souvent ; on parlait de peinture républicaine et de réformes sociales.

 


:: HAUT DE PAGE    :: ACCUEIL

magazine d'histoire, chroniques anciennes, le Paris d'antan, périodiques du passé
de la rubrique
Cafés/Restaurants
CLIQUEZ ICI