Cafes, hotels, restaurants de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des cafés, hôtels et restaurants de Paris : comment ils ont évolué, par qui ils ont été fréquentés. Pour mieux connaître le passé des cafés, hôtels et restaurants dont un grand nombre existe encore.
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LE CAFÉ MANOURY – CAFÉ MOMUS, – DE DANEMARK
(D'après Les cafés artistiques et littéraires de Paris, paru en 1882)

Au temps où le Pont-Neuf était ce que sont les boulevards, un lieu de promenade pour les flâneurs, un centre où l'on venait chercher des nouvelles, c'est-à-dire sous les règnes de Louis XIV et de Louis XV, les cafés des environs avaient une clientèle spéciale. Le palais, où siégeait le Parlement de Paris, attirait beaucoup de monde, plaideurs, avocats, procureurs, magistrats, en un mot toute cette population nombreuse, vivant aux dépens de ceux qui ne peuvent s'entendre à l'amiable, se précipitait sur l'antique résidence des rois.

Les amateurs des livres nouveaux s'y rencontraient également, les quais de l'Horloge et des Orfèvres avaient leurs boutiques de riches marchands, le Pont-au-Change possédait encore ses changeurs, dont il avait pris le nom, il n'était pas jusqu'au Châtelet, remplacé par la place de ce nom, qui ne contribuât à attirer sur ce point central beaucoup de gens affairés.

Du coin de la place de l'Ecole, où est situé le café Manoury, on avait devant soi le château de la Samaritaine dont le pied était dans la Seine. Le courant mettait en mouvement des roues qui à leur tour faisaient mouvoir une pompe ; l'eau lancée dans des tuyaux allait alimenter les fontaines du quartier. Manoury a conservé un cachet spécial qui rappelle le bon vieux temps. Il n'a rien sacrifié au clinquant, sa clientèle a toujours un air de gravité qui fait bien dans cet encadrement. Ce sont des avocats, des avoués qui y déjeunent avant de se rendre au Palais ; les joyeux viveurs ne se sentiraient pas à l'aise au café Manoury. Le quai de l'École a vu disparaître ses vieilles maisons, le Pont-Neuf a été élargi, ses boutiques ont disparu, le château de la Samaritaine démoli est devenu un établissement de bains et son carillon si renommé ne mêle plus ses bruits harmonieux au clapotement de la Seine ; seul le café Manoury, au milieu de tous ces changements, a conservé sa physionomie. Le carillon de la tour de Saint-Germain-l'Auxerrois rappelle pourtant celui du célèbre château qui se trouvait à quelques centaines de pas de la vieille église.

Le café Manoury date du règne de Louis XVI, son fondateur, Manoury, fit un traité sur le jeu de dames ; cet ouvrage, au dire des amateurs, est excellent ; les fidèles du jeu de dames fréquentent encore ce vieil établissement.

En face de Saint-Germain-l'Auxerrois, voisin du Journal des Débats, existait, rue des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois, le café Momus, qu'a rendu célèbre Henry Mûrger. Cet établissement a disparu ; il a été remplacé par un marchand de couleurs. Quand on passe devant la petite boutique qui fut le café Momus, on songe à Rodolphe, à Musette, au philosophe Colline, à Schaunard, les héros de la Vie de Bohême.

En revenant vers le Palais-Royal, rue Saint-Honoré, à deux pas de la rue de Valois, on rencontre le café du Danemark, rendez-vous de beaucoup de Scandinaves qui ont émigré du café de la Régence. On y reçoit les journaux de la Suède, de la Norvège et du Danemark ; les touristes de ces contrées, qui viennent visiter la France et surtout voir Paris, peuvent donc y lire les journaux de Stokholm, de Christiania, de Copenhague. On y joue aussi aux échecs.

 


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