Vie quotidienne a Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de la vie quotidienne d'autrefois à Paris, consignant les activités, moeurs, coutumes des Parisiens d'antan, leurs habitudes, leurs occupations, leurs activités dont certaines ont aujourd'hui disparu. Pour mieux connaître le Paris d'autrefois dans sa quotidienneté.
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INCENDIES et POMPES
(D'après Tableau de Paris, par Louis-Sébastien Mercier, paru en 1782)

Les incendies modernes les plus violents, sont celui de la chambre des comptes, du 27 octobre 1737 ; les deux de l'hôtel-dieu, du 1er août 1737, et du 30 décembre 1772. On n'a pu savoir au juste le nombre des malheureux qui, dans ce dernier désastre, ont péri, étouffés dans les flammes. La gazette de France a si bien menti à cette époque ! Mais il paraît qu'il n'y a guère eu moins de douze à quinze cents victimes. Comptons l'incendie du Pont-au-Change, le 26 janvier 1746. Sept à huit filles ouvrières en chapes et chasubles, enfermées sous la clef par leur maîtresse jalouse de maintenir leur chasteté, furent brûlées vives. Leur chambre étant garnie de barreaux de fer, elles ne purent se jeter dans la rivière.

Ce fut un spectacle affreux que d'entendre leurs cris, et de les voir périr sans pouvoir leur porter du secours. Comptons l'incendie de la foire Saint-Germain en 1760 : il dévora la plus magnifique charpente qui fût en Europe. Comptons l'incendie de l'opéra en 1763, qui nous a valu une salle plus belle et plus commode. Comptons enfin l'incendie du palais, le 11 janvier 1776, et qui n'a peut-être pas été l'ouvrage du hasard. Il a rappelé l'incendie de la plus grande partie des bâtiments de ce même palais, arrivé le 7 mars 1618. On dit que ce furent les complices de la mort de Henri Iv qui y firent mettre le feu ; croyant par-là brûler le greffe et le procès de Ravaillac. Sans l'attention et les soins du greffier Voisin, les registres du parlement auraient été brûlés. Ce n'est que depuis quelques années, que le service des pompes procure au public un secours convenable, prompt et gratuit.

On assujettissait autrefois à une amende le particulier dans la maison duquel le feu avait pris : qu'arrivait-il ? Le particulier voulait éteindre le feu lui-même, n'appelait personne : la maison était embrasée, et bientôt le quartier. Aujourd'hui, au moindre indice de feu, on peut appeler, et s'adresser directement au dépôt où sont les pompes et les gardes pompes, avec leurs casques, leurs haches : auprès sont des voitures d'eau toutes prêtes. On ne paie plus d'amende, et il n'en coûte absolument rien pour être secouru. C'est aux soins de M De Sartine, que l'on doit les précautions les plus sages, les plus mesurées et les mieux vues.

Le régiment des garde-française, qui ne faisait auparavant que surcharger la ville d'un poids fatigant et la scandaliser par des délits atroces, rendu utile enfin, a reçu ordre du colonel de sortir des casernes au premier avis d'un feu, de se porter à l'incendie avec des détachements, et là de donner tous les secours, selon la nature du danger. Les soldats, munis des ustensiles nécessaires, travaillent avec une célérité et un succès admirables. Il est rare que les incendies, depuis ce nouvel ordre, fassent de grands ravages. Cet établissement fait voir qu'il est possible de perfectionner également, et l'une après l'autre, toutes les parties de la police ; puisque celle-ci, si défectueuse il y a vingt ans, excite aujourd'hui l'admiration et la reconnaissance des citoyens.


 

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