Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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LE PARVIS
(D'après Paris, 450 dessins inédits d'après nature, paru en 1890)

Entre la caserne de la Cité et le grand portail de Notre-Dame, s'étend la place du Parvis, énormément agrandie depuis l'origine des temps. Elle a vu bien des drames, elle a entendu bien des amendes honorables, les protestations de Jacques de Molay, et les aveux contraints du marquis de Favras. De tous ces souvenirs tragiques du passé, nous ne retiendrons qu'une légende, où la fable et la vérité se sont confondues à dose presque égale dans l'imagination des

Cour principale de l'Hôtel-Dieu, en façade sur le Parvis
ancêtres parisiens.

Écoutons la fable d'abord, elle est plus intéressante et mieux vêtue que sa concurrente dame Vérité.

En l'an 464, Artus, roi de la Grande-Bretagne, fils d'Uther, surnommé Pendragon, descendit en Gaule, où il fit de grands ravages. La Gaule était alors gouvernée pour l'empereur Léon par le tribun Flollo, qui se retira dans Paris et s'y fortifia. Artus défia Flollo en combat singulier ; le tribun accepta et la rencontre eut lieu sur la pointe orientale de l'île de la Cité, à la lance et à la hache ; Artus, blessé tout d'abord à la tête et aveuglé par le sang, invoqua la vierge Marie, laquelle lui apparut devant tous et le couvrit de l'envers de son manteau, qui semblait « être fourré d'hermine ». Flollo, ébahi de ce miracle, perdit la vue, et Artus n'eut que la peine de le tuer sans défense. Artus, en mémoire de la vision miraculeuse, prit pour armes les hermines, qui sont demeurées après lui aux rois et princes de Bretagne. 11 voulut aussi consacrer le souvenir de son triomphe, et fit élever devant le lieu même du combat une chapelle en l'honneur de la Vierge, laquelle chapelle est devenue la grande église cathédrale de Paris. Après quoi, Artus regagna son île bretonne et y fonda l'ordre des chevaliers de la Table Ronde, conservée, comme chacun sait, dans l'église de Winchester.

Passée au crible de la critique historique, cette légende ne laisse qu'un bien faible résidu. Le fait est que Flollo est une des formes du nom de Gillon, en-tafia .Egidius, Guy en français moderne ; il était chevalier romain, maître de la milice des Gaules, résidant à Soissons, et avait succédé l'an 457 à Childéric banni par ses sujets ; mais Childéric fut rappelé en 464, et Gillon, battu avec ses troupes auxiliaires, fut tué, non par le fabuleux Artus, mais par le très réel Guinand ou Guinemand, qui avait eu toute sa confiance.

Avant la Révolution, le côté sud de la place du Parvis-Notre-Dame était bordé par le principal bâtiment et par la grande entrée de l'Hôtel-Dieu ; à l'ouest, par l'hospice des Enfants-Trouvés ; au nord, par un quartier populeux où l'on comptait trois églises : Saint-Denis-dela-Chartre, Saint-Landry, Sainte-Madeleine et une dizaine de rues étroites et misérables, les rues du Haut-Moulin, des Marmousets, Saint-Christophe, de la Licorne, des Trois-Canettes, de Perpignan, Glatigny, Saint-Landry, etc. Il n'en subsiste rien ; la Cité a été rasée de fond en comble entre les deux rives de la Seine, nord et sud, entre la cathédrale à l'est et la caserne de la garde républicaine à l'ouest. La partie méridionale du Parvis, que resserrait autrefois l'Hôtel-Dieu, a été transformée en une sorte de jardin anglais, au centre duquel s'élève la statue équestre de Charlemagne, par le sculpteur Rochet.



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