Notice écrite en 1857. La nouvelle rue de Rennes a englobé depuis, toute la rue Beurrière, entre la rue du Four-Saint-Germain et la rue du Vieux-Colombier.

On la nommée encore en 1680, rue de la Petite-Corne, et c'était de couleur locale. Sa forme rappelait, sur la carte de Paris, la moitié de ce que Molière faisait craindre à tous les maris. La rue n'a pas changé de parcours ; mais une autre dénomination, due au XVllle siècle, rappelle les étalages de marchandes de crème battue dont elle s'encombrait, entre le marché de l'Abbaye et la foire Saint-Germain.

Le commerce principal qu'on y fait actuellement n'a rien de pastoral. Le demi-jour y suffit, dans des chambres dont le tassement rend le carrelage inégal depuis le règne de François Ier, et dont l'escalier de mauvais augure devrait pourtant bien rappeler de quelle maladie ce roi mourut.

Rue de mauvaise compagnie, je ne dis pas non ! Ses portes sont bâtardes et sa population abâtardie ; l'espionnage ou le qui-vive entrebâille ses lucarnes, quand ce n'est pas un signal à donner ou à recevoir, ou une provocation peu désintéressée à la débauche. Les peureux ne s'engagent dans cette venelle que boutonnés jusqu'au menton, les deux mains sur leurs poches, et les délicats ont beau prendre la précaution d'y marcher au milieu, il leur arrive encore de se gratter ; mais les curieux, qui tiennent à tout voir, se promettent de repasser par-là. L'eau trouble dans laquelle on y pêche n'empêche pas d'y laver du linge le sieur Evette ne tient-il pas un lavoir au n° 4 ? Mais l'eau dans laquelle des prêtresses aiment à tremper non seulement un tison allumé au foyer des sacrifices, mais encore ce foyer lui-même, n'en devient rien moins que lustrale. Les n°s 3, 11 et 21 sont des maisons où, pour le prix d'une livraison des Anciennes Maisons de Paris, on élude la sujétion d'avoir une femme et des enfants à soi.