Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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PLACE ET RUE D'ANGOULÊME, naguère d'Angoulême-du-Temple
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, paru en 1875)

Notice écrite en 1856. La rue d'Angoulême, qui n'ajoute plus rien à son nom patronymique depuis qu'elle eu partage le monopole avec la place qui lui appartient, se prolonge maintenant jusqu'au boulevard ci-devant extérieur, ou peu s'en faut. Elle est traversée dans son ancien parcours par le nouveau boulevard du Prince-Eugène et par le nouveau boulevard Richard-Lenoir, qui couvre et borde le canal Saint-Martin.

Le Chevalier de Crussol :
Les Crussol sont une ancienne famille, identifiée à celle d'Uzès. Alexandre-Emmanuel chevalier de Crussol, capitaine des gardes du comte d'Artois et administrateur du grand-prieuré de France, dont ce prince était grand-prieur, présida à l'ouverture des rue et place d'Angoulême au Marais, sur des terrains appartenant au Temple. La place était le lit de l'ancien fossé de la ville. Le premier pavé fut posé aux dépens du grand-prieuré, et il fut déclaré que les constructions y seraient exemptes du logement des gardes-françaises et suisses, ainsi que des droits de voirie. La rue n'était encore bâtie, que çà et là quand un riche financier s'y installa dans son hôtel, n° 8. Il ne reste plus qu'une portion du jardin qui attenait à cette propriété, un nouveau corps de bâtiment s'étant élevé sur le reste.

Chapard :
La place d'Angoulême figure la moitié d'une tour creuse deux bâtiments réguliers la composent et se séparent pour livrer passage à la rue. L'une de ces deux maisons appartenait d'origine, aussi bien que la maison adjacente de la rue des Fossés-du-Temple, à Daniel Aubert, peintre et sculpteur, qui demeurait aux Petites-Écuries du roi. L'autre a été postérieurement hôtel du général Saint-Hilaire : dix soldats pouvaient monter de front son escalier. Mme Morin y a fondé ensuite, à l'enseigne du Capucin du Marais, un restaurant, que tient depuis longtemps Chapard, son gendre. Chicard y a donné quelques-unes de ses fêtes nocturnes, dans le temps qu'à duré la régence de ce dernier des princes du carnaval. Les repas et les bals de noces demeurant la spécialité de la maison, le violon et la trompette Sax s'y font entendre plusieurs fois par semaine, et vingt petites actrices des théâtres du boulevard, qui couchent par-là, pourraient s'en plaindre ; mais elles s'en gardent. Les reprises de l'orchestre font tressauter l'amour, sans qu'il s'en fâche, dans les nids où le sommeil est purement accessoire !


Le Vin du Ministre de la Guerre :

Pendant plusieurs années, le restaurant Chapard avait une succursale à l'école de natation du quai d'Orsay ; c'est lui qui défrayait de verres d'absinthe et de bifsteacks. Les consommateurs en caleçon et en peignoir de ces bains en, Seine courante. Le maréchal de Saint-Arnaud, n'étant enclore que ministre de la guerre, était l'un des Tritons les plus assidus que Chapard y servît. Le vin que préférait le maréchal, et dont il vidait deux flacons, n'était rien moins que du Saint-Péray. D'autres affectionnent ce vin à l'état mousseux et frappé ; plusieurs le veulent sec, mais frappé : Saint-Arnaud le demandait sec, sans robe de glace. De là vient qu'aujourd'hui encore, dans les repas de corps du salon-rond et dans les déjeuners en tête à tête, chez Chapard, l'habitué se fait comprendre à demi-mot en disant au garçon : Servez-nous une bouteille de vin du ministre de la guerre.


 

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