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RUE DU CHEMIN VERT,
naguère rue des Amandiers-Popincourt XIe arrondissement de Paris (D'après Histoire
de Paris rue par rue, maison par maison, paru en 1875)
Notice écrite en 1856. La rue des Amandiers-Popincourt n'est plus maintenant que le prolongement de celle du Chemin-Vert. On y a détruit l'abattoir Popincourt, dont on parle de faire un marché, entre l'avenue Parmentier élargie, qui ne se prolonge encore qu'à droite, jusqu'à la place du Prince-Eugène, et la rue Saint-Maur. Plus haut passe en travers la nouvelle rue Servan. Plus haut encore, dans la ci-devant banlieue de Paris, on rencontre, en marchant tout droit, une autre rue des Amandiers. L'amorce d'une avenue nouvelle de ce nom tient à la nouvelle place du Château d'Eau.
Parmentier, Broussonnet et Lhéritier
: Le 17 décembre 1813, un agronome célèbre par sa philanthropie, et qui a doté l'ancien monde du plus précieux trésor du Nouveau-Monde, la pomme de terre, mourait dans la maison n°20. C'était un grand chercheur que Parmentier, et ses écrits nombreux témoignaient d'une bonne volonté qui sait tenir lieu de style et de talent. Je voudrais au moins, disait-il avec une modestie qui au fond, était du génie, – je voudrais faire l'office de la pierre à aiguiser, qui ne coupe pas, mais qui dispose l'acier à couper... Parmentier n'avait pas trouvé le temps de se marier, mais l'amertume du célibat lui avait été épargnée par les soins affectueux d'une sœur, qu'il eut le chagrin de perdre dans une des dernières années de sa vie. Il avait été aux armées inspecteur du service de santé, et il avait dans ses fonctions contracté l'habitude d'une franchise carrément bourrue qui ne rendait que plus touchantes la bienveillance et l'humanité tendres faisant vite tomber ce masque de brusquerie. Deux neveux lui prodiguaient les marques d'attachement et les consolations durant sa suprême maladie, suite d'une affection chronique des poumons. Au moindre instant de relâche, dans les douleurs de l'agonie, leur oncle les interrogeait, avec une anxiété plus pénible que son propre mal, sur le sort des blessés que l'empereur, dans sa mémorable retraite, avait laissés forcément en arrière. Avait-il donné lui-même, peu après le 18 brumaire, l'hospitalité à ses deux amis, le botaniste Lhéritier et le naturaliste Broussonnet ? Leur avait-il, au contraire, succédé dans la maison qu'ils occupaient en commun ? De toute façon la demeure de tous trois fut sous le même toit dans cette rue Broussonnet, girondin proscrit, avait voyagé en Espagne et dans le Maroc, avant de se rapatrier ; il avait collaboré avec Parmentier à la Feuille du Cultivateur. Lhéritier, ruiné par la Révolution, avait accepté une place au ministère de la justice ; il périt l'année 1800, assassiné à quelques pas de la maison qu'il habitait avec Broussonnet.
Adam. Le Classique de la Porcelaine : La Folie-Genlis. Carbonneau : Aujourd'hui la Folie-Genlis est divisée, mais ce n'est pas en infiniment petits. Les n° 30 et 32 offrent encore une habitation assez vaste, avec deux grands jardins qui en faisaient partie. Le n° 28 comporte : 1° l'ancien pavillon du jardinier, érigé en maison bourgeoise et flanqué d'une loge, ancienne salle de bain, où des rideaux sont figurés en plâtre sur une façade qui joue la tente dressée en camp volant, pavillon entouré de plantations agréables ; 2° deux autres de construction gothique, édifiés sous le premier empire par Garbonneau. L'un de ces pavillons sert de logement et d'atelier à un fabricant de marbres artificiels ; l'autre est entièrement tapissé de lierre qui grimpe toujours, comme l'échelle de Jacob ; on n'en voit plus que les fenêtres ogivales, qui semblent des yeux ouverts par le moyen âge sur le notre, tous deux sont encadrés par un petit parc, dont la plupart des arbres ont assisté aux promenades et aux ébats de l'auteur des Veillées du Château. La spirituelle femme, auteur de cet ouvrage, veillait souvent. Le corps de bâtiment qui donne sur la rue et qu'y habitent maintenant des ouvriers, est antérieur aux galanteries du conte de Genlis, dont ce spacieux et aimable domaine fut le théâtre seigneurial avant d'être particulièrement à la disposition de la jeune et illustre femme du comte. L'intérieur de l'hôtel était enrichi de peintures et de sculptures merveilleuses. Un petit temple grec, orné de statues, figurait dans ses dépendances. Il avait un parloir en glace, dont l'entrée était défendue par un guerrier armé : la lance de ce guerrier, mue par un ressort, tombait et était présentée, pour faire honneur aux visiteurs admis. La comtesse habitait le Palais-Royal, comme gouverneur des fils du duc de Chartres ; elle y retrouvait ces appartements du régent dont la décoration, jusqu'alors conservée telle quelle, rappelait plus de folles nuits que la petite maison de M. de Genlis, quelque bien roué qu'il eût été, n'avait pu en compter à la barrière Pincourt. Mme de Genlis avait aussi, pour ses élèves, un château à Bercy, un château à Saint-Leu, dans lequel elle apprit un jour qu'on démolissait la Bastille. C'étaient ses menus-plaisirs qui siégeaient rue des Amandiers, où elle recevait des gens de lettres, son cousin, le comte de Tressan, le chevalier Gluck et Buffon : elle voyait ces élus avec autant de plaisir qu'elle avait voué de haine à Voltaire, à la Dubarry et à beaucoup d'autres, philosophes ou courtisans. Les 100,000 livres de revenu que lui valaient les éducations princières permettant à Mme de Genlis de ne pas vendre les livres qu'elle écrivait, elle se contentait alors, pour commencer, des intrigues politiques, arrangées, dérangées incessamment par celles de l'amour. De première force sur le clavecin et sur la harpe, elle jouait aussi la comédie avec aisance, et puis elle dansait à ravir. Que s'il y avait déjà dans ses menuets un peu de carmagnole, c'est sans doute qu'elle prévoyait tout. Est-il un exercice du corps dans lequel elle n'excellât pas, en changeant au besoin de sexe ? Les tendances satiriques de son esprit lui faisaient un mérite de celui qui manquait aux autres ; aussi avait-elle à revendre de la satire par fines allusions, dès que la nécessité l'y contraignait. Le moyen, après tout, de conserver de l'ordre dans ses propres affaires, lorsqu'on s'occupe si fort de celles des autres ! L'adroite princesse, que ses envieux prenaient pour un démon, avait ses jours de dévotion, de retraite, et s'essayait au métier d'ange, avec la même vivacité et autant d'entraînement réel au couvent qu'au milieu des tourbillons du monde. Heureuses d'ailleurs, les pécheresses qui ont leurs heures de remords, de repentir, de pénitence ! Certainement sensible à l'excès, comment la spirituelle Mme de Genlis fût-elle restée sourde à ces avertissements qui tombent du ciel au plus fort des orages du cœur, après la rosée des plaisirs ? En sortait d'un bain de lait à la surface couverte de feuilles de rose, la comtesse tout à-coup demandait un cilice, et elle songeait à entrer en religion, en consultant là-dessus son directeur. Parfois aussi l'esprit du siècle allait la chercher dans la retraite, jusque chez les religieuses de la Roquette, et lui soufflait les plus frivoles conseils. Une nuit, par exemple, elle s'échappe furtivement de la cellule temporaire qu'elle occupe, par pénitence, dans la pieuse et hospitalière maison de la Roquette, voisine de la Folie-Genlis ; elle s'introduit à pas de loup dans les cellules des plus vieilles religieuses, endormies d'un juste sommeil. Le lendemain matin, ces bonnes vieilles sœurs vont en toute hâte à matines, avec du rouge et des mouches sur les joues, qui leur valent maints sarcasmes et quelle confusion ! La chronique scandaleuse va encore plus loin ; elle prétend que ses princes d'Orléans, à peine entrés dans leur adolescence, prirent leurs jours de congé dans la petite maison des amandiers, et que leur hôtesse, obligeante jusqu'au bout, leur livrait la clef d'un passage qui les menait secrètement près des nonnes et des nonnains d'à côté. Le fait est que dans le jardin de M. Sarrasin, fabricant de marmonne, il existe encore de nos jours une grotte, ancienne glacière du château, avec un souterrain, qui prend le mieux du monde la direction de l'ancienne résidence des sœurs. Au-dessus de cette ouverture, se retrouvent un rocher et les vestiges d'un kiosque, fort joli autrefois, et vers lequel se dirigèrent, dit-on, bien des nymphes légères, en costume encore plus léger. Honni, pourtant qui mal y pense ! Le Prince de Carignan et ses Voisins : Entre la maison Cousin et la rue Popincourt se suivaient des propriétés : à Chevalier, jardinier, à Turlin, bourgeois de Paris, et à Lesage, même qualité. Les propriétaires de l'autre côté de la rue étaient : Auvrray, bourgeois, vis-à-vis de Lesage ; Tessier, bourgeois ; un jardinier ; un autre jardinier ; les hospitalières de Saint-Gervais, avec un jardinier aussi pour locataire ; de Saint-Vaux, bourgeois, et puis d'autres jardiniers, d'autres bourgeois. |
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