Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE DE PICARDIE,
naguère rue Beaujolais-du-Temple
IIIe arrondissement de Paris
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, paru en 1875)

Notice écrite en 1857.

sauval parle d'une communauté de religieuses barratines qui avait été établie, sous le titre de Saint-François-de-Paule dans cette rue Beaujolais. Ladite rue s'était ouverte en 1626 sur un territoire presque entièrement accensé depuis dix-huit ans à Michel Sigon par la commanderie du Temple, qui l'avait pris sur sa culture, et c'est la même année que la princesse Marie de Montpensier avait apporté le Beaujolais en dot à Gaston d'Orléans. Quatre-vingts ans plus tard cette voie publique était flanquée de 22 constructions, qui de nos jours répondent toutes à l'appel ; nous n'en trouvons qu'une de plus. La rue portait le nom des Alpes alors qu'une décision ministérielle du 5 vendémiaire an IX signée L. Bonaparte, fixait sa largeur à 8 mètres.

Une école de filles a succédé depuis quatre ans au bureau de bienfaisance du VIe arrondissement, dans la maison n° 5, assujettie à reculement, et d'une vétusté qui ne saurait comporter une solidité à toute épreuve ; elle parait malade, mais qu'importe ! puisqu'elle appartient aux Hospices. Il se peut que des religieuses, comme on le dit, l'aient occupé puisque des barratines se sont arrêtées par-là ; mais la boucherie du Temple avait encore son étal au rez-de-chaussée en 1789, l'immeuble appartenant alors la veuve de Brichard, marchand boucher, et cette exposition quotidienne nous paraît avoir commencé avec l'agrément de Jean Noël, substitué aux droits de Michel Sigon.

Cinquante années de moins ont dû passer sur le 6, le 8 et le 10, qui offrent plus de consistance. Le n° 18, dont l'extérieur semble relativement assez coquet, est depuis soixante ans, ainsi que le n° 4, dans la famille de Mme Anaïs Ségalas, née Mlle Ménard, qui ne se borne pas à être le poète du Marais.

M. Rousseau, qui poursuit avec zèle ses investigations de chaque jour pour le compte des Anciennes Maisons de Paris sous Napoléon III, a reçu le contrecoup d'une querelle de ménage, en s'enquérant de l'âge des portes et fenêtres de la rue. Une femme du peuple, en sortant d'une allée avec la brusquerie d'un ouragan, les cheveux épars, pensa le renverser, lui et ses notes ; elle criait : Au secours ! à la garde ! Notre honorable scrutateur du passé ne tarda pas à être le centre d'un rassemblement de commères, que dissipa l'arrivée des sergents. Il n'en était pas moins évident, pour M. Rousseau, que cette pauvre femme avait été battue par son mari, peu de temps auparavant, et il était permis d'en inférer que leur mariage avait été aussi peu volontaire que celui de Gaston, frère de Louis XIII, avec la princesse de Montpensier, baronne de Beaujolais.

Le lendemain soir, un dimanche, quelle ne fut pas la surprise de notre collaborateur ! Il revit la même femme, au bras de son mari et suivie de ses trois enfants, qui revenait de la barrière : ce ménage avait cimenté, sinon la paix, du moins une trêve hebdomadaire, sous les auspices d'une ivresse populaire dont la marmaille elle-même avait sa part ! M. Rousseau en était quitte pour la peur et des contusions.


 

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