Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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BOULEVARD SAINT-MARCEL
Ve, XIIIe arrondissements de Paris

(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1859. Le boulevard Saint-Marcel a postérieurement emporté la place de la Collégiale, en s'en appliquant un pavillon monumental, qu'on devrait, garder à titre de souvenir. Cette relique, encore si durable, du Moyen-Âge fait presque face à une rue nouvelle qui porte la dénomination de l'ancienne place et qui commence rue du Fer-à-Moulin, en absorbant une portion de la rue du Petit-Moine. Commençant : boulevard de l'Hôpital, 42. Finissant : avenue des Gobelins, 23. Ouverture : Déc. du 17 octobre 1857. Origine du nom : traverse l'ancien quartier Saint-Marcel, qui devait sa dénomination à l'église de ce nom.

La Mère Prieur. – L'Hymne à l'Être suprême. – Vente de Biens nationaux.

La mère Prieur, qui a été fermière rue Mouffetard et qui l'est encore quelque peu rue Pierre-Lombard, n° 3, au moment où nous tenons la plume, Naquit en 1782. Elle a souvent le mot pour rire ; les anecdotes, qu'elle raconte ont plus de montant parfois que le petit-lait. Cette bonne femme est voltairienne et regarde Philippe-Égalité comme un jésuite à exécrer ; son culte pour la monarchie lui fait voir dans Napoléon le glorieux vengeur de Louis KM, martyr de ses condescendances pour les entremis du bien public. Par conséquent, la mère Prieur, dont la mémoire est excellente, pense diamétralement le contraire de feu Mme Cavaignac, la veuve du conventionnel, cette jacobite trempée dans l'eau bénite. Elle fit sa première communion, très vraisemblablement la seule, à l'église de Saint-Marcel, dont le titre fut d'abord partagé par
la place de la Collégiale.

De cette église, bâtie à la place même où avait été enterré au Ve siècle saint Marcel, évêque de Paris, il reste encore quelque chose. On revoit, au n° 5, la voûte du clocher, dont la flèche fut rasée en 1804 ; cette voûte et les murs y attenant furent adjugés, le 11 frimaire an Ve, à Ambroise Tinancourt, ensuite condamné aux fers par un jugement du 28 thermidor an VIII, qui emportait la confiscation de ses biens. Voici de même, n°3, la porte et le bâtiment du cloître, adjugés le 29 avril 1793 à Pierre-Sylvain Maréchal, homme de lettres : des numéros sont encore déchiffrables à la porte des chambres, dans l'intérieur de cette propriété.

Tinancourt avait deux enfants, dont les droits furent pris en quelque considérations ; mais le citoyen Lhuillier, plus tard référendaire à la cour des comptes, racheta aux criées l'immeuble du condamné, fit ensuite un échange avec son voisin Maréchal, et, depuis 1821, les deux immeubles sont réunis entre d'autres mains.

Maréchal, à l'époque de son acquisition, était un sophiste à la mode ; il rima pour la fête de l'Être Suprême une hymne, qui fut suivie d'hymnes à la Raison ; Grétry composa la musique de plusieurs pièces de sa façon, Diogène et Alexandre, Denis à Corinthe, la Rosière républicaine ; il écrivit, en outre, une pièce en prose, le Jugement des rois.

De lui paraissait, chaque année une brochure philosophique, rappelant son Almanach des honnêtes gens, brûlé par le bourreau en 1788. Ce n'en était pas moins un homme serviable, au milieu des fureurs déchaînées par l'esprit de parti. Ses débuts, ayant été faits dans la poésie pastorale, l'avaient d'abord autorisé à signer « le berger Sylvain » ; puis il avait hurlé avec les loups. Vers le commencement du Consulat, il habitait Montrouge, avec sa femme et quelques autres femmes instruites, société qui lui inspira une déclamation nouvelle : Projet de loi portant défense aux femmes d'apprendre à lire.

La ferme de Saint-Marcel, qui appartenait au chapitre, se retrouve n°3 13 et 15, près d'une seconde ferme, fructifiant sous Louis XVI pour le marquis d'Aubouin, dent le château avoisinait Villejuif. En ce temps-là une foire se tenait, à la Toussaint, sur la place de la Collégiale. L'espace y était découvert dans le commencement du XVIIIe siècle ; mais, au milieu du précédent, un cimetière obstruait encore le passage entre l'église précitée et celle de Saint-Martin, dont il subsiste pareillement des fragments.

Au 6 est sa vieille porte en pierre, qui n'ouvrait pas dans le sens de la place ; des poules donnent un aspect rustique à cette maison de tonnelier, vestige d'un temple qu'environnaient et que pavaient, si récemment encore, plu sieurs générations de tombes, confondues dans le même oubli. La ci-devant église de Saint-Martin, qu'on ne jeta bas que vers 1806, avait été le chef-lieu de la section du Finistère.

Ce qu'on nommait le petit cimetière sert également de basse-cour, n° 4, dans l'ancien presbytère du curé de Saint-Martin, qui n'avait alors qu'un étage, sur lequel était prise la salle des marguilliers. Le 14 floréal an IV ce bâtiment, fut adjugé au citoyen Piault, capitaine de vétérans par acte dressé à 7 heures du matin, en présence d'un citoyen Jean-Jacques Rousseau, commissaire du Directoire exécutif près l'administration l'administration municipale du XIIe arrondissement du département de la Seine, canton de Paris.

 


 

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