Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUES DES PETITS CHAMPS, DES CAPUCINES
Ier, IIe arrondissements de Paris
(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1860.Rue des Petits Champs Commençant rues de la Banque, 1 et La Vrillière. Finissant : avenue de l'Opéra, 26. Monuments classés : au n° 8 : Bibliothèque Nationale (façade est de Robert de Cotte sur la cour principale ; galeries Mansart et Mazarine avec leur vestibule ; pièce dite "chambre de Mazarin" ; plafond de la "salle des Vélins" ; salle de travail du département des imprimés dite "salle Labrouste"). Au n° 45 : Hôtel Lulli (façades sur rue). Historique : précédemment partie de la rue Neuve des Petits Champs et antérieurement rue Bautru, entre les rues de la Banque et Vivienne. La partie qui était comprise entre l'avenue de l'Opéra et la rue de la Paix a été dénommée rue Danielle Casanova en 1944. Orig. du nom. Percée à travers champs (XVIIe siècle). Rue des Capucines commençant : place Vendôme, 25, et rue de la Paix, 1. Finissant : rue Cambon, 48, et boulevard des Capucines, 43. Monument classé : aux nos 9 à 23 : Crédit Foncier. Historique. Précédemment, rue Neuve des Capucines, plus anciennement rue Neuve des Capucins et primitivement rue Saint-Ovide. Orig. du nom. Ancien couvent des Capucines, fondé en 1686, sur l'emplacement duquel a été ouverte la rue de la Paix.

Inventaire de ce qui y date d'un siècle et demi.

Un des personnages de la comédie du Menteur dit :

.....L'univers entier ne peut rien voir d'égal
Aux superbes dehors du Palais-Cardinal :
Toute une ville entière, avec pompe bâtie,
Semble d'un vieux fossé par miracle sortie.

De pareils vers se gardent bien de passer par la bouche du héros de la comédie, puisque ce personnage doit mentir. Rien de plus naturel que de se prendre alors d'admiration pour la merveille du jour, le Palais-Cardinal, et Corneille peut en faire l'éloge avec d'autant plus d'impartialité que le premier ministre ne l'a pris en cette oeuvre aucunement pour collaborateur. La mesure des voies de communication qui servent de cadre à ce tableau de maître a été prise sur trois carrosses n'est-ce donc pas assez de marge ? Les rues trop grandes rapetissent les monuments ; d'ailleurs, les piétons contemporains de Corneille tiennent encore à éviter les places sans arcades, les rues trop larges, les quais et les boulevards, chaque fois qu'ils y ont à craindre le soleil, la gelée, le vent, la pluie, la poussière ou l'ennui.

Les maisons où l'espace manque donnent presque toujours par-derrière sur la cour ou le jardin d'un palais, d'un hôtel, d'un collège, d'un couvent, et la somme d'air y gagne d'être plus considérable que s'il était pris par-devant. Ainsi raisonnent les premiers habitants de la rue Neuve-des-Petits-Champs, ouverte en 1634, et sa dénomination est encore justifiée en 1652 par des cultures qui restent çà et 1à de la bordure originaire. Le plan de 1714 n'y désigne lui-même que trois hôtels nominativement ; nous allons tacher de mieux faire, en remontant à la même date, sans perdre le présent numérotage de vue :

N° 1 demeure de M. de Beaumont ; 2 : M. Fondre, receveur général des finances ; 6 : M. de Colbert, archevêque de Rouen, y succédant à Colbert, le ministre, pour lequel a été refait par Levau cet ancien hôtel Bautru-Serran. Avant peu s'y établiront les écuries du duc d'Orléans, puis le bureau des Domaines du roi, puis les caisses de la Dette publique et la galerie Colbert, comme celle Vivienne, sans compter un magasin de nouveautés à l'enseigne du Grand-Colbert. Tout le monde sait que le grand homme de cette famille est le ministre. Son neveu, sur les ordres de qui a paru le Catéchisme de Montpellier, quand il était évêque de cette ville, et dont la cour de Rome a condamné les écrits jansénistes, serait-il néanmoins devenu archevêque ?

Leur devancier Bautru, ce bel esprit que ses bons mots ont mené à l'Académie, en a fait comme ambassadeur, à Bruxelles, à Madrid, à Londres. Mazarin, en le patronnant, suivait l'exemple de Richelieu.

Ensuite, sur la droite, le palais Mazarin, que M. le duc Mazarin a hérité du cardinal, et l'ex-hôtel Tubeuf, appartenant à M. de Varennes, au premier coin de la rue Richelieu. Jacques Tubeuf, président à la cour des comptes, qui a pris femme dans la famille Talon, a joué son hôtel au piquet avec le cardinal, et l'esprit de courtisanerie lui a fait, perdre volontairement la partie. Mazarin, sur les dépendances de cet hôtel, a élevé son palais, et le président, resté l'un de ses favoris, était encore chez lui presque toujours dans sa dernière maladie. Après le cardinal, la moitié de son palais est échue au duc de la Meilleraie, qui doit à son mariage avec l'une des nièces du défunt d'être aussi duc de Mazarin.

Cet hôtel Mazarin sera acquis an nom du roi, en 1719, pour la compagnie des Indes, dont le Trésor occupera plus tard laplace. La Bourse, dès 1724, s'installera dans la même enceinte, mais avec une entrée particulière rue Vivienne, en vertu d'un arrêt du conseil d'Etat du 24 septembre, et ce sera la première introduction légale entre quatre murs d'un marché qu'une ordonnance de Philippe le Bel avait exposé, pour les opérations de change, à toutes les intempéries du pont au Change. Cette première Bourse fermera le 27 juin 1793. L'autre moitié du palais que le ministre du temps de la Fronde a laissée à son autre neveu, Mancini-Mazarin, duc de Nevers, s'est dite hôtel de Nevers ; la banque de Law y aura ses bureaux avant que la bibliothèque du Roi en prenne possession, pour englober ensuite l'ancien Trésor et l'ancienne Bourse, avec l'ancien hôtel Tubeuf.

Des maisons plus modestes font vis-à-vis ; la plupart on vue par-derrière ; ainsi que la maison Beaumont, sur le jardin du Palais Royal. L'enseigne de l'une d'elles trahit la buvette en ces termes :

à la Bonne-Vendange.

Sophie Arnould habitera la plus belle de ces maisons, avant que la réduction du jardin les mette à cheval sur deux rues, et la spirituelle actrice y tirera de ses fenêtres, du côté des arbres et des fleurs, un feu d'artifice pour fêter la naissance du duc de Valois, prince d'Orléans, frère de Louis-Philippe.

Mais elle n'y sera pas propriétaire, comme le seront alors en plus d'un lieu Mlles Laguerre et Guimard. De son temps, toutes les maisons de la rue Neuve-des-Petit-Champs bordant aussi le jardin appartiendront à :

M. de Brainville, ancien secrétaire du roi, propriétaire de l'ancienne maison Beaumont ; M. Leblaic ; M. Tourtot, ancien receveur général des finances ; M. Teillagory, maître en fait d'armes ; Mme veuve Saliard ; M. Collignon ; Mme veuve Dubois ; le marquis de Talaru ; M. Lesprit, libraire ; M. Jardin, architecte ; M. de Laroche, notaire ; Boitel, pâtissier, presque à l'angle de la rue Richelieu.

L'un des susdits noms, celui de Teillagory, appartiendrait à un maître d'armes partageant avec Donadieu l'honneur de l'emporter sur tous les autres en réputation et faisant partie, comme lui, de l'académie d'Armes. Or Louis XIV a accordé pour armoiries à cette compagnie de 20 maîtres en fait d'armes le champ d'azur à deux épées mises en sautoir, les pointes hautes, les pommeaux, poignées et croisées d'or, accompagnés de 4 fleurs-de-lys, avec timbre au-dessus de l'écusson et trophées d'armes autour. Les membres de ladite académie acquièrent, par 20 années d'exercice de leur art, la noblesse pour eux et leurs descendants.

Les Chabanais de Saint-Pouange, branche de Colbert, sont propriétaires avant la Régence du 20, lequel dépend alors d'un grand hôtel sur lequel s'ouvrira en son temps la rue Chabanais.

Mme Lulli dispose des n°s 45 et 47, où une boutique brandit déjà l'image de l'Epée-de-Bois et que son mari lui a laissés en 1687. Lorsque le grand musicien avait commandé à Gittard le plan de la première de ces maisons, décorée de pilastres d'ordre composite, il était déjà devenu riche, et une charge de secrétaire à la Chancellerie l'avait de plus, fait gentilhomme. Les trois fils de M. de Lulli cultivaient le même art que lui, mais en élèves respectueux, qui restaient bien loin de leur maître. Il avait épousé la fille de Lambert, musicien éclipsé par son gendre, mais qui avait eu son temps de vogue la 3me satire de Boileau parle de lui et ses œuvres ont été recueillies.

Cette pauvre Mme Lulli, dès que la santé de son mari s'était détériorée, en avait accusé bien plus les plaisirs de la table que l'excès du travail, et elle en avait fait reproche, à tous ceux, qui les partageaient, sans exemption peur le bon La Fontaine, que Lulli avait tant prié de lui écrire des livrets d'opéra et qui s'était enquinaudé par affection pour le compositeur. Au chevalier de Lorraine, son autre ami, dont les soupers allaient beaucoup plus loin, la ménagère s'en était prise avec plus de raison ; par malheur, il était trop tard, et Lulli, quoique très malade, s'était relevé sur son séant, en convive reconnaissant, devant M. de Lorraine, n'en pouvant mais. – C'est chez vous, lui avait-il dit, que je me suis grisé la dernière fois ; eh bien ! si j'en réchappe, je vous donnerai la préférence le premier jour que cela m'arrivera... La semaine suivante on avait gravé sur un mausolée, dans l'église des Petits-Pères, l'épitaphe composée par Santeuil pour le musicien.

En regard de Mme Lulli, M. Thévenin. Puis hôtel de Pontchartrain, ex-Lionne, qui deviendra hôtel des Ambassadeurs extraordinaires, Contrôle-général, ministère des Finances et par contrecoup administration de la Loterie. Le comte Phélypeaux de Pontchartrain est chancelier, et M. de Lionne n'a pas eu moins que le portefeuille des affaires étrangères : leur maison, dès le principe, est donc ministérielle. L'aliénation par I'Etat en sera faite dans l'année 1826, en même temps que d'un ancien hôtel Lambert, ex-Mazarin, plus anciennement Lenglée et Sérouges, se rapprochant de la rue Gaillon, avec une sortie sur cette rue ; en même temps aussi que d'une autre maison ancienne au milieu de ladite rue Gaillon. La Loterie d'alors tient ses bureaux à l'hôtel Lambert, près de l'hôtel du ministre qui a sous ses ordres l'administration de la banque du hasard. Cette communauté de mise en vente n'avait-elle pas pour aînée une communauté d'origine ?

A M. Cesbron de Bonnegarde, 51, 53, 55. Enseigne de la Côte-Rôtie au n° 59, et celle des Trois-Entonnoirs au premier coin de la rue Saint-Roch, presque en face de l'hôtel Sérouges. Sur la ligne de nos nombres pairs M. de l'Espine, Mme Boutard, M. de Mazières.

Le n° 83, qui n'est pas encore l'hôtel de Coigny, appartient tout bonnement au sieur Girard, ami du peintre Rigault, et le Van-Dick français a pris lui-même un appartement de l'autre côté, un peu plus bas. La ville de Perpignan, en vertu d'un droit qui n'est reconnu à aucune autre ville, a depuis peu conféré la noblesse à Rigault, pour l'avoir vu naître, et puis le roi l'a fait chevalier de Saint-Michel.

En vue, ou peu s'en faut, de ce maréchal de Coigny, que célèbreront les vers de Gentil-Bernard, son secrétaire, une dame résidera qui aurait pu, donner à ce poète des conseils, lorsqu'il écrivait l'Art d'aimer. La marquise de Bellegarde fera bien des jaloux, au marquis de Ghabanais, en soupant avec lui presque tous les soirs ; mais la gourmande s'arrangera de manière à les en consoler l'un après l'autre. Son hôtel de la rue Neuve-des-Petits-Champs sera habité sous Napoléon III par deux célèbres avocats, Me Berryer ; Me Marie, engagés comme hommes politiques dans deux partis tout différents, mais revenant parfois bras dessus bras dessous au rez-de-chaussée de l'un ou au premier de l'autre, après l'audience du Palais ou la séance du Corps Législatif. Berryer et Marie ne seront-ils pas jusqu'à la fin une paire de vieux amis ?

La rue Neuve-des-Petits-Champs, lors de l'ouverture de la place Vendôme, prend le nom de rue des Capucines à partir de la rue Louis-le-Grand. D'autres hôtels surgissent en ce temps-là du côté des chiffres impairs. Que s'ils gardent, encore pour nous l'incognito, redescendons afin de lever leur masque au commencement du, règne de Louis XVI n'y sont-ils pas dits Kerderen, Bréda, Périnet, Montpezat, Dumas, Saint-Pré, Hocquart de Cueilly et Chabannes ? A l'opposite, les numéros pairs sont alors à M. d'Étienne, qui succède à M. de Coste (deux particules nobiliaires assez drôles !), à Mme de Montmagny et, à la famille Tubeuf, qui s'est fixée depuis un siècle au n 82.

Le couvent des Capucines avait eu pour premières bienfaitrices Louise de Lorraine, veuve de Henri III, et Marie de Luxembourg, duchesse de Mercœur, sa belle-sœur ; il s'était d'abord établi dans ce qu'on regardait comme le faubourg, Saint-Honoré, vis-à-vis les Capucins de la rue Saint-Honoré et tout près de l'hôtel Mercœur, ensuite Vendôme. La construction de la place Vendôme ayant nécessité le déplacement du Monastère féminin ; quatre-vingts ans après sa fondation, les religieuses étaient passées en 1688 à l'extrémité de la rue Neuve-des-Petits-Champs. Leur nouvelle église était riche ; Louvois, le maréchal de Créqui et, Mme de Pompadour ont eu leurs mausolées dans ses chapelles. Ces capucines, au nombre de 40, observaient sévèrement la règle de leur institut ; elles marchaient pieds nus. Leur couvent, sous la République, a servi d'hôtel des Monnaies pour la fabrication de cinquante milliards d'assignats. Puis le physicien Robertson a converti l'église en un petit spectacle, où la fantasmagorie jouait le rôle capital, et le jardin, devenu pour les jeux de toute espèce une foire permanente, a fini par avoir son cirque, tenu par Franconi, son théâtre des Jeunes-Comédiens et son panorama. Presque tout fut enlevé, au milieu d'un nuage de poussière, par le tracé de la belle rue de la Paix, dite Napoléon jusqu'en 1814, qui vit appliquer à l'administration du Timbre d'anciens bâtiments conventuels, encore intacts sous Louis-Philippe.

La rue Neuve-des-Capucines, percée au commencement du XVIIIe siècle, ne commence plus qu'à la rue de la Paix. Une patrouille d'hôtels a pris son temps pour s'y former entre le couvent et le rempart ; mais si le guet, en la croisant, avait osé demander : Qui vive ? elle aurait assurément craint de s'encanailler au point de répondre : Amis. – Faquins ! Aurait-elle plutôt dit, passez au large !

L'hôtel de Cotte, quoique élevé en l'année 1713 pour l'architecte de ce nom, n'avait lui-même envie de se commettre en aucune sorte. Tavenot en en avait dessiné deux ultérieurement, qui voulaient aussi tenir leur rang celui-ci pour M. Castanier, directeur de la compagnie des Indes, celui-là pour le fermier général Desvieu. Fils d'un avocat au conseil du roi, Desvieux l'avait été lui-même avant que d'entrer dans les fermes ! Maintenu en 1726 par Mlle Peletier des Forts dans la place lucrative qu'il occupait depuis cinq années, il dut à un caractère susceptible l'originalité de mourir de chagrin avec plus de trois millions de bien, trois jours après une scène, que lui avait, faite l'intendant des finances Fagon, fils du médecin en vogue, pour avoir nommé à un emploi vacant un candidat de son propre choix, au lieu du candidat recommandé par son supérieur. Ce Vatel de la finance était le père d'un président aux requêtes du parlement de Paris l'une de ses filles avait pour épouse M. Joly de Fleuri, avocat général près la même cour.

M. de Laborde, autre matador de la rue Neuve-des-Capucines, n'était-il pas un favori et le premier valet de chambre de Louis XV ? Il cultiva, d'ailleurs, les lettres et les beaux-arts, mit en musique plusieurs pièces de théâtre et fit imprimer avec luxe plusieurs ouvrages de sa façon. Enfin le premier occupant de la principale maison de la rue était le ministre d'État Bertin, qui y avait formé un cabinet d'histoire naturelle et de chinoiseries.

M. de Meulan, receveur général de la généralité de Paris, occupait au milieu du même siècle, la maison de Cotte, et il y eut pour successeur M. Legendre d'Armini. Rappelons, à la même, comme un titre de gloire, qu'elle a logé le général Bonaparte, après le 13 vendémiaire. Egalement y a résidé le ministre du Trésor sous le premier empire, puis le duc de Montmorency, ancien député aux États-Généraux, ministre sous la Restauration, et, puis M. Bethmont, qui a été ministre de la seconde république.

Les bureaux du Crédit Foncier remplissent deux immeubles, dont l’un, ancien hôtel Mazade et Villequier-d'Aumont, avait probablement commencé par être Castanier, et dont l'autre, acquis de M. le baron de Septeuil, aurait appartenu à Desvieux. Ce grand établissement, dont les finances courent moins d'aventures que tant d'autres, se rend, qui plus est, acquéreur d'un des hôtels Crozat, qui a été d'Estrées, pour avoir sur la place Vendôme ses grandes entrées. La voilà donc plus affairée que jamais cette maison du chevalier Crozat, dit le pauvre par égard pour son frère, mais qui n'en laissa pas moins le grands biens à son neveu, le marquis Crozat du Châtel ! Le père du riche et du pauvre était le Crozat qu'on avait vu venir en sabots le comte d'Evreux, un Bouillon, avait assez perdu au jeu pour épouser la fille de ce parvenu, et comme elle n'était âgée que de douze ans, ses deux millions de dot se mangèrent pendant qu'elle apprenait encore à lire et à chanter. La mère de la comtesse d'Evreux de cette fabrication avait reçu de telles visites, à l'occasion du mariage, qu'elle n'osa même pas les rendre, dans la crainte d'ajouter aux sacrifices d'amour-propre qu'avait déjà dû coûter la première épreuve aux personnes que sa modestie dispensait de la seconde.

A notre compte, Laborde aurait été prédécesseur, dans une maison disparue de M. Lenoir, lieutenant général de police, qui organisa le Mont-de-Piété et qui abolit la torture. M. Thiroux de Crosne, qui succéda à Lenoir dans ses fonctions et dans sa résidence, avait révisé en qualité de maître des requêtes ; l'arrêt rendu à Toulouse contre Calas. Sa mère, la présidente Thiroux d'Arconville, avait écrit des ouvrages historiques. Il fut une des victimes de la Révolution, après avoir donné son nom à une rue du quartier, maintenant fondue dans la rue Caumartin. L'hôtel de la Lieutenance de police devint en 1789 celui de la Mairie de Paris. Bailly et Péthion l'occupèrent l'un après l'autre, pour finir aussi mal que le dernier chef de la police royale. La maison fut ensuite livrée au ministère des affaires étrangères ; pour ses archives et M. Mignet, l'historien, y demeura, comme directeur desdites archives, sous le règne de Louis-Philippe.

Ce ministère lui-même siégeait à l'angle de la rue Neuve-des-Capucines et du boulevard, substitué à l'ancien rempart, que longeait le jardin du ministre. Berthier, prince de Wagram, maréchal de l'Empire, avait eu le même hôtel, originairement Bertin. A la porte même du ministère une fusillade militaire, habilement provoquée par un coup de pistolet républicain, a commencé la révolution du 24 Février.

La duchesse d'Orléans, contemporaine de M. de Meulan, avait eu ses écuries aux n°s 5, 7 et 9.



 

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