Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places, quartiers de Paris : comment ils ont évolué, comment ils sont devenus le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places, quartiers de Paris dont un grand nombre existe encore.
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RUE DE SÉVIGNÉ
(CULTURE SAINTE CATHERINE)
IIIe, IVe arrondissements de Paris
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1859, avant que la rue prit le nom du plus illustre de ses hôtes.Monuments classés : Au n° 23 : Musée Carnavalet. Au n° 29 : Hôtel Le Pelletier de Saint-Fargeau (façades et toitures sur rue, sur cour et sur jardin de l'hôtel ; façades et toitures de l'orangerie ; grand escalier avec vestibule d'entrée ; petit salon Louis XIV). Précédemment, rue de la Culture Sainte-Catherine ou de la Couture Sainte-Catherine. La partie comprise entre les rues des Francs Bourgeois et du Parc Royal aurait été appelée rue du Val. Origine du nom : Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné (1626-1696), que ses lettres ont rendue célèbre, habita, de 1677 jusqu'à sa mort, l'hôtel Carnavalet situé dans cette rue et occupé aujourd'hui par le Musée historique de la Ville de Paris.

Le Théâtre du Marais. – Ses Acteurs. – La Loge de la Rue Bourtibourg. – La Charcuterie Riquette. – Les Pompes-Funèbres. – M. d'Orgemont. – L'Hôtel Carnavalet. – Les Pensions. – Le 52. – Les Filles-Bleues. – Mme de Montmorency. – Le Connétable de Clisson. – Etc.

De la croix du Roule à la culture Saint-Catherine, quelle enjambée ! Deux rues les représentent qui se font antipode sur la carte de Paris, et pourtant elles se suivent dans l'ordre alphabétique. A Paris, comme en Suisse, on voyage en zig-zag, tant il y a de stations à faire ! Aussi bien le lecteur se fatiguerait plutôt d'entrer plusieurs fois de suite dans le même domaine par des rues différentes que d'aller du faubourg du Roule au Marais, ou de faire le même trajet en sens inverse.

Ce théâtre du Marais, dans la construction duquel furent utilisés des matériaux de la Bastille et d'une église, probablement celle Saint-Paul, était n°11, rue Culture-Sainte-Catherine ; dans ses anciennes loges en baignoires sont coulés aujourd'hui de véritables bains. Son premier directeur fut Beaumarchais, qui l'avait bâti, mais qui aurait encore moins gagné à en continuer lui-même l'exploitation qu'à l'affermer à un entrepreneur de spectacles, qui ne le paya pas toujours.

L'ouverture en avait eu lieu le Ier septembre 1791, par la Metronanie et l'Epreuve nouvelle ; la Mère coupable y fut représentée pour la première fois le 26 juin de l'année suivante. Parmi les acteurs de la troupe on distinguait Palet, Gonthier, Baptiste aîné, qui se révéla surtout dans Robert, chef de brigands ; mais d'autres ont renoncé aux pompes du théâtre, pour se faire libraires, journalistes, bibliothécaires, costumiers.

On raconte que, ramené en ville par la promulgation du concordat, l'ancien archevêque de Paris fut abordé, le premier jour, par un homme qu'il avait, connu enfant de chœur, puis garçon boucher, et qui profitait de la rencontre pour implorer l'absolution. - Qu'as-tu fait pendant la Terreur ? lui demanda le vieux prélat, en s'attendant à d'atroces confidences. - J'ai abusé du désordre général, reprit l'autre la tête basse, pour jouer un peu la comédie dans une salle à M. de Beaumarchais. - Dieu soit loué ! reprit l'archevêque ; qui lui promit tous les secours spirituels et lui donna une gratification, excessivement inespérée.

Des acteurs, voulez-vous passer aux spectateurs ? Ils n'étaient pas toujours nombreux, car le théâtre ferma deux fois, avant qu'un décret impérial le supprime, comme dix-sept autres théâtres. Mais les traditions dramatiques ne manquaient pas dans ces parages, qui avaient eu, rue Vieille-du-Temple, une salle de même nom au XVIIe siècle ; bien plus, la culture Sainte Catherine avait servi d'emplacement aux représentations des mystères, sous Charles V et Charles VI. La bourgeoisie et le commerce d'avant 89 étaient sédentaires, et aujourd'hui encore les honnêtes gens qui vont à pied n'aiment pas à faire une lieue pour se rendre au spectacle. Les marchands de la rue Bourtibourg avaient une loge au théâtre du Marais, et je doute qu'ils l'aient conservée à l'Odéon ou au Gymnase ; chaque ménage à son tour jouissait des places de la loge, et le jour du mari n'était pas celui de sa femme, l'un des deux gardant la boutique.

On y remarquait surtout Mme Riquette, charcutière de l'Hôtel de Ville, au nom de laquelle était faite cette location collective, et elle avait du charme, de l'esprit et de bonnes manières, avec un bout de toilette, jusque dans son comptoir, Sa maison de commerce, fondée sous Louis XIV, est encore tenue, rue Bourtibourg, par Gillocque, son gendre. La notoriété attachée à cette charcuterie Riquette balançait celle de la maison Grimod, point de départ des La Reynière, avant que Véro et Dodat couvrissent leurs premiers jambons d'une gelée lisse et transparente. Depuis, il faut en convenir, les diverses préparations de la viande de porc ont bien dégénéré : elles se présentaient à la fois, sous des formes variées et nombreuses, sur toute table bien servie ; maintenant, c'est trop l'aliment du pauvre.

Pour porter malheur au théâtre dont Beaumarchais avait été le premier à désespérer, il y eut surtout un affreux voisinage, celui des Pompes-funèbres, dont l'administration occupait la caserne actuelle des pompiers. L'immeuble, siège de la compagnie des funérailles, avait appartenu à MM. Pinon de Quincy et de l'Avor, neveux et légataires de messire Nicolas Pinon, comte de Villemain, conseiller du roi, premier président du bureau des finances, gouverneur de Brie-Comte-Robert ; ce cumulateur de fonctions avait fondé un lit à l'Hôtel-Dieu, à la collation de sa famille, et il était mort en I724. L'hôtel portait uniquement le nom de l'Avor en 1738, mais il fut confisqué révolutionnairement sur M. Pinon de Quincy, avec d'autres maisons qui, avec celle-ci, lui en faisaient six dans la rue Culture. Son contemporain M. Poullier, ex-intendant de Lyon, avait plusieurs hôtels et maisons de la même rue.

Un seigneur d'Orgemont y demeurait lors des premières campagnes de Louis XIV. Mais le moyen de croire qu'il descendait de Pierre d'Orgemont, que 130 princes et barons élurent chancelier en présence de Charles V, et qui fut enterré dans l'église de Sainte-Catherine-du-Val-des-Ecoliers, dont le marché Sainte-Catherine tient la place ! La postérité mâle de ce personnage historique s'était éteinte au XVe siècle ; comme il avait laissé un château d'Orgemont près Laferté-Alais, quelque nouveau parvenu s'en était probablement fait une savonnette à vilain. Ledit château de Pierre d'Orgemont, garde des sceaux de France au XIVe siècle, a été reconstruit sans perdre son nom. Il appartient aujourd'hui à M. Goupy, dont le fils a épousé en 1864 Mlle Alice Baroche, fille du garde des sceaux, comme pour y renouer la chaîne des temps.

La même église, dont le vaisseau gothique avait sa proue rue Saint-Antoine, était devenue celle du prieuré de Sainte-Catherine-de-la-Culture ; elle avait aussi donné, la sépulture, le 16 août 1666, à un président au parlement, messire Jacques des Ligneries, que François Ier tenait en grande estime, et qui soutint au concile de Trente les libertés de l'Eglise gallicane.

Ce président avait acquis, douze ans avant, un lot de la culture Sainte-Catherine, concédée au couvent par Pierre de Brienne, mais chargée de cens envers l'abbaye de Saint-Victor, et grâce à Pierre Lescot, à Jean Bullant, à Jean Goujon, à Ponce, il s'y était produit un des chefs-d'œuvre de l’architecture domestique, un des meilleurs exemplaires de la Renaissance. Au président des Ligneries était fort attaché le baron François de Kernevenoy, descendant par sa mère de Tanneguy Duchâtel, et dont le nom breton, pour s'adoucir, se changea en Carnavalet ; Henri II l'avait pour premier écuyer et le donna pour gouverneur au duc d'Anjou, son fils, ensuite roi de Pologne, puis de France. Après avoir suivi pendant dix ans le futur Henri III, rempli la charge de gouverneur d'Anjou, de Bourbonnais et de Forez, Carnavalet fut gratifié par Charles IX d'un logement au Louvre sa vie durant.

C'est bien lui qui donna la main à la maréchale de Cossé, dame d'honneur d'Elisabeth d'Autriche, lors de l'entrée solennelle à Paris de cette reine, femme de Charles IX ; mais il mourut peu de temps après, et sa veuve, Françoise de la Baume, resta maîtresse de l'hôtel des Ligneries, qu'elle ajouta, de son vivant, aux fiefs et propriétés de son fils, le baron Charles de Carnavalet. Un siècle de résidence valut à cette famille l'honneur de laisser à jamais son nom à la maison, qui ne lui doit pourtant pas toute sa gloire. Les Carnavalet, il est vrai, ont commandé à Androuet Ducerceau la Force et la Vigilance, deux figures qui, à l'extérieur, décorent les trumeaux du premier étage, touchant aux pavillons, et les Quatre Eléments, qui figurent, à l'intérieur, sur la façade de l'aile gauche. Mais les Quatre Saisons, la Renommée et les ornements de la grande porte sont de Jean Goujon ; valent mieux et datent de plus loin.

François Mansart, appelé par d'Agaurry, riche magistrat du Dauphiné, cessionnaire des Carnavalet, ajouta une aile droite manquant à l'édifice, fit remplacer par une rampe en fer le bois sculpté qui bordait l'escalier d'honneur, et augmenter aussi de plusieurs figures et de reliefs allégoriques, d'un mérite moins incontestable, le sculptural trésor de ses devanciers. L'ornementation intérieure dut des avantages plus réels à l'architecte de Louis XIV, et le jardin un beau bassin de pierre, dont le jet d'eau était alimenté par la fontaine de Birague.

« Telle est, nous dit M. Verdot dans une notice sur l'hôtel, l'habitation qui fit tant d'envie à Marie de Rabutin de Chantal, marquise de Sévigné, la femme la plus spirituelle de la cour du grand roi, mais aussi la plus difficile à satisfaire, la plus esclave de l'étiquette, des belles manières et du ton. Avant cet hôtel, elle en avait changé dix fois, comme l'attestent ses lettres, et aucun n'avait pu lui plaire. Elle avait habité toutes les rues du Marais ; ici c'était le salon, là le jardin, plus loin le voisinage qui ne convenait pas. Son rêve, c'était un hôtel de belle apparence, assez vieux pour être noble, assez moderne pour être élégant et commode, assez grand pour que sa famille y tînt à l'aise, assez circonscrit pour que son état de maison n'y parût pas trop mesquin, assez animé pour que la cour de Louis XIV pût y entrer dans ses carrosses et s'y mouvoir avec fracas, assez paisible pour que dans un sanctuaire intime, donnant sur le jardin, la maîtresse se recueillît et laissât tomber de sa plume les lettres les plus élégantes, les plus spirituelles qui soient au monde. Ce rêve, l'hôtel Carnavalet le réalisa.»

Mme de Sévigné, qui en avait pris possession en 1677, y laissa les siens après elle. Néanmoins les traces du séjour de cette femme illustre et de sa famille se retrouvent encore, à notre époque, sous les lambris où elle se plut vingt ans. Une pièce, où deux toiles ovales se font pendant, n'a-t-elle pas été l'antichambre de l'appartement ale Mme de Grignan ? De belles cheminées de marbre existent, substituées pour elle et sa mère aux cheminées hautes du temps de Henri II. Le salon de l'une et le salon de l'autre, le cabinet où se mira dans ses œuvres, si claires encore pour la postérité, le plus charmant génie épistolaire, sont demeurés à peu près intacts. Voici le balcon de Mme de Sévigné, la table de marbre où elle déjeunait, pendant l'été, à l'ombre d'un sycomore, toujours debout ; voilà aussi la porte du jardin, que franchissait le baron de Sévigné pour aller souper chez Ninon.


Après une telle évocation, comment ne trouverait-on pas bourgeois ce qui reste à dire de la maison et de la rue ? Que Mme de Lillebonne ait précédé Mme Sévigné, sous le même toit, c'est un point à reconnaître mais Marot, dans son recueil des Belles plaisons de Paris, cite sous le titre d'hôtel d'Argouges cette résidence historique, qui eut aussi des locataires dans la grande robe. Le fermier général Brunet de Rancy en fit l'acquisition à la fin du XVIIIe siècle ; vint après M. de la Briffe, intendant de Caen, puis M. Belanger, secrétaire d'Etat, et M. Dupré de Saint-Maur, son gendre, puis la famille de Pommereul, qu'en fit sortir la
Révolution.

La maison ne tarda pas alors à recevoir les bureaux de la direction de Librairie, à laquelle fut substituée par Napoléon l'école des Ponts et Chaussées ; le baron de Prony, un savant mis à la tête de l'École, y demeura par conséquent. Cette marée des sciences exactes submergeait, mais, sans les noyer des souvenirs aristocratiques ; elle déposait malheureusement, seule alluvion tangible, une couche de badigeon, dont les reliefs de Bullant et les statues de Jean Goujon mettront un siècle à se désempeser : le conseil de l'École ne s'apercevait pas qu'il se tenait dans un monument !

Depuis que la pépinière des ingénieurs est transplantée ailleurs, une pension du collège Charlemagne tient sa place, n° 23 ; M. Verdot, déjà nommé, en est le chef actuel. L'administration préfectorale de M. Haussmann, après avoir tant fait pour dépayser les Parisiens, a eu le bon esprit d'acheter l'hôtel Carnavalet, afin d'y établir le Musée historique de la Ville-de-Paris. La restauration de l'hôtel, commencée par l'architecte Parmentier, est continuée par son confrère Lainé.

Il y avait bien une pension Rolland, vers le milieu du XVIIIe siècle, dans la rue Culture-Sainte-Catherine, mais nous ne savons trop à quel degré de latitude. Inutile d'en chercher vestige au 29, où se trouve l'institution Jauffret, ancien hôtel Peletier, qui s'était détaché sous Louis XIV de l'arsenal de la Ville, Marion de Lorme y avait demeuré : avis aux romanciers et auteurs dramatiques, car ils n'ont sans doute pas fini d'exploiter les amours de la belle !

Michel Robert Le Peletier de Soucy n'y résida qu'après son père, pour lequel fut créée une place de directeur général des Fortifications, et savant homme, sachant par cœur Tacite, qui se retira octogénaire à l'abbaye de Saint-Victor. Dans cette branche de la famille Peletier, qui prit aussi le nom de Saint Fargeau, fut plusieurs fois le contrôle général des finances ; un de ses membres, sous la Régence, était ministre d'Etat, honoraire de l'académie des Sciences et l'époux d'une Lamoignon. Puis on les vit au parlement, fulminant contre les jésuites, et le conventionnel, leur descendant, qu'on assassina en le prenant pour un autre au Palais-Royal, fut exposé place Vendôme et rapporté rue Culture-Sainte-Catherine. Pierre Bulet a refait l'hôtel, pour l'ancien directeur des Fortifications de France ; une orangerie s'y remarquait, due aux dessins de ce même architecte, sobres d'ornements, quoique superbes.

Le 52, dont les rinceaux, les urnes, les mascarons et les amours sont du crayon de l'architecte de Lisle, membre de l'Académie, appartenait avant 1768 à M. de Flesselles, du chef de sa femme, Rose-Ursule Frajot, qui le vendit à cette époque à Anne Labbé, veuve en premières noces de M. Santeuil, femme ensuite de M. Dupuis de Gerville. La famille Outrequin l'acquit ensuite, à laquelle succédèrent, le 21, ventôse an III, le citoyen Jacques-Pierre de Sabardin, ci-devant baron, et sa femme, Catherine Biolley, épouse de Charon de Wattronville, trésorier de France, en premier lit. Les Sabardin ne s'en sont défaits qu'en 1840, car Mm de Pirolle, avec laquelle M. Fontaine en a traité, était née Sabardin. Par malheur, cet hôtel aux yeux des amateurs, porte le deuil de cinq statues d'Augier, qui en décoraient le jardin : Laocoon, Hercule, Flore, Junon et Jupiter.

Le couvent des Filles-Bleues, dont le jardin n'est pas entièrement disparu, se reconnaît parfaitement au 25, au 27. La maréchale Josias de Rantzau, qui avait abjuré le luthéranisme, s'y retira une fois veuve, puis passa en Allemagne pour y fonder une maison du même ordre, dit des Annonciades, dont la règle sévère prohibait l'admission de pensionnaires et ne permettait de voir les parents qu'une fois l'an. La marquise de Verneuil et la comtesse de Hameaux, avec l'agrément de Louis VIII, avaient créé la retraite des Filles-bleues, dont le terrain et les bâtiments avaient appartenu à Jean de Vienne, contrôleur général des finances. Une des filles de ce dernier était la marquise Tiercelin de Saveuse ; l'autre avait épousé, François de Montmorency-Boutteville, qui tua en duel le comte de Thorigny, et quand, par suite d'infractions nombreuses du même genre aux édits royaux, la peine capitale eut été prononcée contre son mari, elle fut se jeter, avec la princesse de Condé, les duchesses de Montmorency, d'Angoulême et de Ventadour, aux pieds de Louis XIII, que rendait inflexible la volonté de Richelieu. La date même de l'exécution de la sentence est postérieure d'une année à l'aliénation de l'hôtel de Vienne.

Dans cette circonstance pénible, la duchesse d'Angoulême avait agi en bonne voisine, car le derrière de sa propre résidence, passée ensuite aux Lamoignon, était aux n° 17-19, qui depuis lors ont plusieurs fois changé d'aspect. Le 13, qui n'a fait que vieillir, fut le séjour de Chavigny, ministre de Louis XIII. On doit croire, car la rue est du siècle XIV, que les séjours de Vienne et de Chavigny remontent jusqu'à l'époque où le connétable de Clisson y fut assassiné par les sicaires de Pierre de Craon, et où Charles VI en personne vint rendre visite au mourant, dans la boutique d'un boulanger. Qui sait même si le vieux logis, qui n'a plus de néfaste que son numéro, ne fut pas le séjour, marqué dans cette rue, d'une courtisane italienne qui fit grand bruit du temps de Henri II ? Sur le seuil même, en sortant de cette maison au point du jour, le cardinal de Guise faillit avoir le sort du connétable de Clisson.

Aussi bien les maisons de la rue sont presque toutes plusieurs fois séculaires. Le 38 en est vermoulu ; 40, item ; le 46 brandit une rampe en fer, dont l'arma vraisemblablement, un gentilhomme, et pourra tenir encore plusieurs campagnes. L'ampleur d'une autre construction, son jardin, ses rinceaux, et des sculptures en bois à l'intérieur, méritent qu'on rende au n° 26 son titre d'hôtel de Villacerf : la seigneurie, champenoise dudit nom fut apportée en dot par Marie Le Lèvre à Edouard Colbert de Saint-Pouange, bien que le marquisat de Villacerf appartînt à la fille du comte de Bavière, grand d'Espagne. Bonamy, historiographe de la Ville, membre de l'académie des Inscriptions, logeait au milieu du dernier siècle dans la rue Culture, près celle Neuve-Sainte-Catherine, annexée à la rue des Francs-Bourgeois.

 


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