Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places, quartiers de Paris : comment ils ont évolué, comment ils sont devenus le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places, quartiers de Paris dont un grand nombre existe encore.
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RUE MONTMARTRE
Ier, IIe arrondissement de Paris
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1861. L'ancien hôtel d'Uzès n'a fait place, rue Montmartre, à une nouvelle rue qu'en 1870.Monument classé : Eglise Saint-Eustache. Historique : Elle était construite entre les rues Rambuteau et Etienne Marcel, vers 1200. Au XIVe siècle, on l'appelait la partie de la rue Montmartre comprise entre l'Eglise Saint-Eustache et la rue d'Aboukir, rue de la Porte Montmartre et, pendant la Révolution, rue Montmarat. Origine du nom : Voie conduisant à Montmartre.

Fastes de la Propriété foncière en cette Rue.

La première porte de la ville qui chevaucha sur la rue Montmartre n'était qu'à la hauteur du n° 45 d'à présent ; elle tomba vers l'an 1380, et Paris s'étendit jusqu'à l'impasse Saint-Claude (Saint-Sauveur). La porte qu'on jeta bas en 1700 était située près de l'emplacement de la galerie qui communique au passage des Panoramas.

A cette dernière date, Philippe de Laporte était propriétaire du n° 95 précité, et il y eut pour successeur Anjorrant, conseiller au parlement, puis André Buteur, seigneur de la Noble-Maison de la Nau, gendre d'Anjorrant. Cette propriété avait fait corps avec l'hôtel Lambesc, ouvrant également rue du Jour et rue Plâtrière, maintenant Jean-Jacques Rousseau, et qui avait appartenu au bourgeois Martin Bellet en 1589, à Jean du Tremblay en 1574 : trois ans après y était né François Leclerc du Tremblay, qui commença par servir dans l'armée avec distinction, se fit ensuite capucin et devint le bras droit du cardinal de Richelieu sous ce nom, le père joseph. La famille Anjorrant, un demi-siècle après, avait Mme Lépinot pour voisine au n° 13.

Brévannes vendait à Wittersheim, son créancier, une portion de l'hôtel de Brévannes, dit aussi de Quatremer, sis de l'autre côté de la rue, et dont la principale entrée est encore rue Tiquetonne. Le notaire Momet tenait la maison contiguë de Galpin, trésorier de France ; celui-ci avait succédé à l'avocat Desretz, cessionnaire de Chambon, commissaire au Châtelet, qui avait fait bâtir, après s'être rendu adjudicataire, le 13 août 1633, d'un tronçon de l'ancien mur de ville. La communauté des Fripiers, dont les statuts remontaient pareillement au règne de François Ier, avec confirmation de Louis XIV, disposait du 68, où elle tenait son bureau ; M. de Valcourt, du 36. Les banquiers Mallet père et fils étaient établis au 45 ou au 47.

Presque en face de la rue de la Jussienne, sous le règne de Louis XIV, grande propriété à la famille de Tourville : en disposa indubitablement le célèbre marin, fils du maréchal de camp César de Tourville. La seconde porte venant après était celle de l'hôtel Charost, qui passa à M. de Crécy : un membre de la famille Bethune-Charost, cette branche de Sully, avait légué au roi 2,500 manuscrits, une bibliothèque et un musée en 1655. Puis deux maisons à M. de Laubie. Au second angle de la rue de Cléry, Gilies du Caroy, maître d’hôtel du grand maître de la maison du roi, était propriétaire tant en son nom que comme tuteur de Jean du Caroy, fourrier du corps de la duchesse de Bourgogne, fils mineur dudit Gilles et de Catherine Gouin, sa femme. Item pour la maison attenante.

Les deux suivantes appartenaient : l'une à Antoinette Mouillard, veuve de Charles Dubois, maître-queux du commun du roi, écuyer-tranchant de la duchesse d'Enghien, et à Angélique Dubois, leur fille, veuve de Roydot, capitaine au régiment de Vivarais ; l'autre à Penon, secrétaire du roi. Du côté opposé, propriété à M. d'Herbecourt entre la rue des Vieux-Augustins et le cul-de-sac Saint-Claude. Sandrin, Brulé, Casamajor, Bovin, Geoffroi : à ces noms répondaient les maisons sises de la rue des Fossés-Montmartre (Aboukir) à celle du Mail.

Dans la nôtre se trouve alors, à l'image de la Grosse-Tête, un bureau de charrettes, c'est-à-dire de roulage, pour la Normandie. Une annonce du temps dit aussi : « Le sieur Cadet, machiniste, demeure rue Montmartre ; on pourra savoir de ses nouvelles à la porte Dauphine. » M. de Saint-Contest habita, sous le règne suivant, le 128 ou l'un des numéros suivants ; il y entretenait des relations avec Mlle de Montausier, plus de quinze ans avant que cette directrice d'une troupe d'acteurs de province ouvrît à Paris le théâtre qui a porté son nom. Un des comédiens de la troupe était fils de l'associé de la Montansier ; comme elle lui voulait du bien, il portait de plus riches habits que M. de Saint-Contest, qui en faisait les frais. Au reste, la directrice a épousé son pensionnaire qui, contrairement aux habitudes reçues, adopta le surnom de sa femme, née Brunet, pour ne plus s'appeler Bourdon-Neuville que par-devant notaire.

L'appartement occupé au 130 par Strauss, chef d’orchestre des bals de la cour, a été celui de Paësiello, le compositeur italien, sous le Consulat. Le marquis de Breuil a demeuré, mais un quart de siècle plus tôt, au second coin de la rue des Jeuneurs. MM. Rabuteau, de Chalabre et Fanon, Mme Rousseau et M. Guichard ont été également propriétaires entre ladite rue et le boulevard, avant la révolution de 89. Sur l'autre ligne se suivaient au même temps les héritiers Larticle, M. et Mlle Cointry, Richard, Maréchal, Gabold, Nogent, la succession Forget, Salgsalt, Jacquet, Gluchard, l'Hôtel-Dieu, Mouchard, Caponelle, Enguelard, Derbois, Boutron, Jourdain, Dumas, Mme Dunais, Brayant, Baudon d'Anaucourt, le petit Roland et Duval, depuis la rue du Mail jusqu'à la rue Notre-Dame-des-Victoires, et Baudon d'Anaucourt n'y avait pas moins de trois maisons. Dans celle du jeune Roland griffonnait le secrétariat de Roland, président des requêtes. Les messageries royales avaient dès lors pour avenue le cul-de-sac Saint-Pierre.

L'hôtel dont les Montmorency restèrent les parrains plus longtemps que les Duras, n'a entièrement perdu que son jardin, puisqu'on en reconnaît des bâtiments, convertis en propriétés de revenu, près du passage des Panoramas. Lassurance en avait dessiné l'édifice principal en 1704, et la grande porte en faisait face à la rue de Montmorency. La mesure de cette propriété nous est donnée par les galeries du passage. On a élevé le théâtre des Variétés en 1807 sur le jardin de l'hôtel, qui sur le boulevard faisait terrasse. Mais il y avait déjà des locataires du côté des rues sur la fin de l'ancien régime.

Au n° 153 M. Lenoir-Dubreuil laissait voir ses tableaux des écoles flamande et française, dans trois pièces, sur le derrière. Le 158 l'emportait de plus d'une année sur le 160 : Sébastien de Prépeaux, ambassadeur du prince de Spire, avait été propriétaire, sous Louis XV, de celle des deux maisons déjà bâtie et du terrain de l'autre. L'hôtel D'Uzès, au 172, n'a eu Ledoux que pour restaurateur. Il portait dès l'année 1739 ce nom, qui lui venait d'un philanthrope ; mais il avait été d'abord la résidence du marquis de Lhospital, gouverneur de Toul, mort sans postérité en 1702, à qui sa veuve avait érigé un monument aux Petits-Pères. Les porteurs d'eau de la fontaine voisine, dont la Ville vient de supprimer le robinet, ont fait célébrer dans ladite église, le 17 novembre 1766, une messe de convalescence, après une maladie du duc d'Uzès : ils n'auraient, certes, plus la même attention pour M. le préfet de la Seine.

La confiscation a singulièrement facilité l'installation de l'administration des Domaines Nationaux dans cet hôtel, à l'époque où la rue s'appelait légalement Mont-Marat, comme les buttes Montmartre : on y vendait à la criée les autres propriétés qui avaient fait retour à l'Etat. La Douane a occupé le même immeuble, avant les acquéreurs qui ont le bon goût de s'en montrer les conservateurs et qui sont MM. Delessert, grands industriels et banquiers, au nombre desquels toutefois a figuré un préfet de police et figure un littérateur.

Avant le boulevard, deux autres propriétés sont sœurs jumelles ; un bazar se fait jour derrière leur façade : Langlois, intendant des finances, a bâti là, sur un des nombreux lots adjugés par la Ville à Derbais, son beau-père, ce qu'on appelait l'hôtel Genlis avant l'ère républicaine. Le jardin s'en étendait jusqu'à la rue Saint-Fiacre. M. Lhuillier, contemporain du marquis de Breuil, à été le propriétaire de cette maison, qui a compté parmi ses locataires M. de Laborde, ancien fermier général, et le président Delhaye, avant M. de Laborde.



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