Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places, quartiers de Paris : comment ils ont évolué, comment ils sont devenus le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places, quartiers de Paris dont un grand nombre existe encore.
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RUE GRENÉTA
II ème et IIIème arrondissements de Paris
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, par Charles Lefeuve, paru en 1875)

Notice écrite en 1864 : Le boulevard Sébastopol et la rue de Palestro avaient déjà fait leurs trouées dans la vieille rue Grenéta. Elle s'est depuis augmentée de la rue dit Renard Saint-Sauveur et de la rue Beaurepaire. L'arr. du 2 avril 1868, réunissait les rues du Renard Saint-Sauveur et Beaurepaire à la rue Grenéta. La rue du Renard Saint-Sauveur, entre les rues Saint-denis et Dussoubs, existait en 1313 sous le nom de rue Percée puis de rue Perciée. En 1383, elle était appelée rue du Renard. La rue Beaurepaire, entre les rues Dussoubs et Montorgueil, existait en 1255. Elle fut nommée Bellus Locus en 1255, Bellus Reditus en 1258 et Beaurepaire en 1313. La rue Greneta, entre les rues Saint-martin et Saint-Denis, a eu pour formes anciennes : rue d'Arnetal ou Darnetal, Dernetat, Drenetat, Darnestat. On l'appela aussi rue de la Trinité. Origine du nom : Vraisemblablement de l'hôpital de la Trinité qui y fut construit, sous Philippe-Auguste, au moment où la rue fut ouverte, et qui était dit lui-même Trenetei, Trenetat, Dernetei, Derneta. A d'ailleurs porté le nom de rue de la Trinité.

L'auberge du Chariot-d'Or, démolie de nos jours dans la rue Grenéta et dans la rue du Grand-Hurleur, s'est tout de suite relevée à la même place. Pourtant les époux Langelée, qui tenaient l'auberge au XVIIe siècle, y rentreraient assez difficilement sans se tromper de porte et de rue, peut-être même de quartier. La cour de leur maison servait de passage public, de la rue Grenéta, qu'on appelait aussi Darnetal, à celle du Grand-Hurleur (cette rue du Grand-Hurleur a été enlevée par celle de Turbigo, où il en reste pourtant quelques maisons). C'est au Chariot-d'Or qu'on prenait, place dans le carrosse faisant le service d'Anvers et dans celui qui se dirigeait périodiquement sur la route de la Lorraine, avec correspondance pour l'Allemagne. Car on n'en était pas encore aux diligences.
Deux almanachs, que nous avons sous la main, renvoient aussi à la rue Darnetal, ou Grenéta, pour les avis et renseignements que voici :

1691 : – Carosses pour Lille et route, à l'enseigne du Mouton-couronné. – Id. pour Compiègne et Péronne, à la Crois-de-Lorraine. – Le messager de Bray s'arrête au Mouton. – Celui de Condé à la Couronne-d'Or. – Le sieur Bessière, chirurgien, fameux pour les plaies et grandes opérations, près la Trinité. – Les sieurs Gaudet, Le Clerc et Du Val font commerce de ces sortes de rubans étroits qui sont appelés les nompareilles. – Il y a un magasin de jarretières de soie, au Signe-de-la-Croiz.

1787 : - Muller, fumiste, à la Cheminée-impériale. Cottin, fumiste du prince de Condé, au Petit-suisse.

La fontaine dite de la Reine, à l'encoignure de la rue Saint-Denis, datait de 1733, comme construction, mais remontait pour le moins au XIIIe siècle, comme fontaine voisine d'une Croix-la-Reine : l'eau y venait d'abord des prés Saint-Gervais, puis de la Seine, par la pompe Notre-Dame. A l'autre bout de la rue Grenéta, il se tenait du côté gauche un petit marché et du côté droit l'une des barrières dites des Sergents.

Les Quatre-Vents, au coin de cette rue Bourg-l'Abbé, appartenaient à Mlle de Lisle et postérieurement à Jubert. La troisième maison après le Charriot-d'Or était la Corne-de-Cerf, au collège de Beauvais. Sur l'autre ligne, les seize premières propriétés qui venaient après la fontaine dépendaient de l'enclos de la Trinité, dont la porte, quelque peu monumentale, faisait vis-à-vis à la rue Bourg l'Abbé. La cour des Bleus est encore par-derrière quelques-unes de ces maisons ; elle nous rappelle qu'on habillait uniformément de gros bleu les enfants de neuf ans et plus qui depuis François ler, se succédaient, pour apprendre un état, à l'ancien hôpital de la Trinité. Le travail manuel était, dans tout l'enclos, affranchi des entraves de la maîtrise.

Les Maîtres Gouverneurs et Confrères de la Passion et Résurrection de Notre-Seigneur avaient transformé en théâtre la grande salle de l'hôpital, et ne l'avaient quittée que depuis peu d'années, pour passera l'hôtel de Flandre, rue Coquillière, quand fleur premier local fut affecté au logement desdits enfants bleus. On y avait représenté pendant un siècle des Mystères, auxquels il avait fallu joindre Moralités, Farces et Sotties, pour faire naître le goût du théâtre dans une ville où, depuis, c'est un besoin. Les religieux prémontrés disaient alors la messe dans la chapelle de la Trinité.

L'hôpital de ce nom avait été fondé, en 1212, soit par Wilhem Escuacol et Jean de Palée, frères de mère, tous deux chevaliers et seigneurs des Galendes, soit par Anceau et Robert de Garlande, alliés aux Montmorency, en faveur des pauvres pèlerins qui, pour coucher en ville, se présentaient trop tard aux portes, fermées au coucher du soleil. Mais les religieux d'Hermières, chargés de desservir cet hôpital, avaient déjà cessé d'y exercer l'hospitalité avant que les confrères de la Passion devinssent leurs locataires.

La rue Darnetal n'a été dite aussi de la Trinité qu'au moment de l'ouverture du caravansérail hospitalier. Le mot Darnetal, usité principalement en Normandie, signifiait : vallon. L'établissement postérieur d'un grenier, ou bien le commerce des graines, telle est l'origine plus que probable de Grenéta, la dernière dénomination. Parmi les habitants de la rue Darnestal, Louis-le-Hutin étant roi, Quille Damet, aide au four, figurait comme taillable. De plus, en l'an 1411, la grange des confrères de la Passion était notoirement située devant la croix Saint-Laurent, laquelle surgissait en la même rue, ou du moins à l'un des deux bouts.


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