Cafes, hotels, restaurants de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des cafés, hôtels et restaurants de Paris : comment ils ont évolué, par qui ils ont été fréquentés. Pour mieux connaître le passé des cafés, hôtels et restaurants dont un grand nombre existe encore.
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BRASSERIE DE L'OPÉRA
(D'après Les cafés artistiques et littéraires de Paris, paru en 1882)

L'Opéra n'est plus rue Le Peletier, les couloirs sombres, les portes noires, les murs humides qui arrêtaient l'œil du promeneur suivant l'une ou l'autre des deux galeries du passage de l'Opéra ont disparu ; le café Divan de l'Opéra est devenu une brasserie.

Cet établissement a eu une brillante clientèle ; c'était d'abord Pier Ange Fiorentino, le célèbre critique du Constitutionnel et du Moniteur, alors officiel. Fiorentino était un Italien écrivant admirablement le français, mais son avarice sordide en fit la bête noire des artistes qu'il exploitait impudemment. Paul de Saint-Victor, le brillant auteur de Hommes et Dieux, des Deux Masques, le critique dramatique du Moniteur universel, qu'une mort brusque a enlevé à l'art. Faure, Roger, les célèbres artistes de l'Opéra, Roger de Beauvoir et beaucoup d'autres.

La brasserie a toujours son public littéraire, Charles Monselet, chroniqueur à l'Evénement, chargé de la revue des théâtres au Monde Illustré, Emile Dehau, Camille Etiévant, Georges Duval, Paul d'Orcières.

Un des compositeurs de l'Evénement joua à M. Georges Duval un tour très drôle – pour la galerie. Le rédacteur du journal de M. Magnier avait mis son nom au bas d'un article découpé ou copié dans Gérard de Nerval ; le Figaro dévoila la supercherie ; un peu plus tard, M. Duval signait du Balzac, cette fois encore il fut pris la main dans le sac et les journaux s'amusèrent à ses dépens. Il s'excusa en rejetant la faute sur sa mémoire. A peine a-t-il jeté un coup d'œil sur la prose des autres qu'immédiatement, s'il a un article a écrire, il met sur le papier des chapitres de l'auteur des Filles de Feu ou de celui de la Comédie humaine, et il doit s'écrier, avec l'accent de Dupuis dans les Sonnettes : – Fâcheuse mémoire !

Pour en revenir à la farce du compositeur, disons qu'au moment même où l'on plaisantait M. Duval, il changea une lettre de son nom au bas d'un article, il remplaça l'a par un o, ce qui faisait Georges Duvol. Etait-ce pour prévenir les lecteurs de l'Evénement que l'article était encore copié que le trop facétieux typographe opéra ce changement ?

C'est possible.

Fâcheuse mémoire !

 


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